[Coup de chaud] Quand le changement climatique bouscule la finance

information fournie par Novethic •15/08/2019 à 13:45

[Coup de chaud] Quand le changement climatique bouscule la finance

La crise climatique pourrait conduire à l’effondrement du système financier, selon des chercheurs anglais. Si le secteur commence à prendre conscience de l’ampleur du sujet et à mettre en place certaines mesures, celles-ci sont encore loin d’être suffisantes. En 2019, le changement climatique a montré toute sa puissance. Cette semaine Novethic revient sur cinq domaines clés qui sont profondément transformés par les conséquences déjà visibles ou à venir. Aujourd’hui, le secteur financier.

Fin juillet, la Banque européenne d’investissement (BEI) créait la surprise en annonçant vouloir arrêter de financer les énergies fossiles dès 2020. Le plan doit encore être approuvé par les 28 membres de l’Union européenne via le conseil des gouverneurs de la BEI, mais s’il était adopté, il marquerait un véritable tournant dans le financement de la transition énergétique. En 2018 en effet, le bailleur de fonds de l’UE a fourni 2,5 milliards d'euros pour des projets dans le domaine des énergies fossiles, dont l'essentiel a été consacré aux gazoducs.

L'annonce s’inscrit dans une logique de verdissement de la finance entamée depuis quelques mois par la commission européenne et la volonté de faire de la BEI une banque du climat. Mais en sautant un tel pas, cette dernière fixerait de fait un nouveau standard à atteindre pour les banques multilatérales et les banques privées.

Le secteur financier tourmenté par la tragédie des horizons climatiques

Si les banques publiques et privées se livrent aujourd’hui à ce type d’escalade du désengagement, c'est parce que le secteur financier a compris que le changement climatique faisait peser un risque important sur ses actifs à long…et moins long terme . Le tournant date de 2015, marqué par la signature de l’Accord de Paris sur le climat, mais aussi d’un discours du gouverneur de la banque d’Angleterre resté célèbre dans le monde financier.

Mark Carney y évoquait la tragédie des horizons, soit le fait qu’une transition trop rapide vers une économie bas carbone risquait de mettre en péril la stabilité financière, tout comme un passage trop lent ! Or les prochaines années sont considérées comme décisives pour que l'action soit efficace à temps pour ne pas rompre l'équilibre du développement mondial.

Des engagements vitaux pour le secteur financier

Au début de l’année 2019, une étude menée par l’Institute for Public Policy Research (IPPR) enfonçait encore le clou en prévoyant une crise financière similaire à celle de 2008 ayant pour origine la crise climatique et ses interconnexions avec les risques sociaux, environnementaux et économiques, largement sous évaluées selon les chercheurs.

Lors du dernier G20, qui s’est tenu à Osaka en juin, près de 500 investisseurs internationaux représentant 34 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion ont une nouvelle fois - après un premier appel un an plus tôt- demandé aux dirigeants des 20 plus grandes économies mondiales de renforcer leurs engagements pour tenir les 1,5°C de réchauffement climatique, le seuil le plus ambitieux de l'Accord de Paris. Des engagements "vitaux" pour leur "planification à long terme" et leurs "décisions d’allocation d’actifs", assurent-ils.

Béatrice Héraud @beatriceheraud