Les déboires récents du secteur ont éloigné une partie du monde de la finance traditionnelle. Sans compter "la politique monétaire trop stricte qui commence à faire des dégâts".

( AFP / STEFANI REYNOLDS )
La faillite de la banque américaine SVB a fait trembler lundi 13 mars le marché des crypto, certains actifs plongeant, mais d'autres s'envolant, à l'image du bitcoin, dans la foulée de la faillite de la banque américaine SVB. Une situation qui témoigne de la résilience des cryptomonnaies malgré les mauvaises nouvelles qui s'enchainent pour le secteur depuis des mois.
Les trois dernières séances auraient pu voir les prix fondre, comme cela avait été le cas fin 2022 après la faillite d'une des plus grandes plateformes du secteur, FTX.
Ce weekend, l'USDC, une cryptomonnaie dite stable car censée être indexée sur le dollar, a vu son cours chahuté car son émetteur, Circle, a annoncé avoir laissé 3,3 milliards de dollars dans les caisses de la banque en faillite Silicon Valley Bank (SVB). Et dimanche, Signature Bank, une des banques préférées du secteur, a également mis la clef sous la porte, quelques jours après Silvergate, autre établissement prisé des adeptes de la crypto.
Faillites provoquées par une vague de retraits
Ces faillites, provoquées par une vague de retraits bancaires , posent la question de long terme "des partenariats entre les banques classiques et les entreprises crypto", note Clara Medalie, analyste pour le fournisseur de données sur les actifs numériques Kaiko.
"Silvergate et Signature étaient très importantes pour les entreprises du secteur, et pour l'instant il n'y a pas d'alternative crédible", explique-t-elle à l' AFP . Pourtant, alors qu'un vent glacial souffle sur les Bourses mondiales ou les matières premières, le bitcoin a pris plus de 20% depuis vendredi soir. La cryptomonnaie décentralisée, qui avait été lancée en 2008 par de virulents opposants au renflouage des grandes banques de Wall Street par la Réserve fédérale (Fed) et le Trésor américain, doit une partie de ses gains à l'action de ces deux acteurs, qui a garanti les dépôts des banques en faillite.
"Le bitcoin s'est envolé quand le gouvernement a assuré qu'il allait rembourser les dépôts , mais il y a eu un autre catalyseur : Binance", complète Clara Medalie.
Changpeng Zhao ou "CZ", le patron de Binance, première plateforme d'échanges de cryptomonnaies, a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi sur Twitter qu'il allait utiliser un fonds de secours qu'il avait mis en place après la faillite de FTX. Objectif : investir un milliard de dollars dans des cryptoactifs comme le bitcoin, l'ether ou le BNB, cryptomonnaie émise par son groupe. "L'annonce elle-même a suffi à faire remonter le marché", commente Clara Medalie.
"Montagnes russes"
CZ a pu être poussé à agir par la correction marquée que connaissait le marché des cryptomonnaies depuis jeudi et la faillite de Silvergate. Malgré l'ampleur de la hausse depuis ce weekend, le bitcoin n'atteint pas de records mais renoue simplement avec ses niveaux d'il y a trois semaines.
"Le prix sur les cinq dernières séances fait des montagnes russes" , remarque James Butterfill, responsable de la recherche pour le groupe d'investissements Coinshares, qui souligne que la perspective de taux plus élevés de la Fed avait jusque-là pesé sur le secteur.
L'envolée du prix du bitcoin en 2020 et 2021 était notamment due à l'abondance de liquidités fournies par les banques centrales, qui avaient ouvert grand le robinet monétaire pendant la pandémie de Covid-19 et le resserrent désormais pour lutter contre l'inflation. "Maintenant, il est clair que la politique monétaire trop stricte commence à faire des dégâts , et pas que pour les cryptos, et les attentes de hausses de taux sont limitées", ajoute James Butterfill.
Malgré l'envolée des cours du bitcoin et des autres principales cryptomonnaies, le futur n'est toutefois pas forcément rose pour le secteur, dont les déboires récents ont éloigné une partie du monde de la finance traditionnelle. "Il y a des acheteurs institutionnels", c'est-à-dire venus de fonds professionnels, "mais ils restent une minorité", reconnaît James Butterfill, qui évoque des "discussions productives" avec certains d'entre eux "malgré le problème de réputation causé par FTX".
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