L'hypermarché Carrefour du centre commercial Bercy 2, près de Paris, se trouve dans une situation financière "préoccupante", au point de menacer sa "viabilité à long terme", selon une expertise indépendante consultée par l'AFP.

( AFP / PASCAL PAVANI )
Dans le même temps, ce magasin, exploité en location-gérance depuis mai 2022, doit verser des commissions significatives à son gérant ainsi qu'au géant de la distribution, selon la même source.
"La situation financière de PACYL2", nom juridique de la société dans laquelle ce magasin de Charenton-le-Pont, au sud-est de Paris, est logé depuis le printemps 2022, "est préoccupante en raison de plusieurs signes inquiétants", notamment une "rentabilité opérationnelle insuffisante", selon un rapport d'expertise daté de fin septembre et consulté par l'AFP.
C'est le comité social et économique (CSE) du magasin qui a commandé à la société d'expertise-comptable Acecom une étude sur la situation de PACYL2, à l'issue du dernier exercice complet, clôturé au 31 janvier 2024.
Il en ressort que sans une "aide exceptionnelle de Carrefour, s'élevant à 2,7 millions d'euros en 2024, contre 2,1 millions d'euros l'année précédente", la "continuité de l'activité serait clairement en danger". De quoi soulever "des questions sur la viabilité de l'entreprise à long terme".
Ces aides sont "décidées au cas par cas suivant la situation économique du site" et doivent "aider l'exploitant à effectuer les adaptations nécessaires à l'exercice de son activité", a indiqué le distributeur à l'AFP.
Carrefour a multiplié ces dernières années le passage de magasins en franchise et location-gérance, ce que les syndicats assimilent à une "casse sociale à bas bruit".
La CFDT a même assigné Carrefour en justice pour un recours qu'elle juge abusif à cette pratique, avec selon elle l'externalisation de plus de 300 magasins et 23.000 salariés depuis 2017.
Selon le distributeur, cette politique permet d'éviter les fermetures des magasins les moins rentables, relance l'activité et préserve l'emploi.
A Bercy 2, la CGT locale assure toutefois à l'AFP que l'emploi a fondu de près d'un quart depuis le passage en location-gérance. Pour "montrer son mécontentement face à une direction qui en demande toujours plus" et protester contre l'absence de revalorisation salariale, elle appelle à la grève du 24 au 31 décembre.
PACYL2, qui a réalisé selon Acecom quelque 50 millions d'euros de chiffre d'affaires sur l'exercice 2023-2024, verse dans le même temps des sommes significatives à son gérant, la société YABE, et à Carrefour.
YABE a perçu 389.000 euros d'"honoraires" pour l'année achevée au 31 janvier 2024, contre 533.000 euros lors des neuf premiers mois ayant suivi la bascule en location-gérance.
YABE revendiquait en janvier 2023 le contrôle de 16 sociétés, pour 350 millions d'euros de chiffre d'affaires. Elle contrôle notamment plusieurs magasins Carrefour franciliens (Noisy-le-Grand, Montreuil et plus récemment Thiais, près de Rungis).
Le magasin de Bercy 2 a aussi versé "plus de 2,3 millions d'euros" à Carrefour sur l'exercice 2023-2024, contre 1,4 million sur neuf mois un an plus tôt. Sur ce total, la redevance de location-gérance lui coûte 822.000 euros.
Une somme "inférieure aux coûts de l'immobilier supportés par Carrefour", répond le distributeur à l'AFP, rappelant que ces redevances sont "fixées pour s'adapter au mieux à la réalité économique de chaque site".
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