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Chimie: la réforme EDF du prix de l'électricité passe mal
information fournie par Boursorama avec AFP 07/12/2023 à 13:35

La réforme du prix de l'électricité, annoncée le 14 novembre par EDF en accord avec le gouvernement, a du mal à passer auprès des industriels de la chimie, gros consommateurs d'électrons, qui brandissent un risque de délocalisation et de pertes d'emplois.

( AFP / SAMEER AL-DOUMY )

( AFP / SAMEER AL-DOUMY )

Pour l'instant, le "schéma" annoncé par EDF "ne répond pas aux préoccupations" des usines "électrosensibles" comme celles de la chimie, a estimé mercredi Luc Benoit-Cattin, directeur général industrie du groupe Arkema, également vice-président de l'organisation France Chimie.

A elle seule, la chimie a besoin de 20% de l'électricité consommée par toute l'industrie en France.

Selon M. Benoit-Cattin, les propositions d'EDF pour remplacer l'actuel système de régulation des prix, dit Arenh — qui permet aux industriels de bénéficier d'un tarif très bon marché à 42 euros du mégawattheure (MWh) — ne répondent pas à leurs besoins "ni en protection contre la volatilité, ni en niveau de prix, ni en équité".

"Les entreprises seront plus exposées au prix du marché, car la nouvelle régulation, contrairement à l'Arenh, ne repose pas sur un prix fixe. Ce n'est qu'un amortisseur de prix du marché. Contrairement à ce qu'on a pu entendre ici ou là, il n'y a pas de plafond à 110 euros du MWh", a déclaré M. Benoit-Cattin devant un parterre d'industriels et de parlementaires à Paris.

"En cas de crise similaire à celle de 2022", les industriels "seraient de nouveau confrontés à un tarif supérieur à 250 euros le MWh", a-t-il affirmé.

Il a aussi fustigé le "prix moyen de l'électron" à 70 euros du MWh mis en avant par EDF lors de son annonce. "Nous doutons que ce type de prix soit possible dans un marché qui sera en tension dans les dix ans qui viennent", a dit le responsable. Des modélisations de France Chimie tablent plutôt sur un prix moyen de l'électricité à l'entrée des usines "entre 90 et 110 euros du MWh" en 2026.

"Il est important qu'on veille à ce que la chimie gagne de l'argent. Sans argent, pas d'investissement", a pour sa part averti le président de France Chimie, Frédéric Gauchet.

- "Tapis rouge à la concurrence" -

Globalement, les industriels vont se retrouver à payer leur électricité "deux fois plus cher qu'avant la crise du Covid", a-t-il lancé, craignant "une désindustrialisation à petit feu", face aux concurrents américains et asiatiques.

Ce risque est par ailleurs corroboré par l'Insee dans son étude annuelle publiée mercredi: après l'envolée de la facture énergétique liée à la guerre en Ukraine, la production a fortement baissé (-17%) dans la fabrication de produits chimiques de base au second semestre 2022 par rapport au second semestre 2021.

Aujourd'hui, "pour un producteur de chlore, ses coûts de production ont augmenté de 30% par rapport à l'avant-crise, pour un producteur d'ammoniac de 62%", a précisé M. Benoit-Cattin. "Le résultat est sans appel: le taux d'utilisation des capacités de la chimie européenne est tombé à 70%, un niveau exceptionnellement bas, proche du plus bas atteint pendant la crise du Covid", a-t-il signalé.

Le responsable a par ailleurs dénoncé le manque "d'équité" dans le système de contrats de réservation de capacité imaginé par EDF, qui revient à faire pré-financer par ses clients la construction de nouvelles centrales.

Dans ce cadre, EDF demande à ses clients énergivores de signer des contrats de long terme portant sur 30 à 50% de leurs besoins. Ceci implique de "bloquer des montants de trésorerie substantiels" estimés globalement à 1 milliard d'euros pour 30% de la consommation de l'ensemble de la chimie.

"Très peu d'entreprises seront capables de le faire", a jugé M. Benoit-Cattin.

Le secteur de la chimie demande donc un "abaissement du niveau de déclenchement de l'amortisseur sur les prix", un maintien "des dispositifs d'abattement fiscaux ou autres dont bénéficient les industriels électro-intensifs", un "accès équitable" aux contrats de réservation de capacité, et suggère de s'intéresser à "l'hydroélectricité" si les prix du nucléaire ne baissent pas.

"Nous devons revoir le cadre de fixation des prix de l'électricité et mieux protéger les consommateurs, notamment les entreprises", a reconnu, mercredi dans un entretien au Figaro, la Première ministre Élisabeth Borne, avant une loi énergie attendue début 2024.

La chimie est la première industrie consommatrice d'énergie et emploie 225.000 salariés en France, dont 20.000 dans la chimie dite électro-intensive. Le secteur s'est donné six mois pour poursuivre les négociations avec EDF.

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