(AOF) - Carrefour dévisse de 9,41% à 12,415 euros à rebours d'un marché orienté à la hausse. Le géant de la distribution est sanctionné en Bourse dans le sillage de résultats annuels mitigés et de perspectives décevantes. Le groupe présidé par Alexandre Bompard a dégagé un bénéfice net de 1,08 milliard d'euros en 2024, en retrait de 11% alors que les analystes ciblaient 1,15 milliard d'euros. Le résultat opérationnel courant s'est contracté de 2,2% à 2,21 milliards d'euros contre un consensus de 2,28 milliards d'euros.
S'agissant du chiffre d'affaires, celui-ci s'inscrit en hausse de 0,4% sur la période, à 94,55 milliards d'euros. La croissance de l'activité a décéléré au quatrième trimestre, à 7,1%, en raison notamment d'une baisse des ventes de 2,1% en France, en données comparables.
"L'activité en Europe hors France a été fortement touchée, ce qui a nui à la performance de l'exercice 2024 et aux prévisions pour l'exercice 2025", note Stifel, toujours à l'Achat sur le dossier, mais qui a réduit sa cible de 18 à 16,5 euros.
"L'environnement de marché est resté difficile en Europe au cours du second semestre, marqué par une compétitivité prix intense et des investissements prix importants réalisés par Carrefour, ce qui a considérablement pénalisé la rentabilité de la région", a commenté le distributeur français.
Lancement d'une revue de son portefeuille d'actifs et prudence pour 2025
Carrefour a maintenu ses objectifs annoncés dans le cadre de son plan "Carrefour 2026" et anticipe pour 2025 un Ebitda, un résultat opérationnel courant (ROC) et un free cash flow libre net en légère progression.
Le groupe a également lancé "une revue de son portefeuille d'actifs' dans le cadre duquel il a déjà lancé une offre de rachat des actionnaires minoritaires de sa filiale au Brésil. Carrefour détient 67,4% de Carrefour Brésil et entend monter à 100% dans le cadre d'une OPA.
"Nous ne serions pas surpris que l'examen de l'ensemble du portefeuille d'activités aboutisse à une sortie de certains pays européens peu performants (par exemple l'Italie et la Pologne). Cela pourrait déclencher une réaction/sentiment positif de la part des investisseurs" explique AlphValue.
Carrefour avait racheté en 2024 ses concurrents Cora et Match en France, et acquis une trentaine de points de vente du distributeur en difficulté Casino. L'acquisition de Cora et Match a d'ailleurs accru sa dette nette, passée en un an de 2,6 à 3,8 milliards d'euros, en lien "essentiellement" avec cette opération, selon la communication du groupe.
""Forts de nos résultats, nous sommes en mesure d'accroître à nouveau notre dividende ordinaire de 6% à 0,92 euros par action assorti d'un dividende exceptionnel de 150" millions d'euros, a indiqué le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points-clés
- Premier distributeur alimentaire européen et deuxième mondial, créé en 1959 ;
- Activité de 94,1 Mds€ concentrée sur trois grands marchés, France pour 46 % des ventes, le reste de l'Europe -Belgique, Espagne, Italie, Pologne, Roumanie- pour 28 % et l’Amérique latine -Brésil et Argentine-pour 26 % ;
- Ambition de devenir n° 1 mondial de la transition alimentaire par rééquilibrage de l’activité sur le Brésil, la France et l’Espagne, focus sur les produits frais et bio à des prix accessibles, marque propre à 40 % des revenus et accélération des formats de magasins ;
- Capital marqué par la présence forte de 3 actionnaires : la famille Moulin, également propriétaire des Galeries Lafayette (14,38 % des actions et 18,33 % des droits de vote), Peninsula Europe (8,83 % et 14,4 %) et salariés (1,26 et 1,82 %), Alexandre Bompart étant président-directeur général du conseil de 15 administrateurs ;
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires :
- priorité donnée aux produits à marque Carrefour (36 % des ventes à fin septembre)et à la gamme de premier prix, la baisse des coûts (1,2 Md€ en 2024) finançant les investissements en compétitivité,
- exploitation des actifs non commerciaux : société commune Unlimitail avec Publicis pour devenir n° 1 en Europe du retail media, valorisation des actifs immobiliers via des projets mixtes en France et la 1 ère foncière d’Amérique du sud au Brésil,
- en France : économies en fonds propres via la location-gérance des hyper et supermarchés et consolidation de la place de n° 1 via l’intégration de 23 magasins ex-Casino et celle de Match & Cora (conversion sous enseigne Carrefour à la fin novembre) qui génèrera 130 M€ de synergies d’ici 2027,
- au Brésil : intégration de Grupo BIG, désormais sous enseigne Carrefour, avec un objectif de 2 MdsBrl de synergies en 2025,
- en Espagne : achat de 47 magasins SuperCor,(sous enseigne Carrefour) et Supeco,
- innovation « data-centric, digital first » : 2,8 Mds€ d’investissements dans les systèmes d’information, partenariats stratégiques pour la plateforme Carrefour Links , a vec objectif 2026 de 40 % de clients multicanaux et 10 Mds€ de revenus dans l’e-commerce ;
- Stratégie environnementale « Act for food » 2025 visant la neutralité carbone en 2050 :
- étape 2025 : repli de 35 % des émissions indirectes et de 40 % de celles directes,
- obligation aux 100 1 ers fournisseurs d’adopter une trajectoire 1,5 C d’ici 2026,
- 8 Mds€ de ventes dans les produits alimentaires durables dont 500 M€ d’origine végétale et 50 000 partenaires d’agriculture durable vs 30 000,
- émissions d’emprunts « verts » et actionnariat salarié de financement des projets RSE ;
- Situation financière solide à fin juin avec une dette nette de 5,4 Mds€ face $ de fonds propres.
Défis
- Gains continus de parts de marché depuis 2017 dans les 3 pays clés (Brésil, France et Espagne, soit les 8/10èmes du résultat opérationnel courant) ;
- Contre-performance de la France par rapport à l’Amérique latine ;
- Après une croissance de 8,8 % (1,5 % après impact négatif du real brésilien et du peso argentin) des ventes à fin septembre , objectif 2024 d’une amélioration de la marge opérationnelle et de l’autofinancement libre, via 1 Md€ d’économies de coûts ;
- Plan stratégique « Carrefour 2026 » visant un autofinancement libre de + 1,7 Md€ via 4 Mds€ d’économies de coûts sur 3 ans et 2 Mds€ d’investissements annuels, vs 2 Mds€ ;
- Dividende 2023 de 0,87 € et programme de rachat d’actions de 700 M€.
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