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Carlos Ghosn clame son innocence devant la justice japonaise
information fournie par Reuters 08/01/2019 à 20:30

    * Ghosn dit être accusé à tort et détenu injustement
    * L'ex-président de Nissan se défend sur les pertes sur
investissements 
    * Menotté, il est apparu aminci au tribunal

 (Actualisé avec déclarations de Bruno Le Maire)
    par Kiyoshi Takenaka et Tim Kelly
    TOKYO, 8 janvier (Reuters) - Carlos Ghosn a déclaré mardi
avoir été injustement placé en détention et a clamé son
innocence lors sa première apparition publique depuis son
arrestation le 19 novembre, à l'occasion d'une audience devant
le tribunal du district de Tokyo.
    A 64 ans, l'ancien président de Nissan  7201.T , qui est
toujours PDG de Renault  RENA.PA  et de l'alliance
Renault-Nissan, est apparu aminci, vêtu d'un costume bleu
marine, d'une chemise blanche et sans cravate. Il a fait son
entrée dans la salle d'audience menotté, attaché à une corde par
la taille et escorté par deux gardes.
    "J'ai été injustement accusé et placé en détention sur la
base d'accusations sans fondement", a-t-il dit en lisant une
déclaration préparée à l'avance.
     "J'ai toujours agi de manière honorable et légale. J'ai
toujours agi avec intégrité", a-t-il déclaré d'une voix ferme,
ajoutant avoir toujours pris ses décisions avec l'aval des
cadres de Nissan. 
    Après s'être exprimé, il est retourné prendre place sur le
banc des accusés, impassible, le regard le plus souvent fixé
droit devant lui ou vers le sol.
    L'affaire Carlos Ghosn suscite un fort intérêt au Japon, où
il est crédité d'avoir sauvé Nissan de la faillite il y a près
de 20 ans. De nombreuses équipes de télévision étaient présentes
à l'entrée du tribunal et 1.122 personnes espéraient pouvoir
accéder à la salle d'audience mais seulement 14 places avaient
été attribuées par tirage au sort. L'information est restée à la
une de la chaîne publique NHK tout au long de la journée.   
    L'audience, qui a duré près de deux heures, avait été
réclamée par les avocats de Carlos Ghosn pour que celui-ci
connaisse les motifs de sa détention et non pour juger le fond
de l'affaire.
    Le président du tribunal, Yuichi Tada, a lu les accusations
retenues contre Carlos Ghosn. Il a déclaré que son maintien en
détention avait été décidé car ce dernier présentait un risque
de fuite à l'étranger. Yuichi Tada a aussi dit craindre que
Carlos Ghosn tente de dissimuler des preuves.
    L'ancien procureur Nobuo Gohara a estimé que cette
comparution était une victoire pour Carlos Ghosn en termes
d'image, car elle lui offrait l'occasion de se défendre après
des semaines d'informations négatives à son encontre.
    "Dans cette affaire très médiatisée, le parquet et Nissan se
sont énormément exprimés et le public avait tendance à ne
regarder qu'un seul point de vue", a-t-il déclaré. "Mais
aujourd'hui, tout était pour Ghosn. C'est très important."
    Après des semaines de silence, les avocats de Carlos Ghosn
ont insisté, lors une conférence de presse donnée à la suite de
cette audience, sur le fait que les tribunaux n'avaient aucune
raison de le garder en détention pendant l'enquête.
    Le 31 décembre, le tribunal du district de Tokyo avait
décidé de prolonger de dix jours, jusqu'au 11 janvier, la
détention de Carlos Ghosn, également accusé d'abus de confiance
aggravé.  
    Selon Motonari Otsuru, qui dirige la défense de Carlos Ghosn
au Japon, il est probable que son client soit maintenu en
détention jusqu'au début du procès, au regard des pratiques du
système judiciaire japonais caractérisé par de longues périodes
d'incarcération.
    Le tribunal de district de Tokyo a annoncé mardi que les
avocats de Carlos Ghosn avaient réclamé sa remise en liberté.
L'un d'eux, Masato Oshikubo, a dit à Reuters que le tribunal
pourrait rendre sa décision mercredi.
    
    PERTES SUR INVESTISSEMENTS ET PAIEMENTS SAOUDIENS
    Carlos Ghosn a été inculpé le 10 décembre par le parquet de
Tokyo pour ne pas avoir déclaré l'intégralité de sa rémunération
versée par Nissan de 2010 à 2015.  
    Il a également été arrêté, mais pas encore inculpé, pour
abus de confiance aggravé, le parquet l'accusant d'avoir fait
passer dans les comptes du constructeur japonais des pertes de
1,85 milliard de yens (14,5 millions d'euros) sur des
investissements personnels.          
    "Contrairement aux accusations formulées par les procureurs,
je n'ai jamais reçu de rémunération de la part de Nissan qui
n'ait pas été divulguée, de même que je n'ai pas établi avec
Nissan de contrat visant à recevoir une rémunération fixe non
divulguée", a déclaré Carlos Ghosn au tribunal.
    L'ex-patron de Nissan dit avoir demandé au groupe d'assumer
temporairement des contrats de changes personnels après la crise
financière de 2008-2009, sa banque lui réclamant davantage de
garanties. Il dit avoir pris cette décision pour ne pas être
contraint de démissionner et d'utiliser sa pension de retraite
en guise de garantie.
    "Mon engagement moral envers Nissan ne me permettait pas de
démissionner pendant cette période cruciale", a déclaré Carlos
Ghosn. "Un capitaine n'abandonne pas le navire au milieu de la
tempête." 
    Masato Oshikubo a dit que Nissan avait accepté l'accord, à
condition que les éventuelles pertes ou gains soient supportés
par Carlos Ghosn.
    Ce dernier dit avoir repris les contrats à son compte et que
Nissan n'a subi aucune perte financière.
    Carlos Ghosn est également accusé d'avoir versé 14,7
millions de dollars à l'homme d'affaires saoudien Khaled Al
Juffali avec des fonds de Nissan pour l'aider à se sortir de
difficultés financières.  
    Le patron de Renault-Nissan a déclaré que la société de
Khaled Al Juffali avait été payée pour "des services essentiels
dont Nissan a largement bénéficié", notamment pour solliciter un
financement et résoudre un différend commercial.
    Dans un communiqué, la société Khaled Juffali dit avoir reçu
des versements à des fins commerciales légitimes.
    Nissan, de son côté, a réaffirmé que son enquête interne,
déclenchée par un lanceur d'alerte, avait fourni "des preuves
substantielles et convaincantes de manquement" et qu'elle était
toujours en cours.
    
    ALLIANCE ÉBRANLÉE
    L'affaire Carlos Ghosn a ébranlé l'alliance de Nissan avec
Renault, ce dernier ayant insisté pour un rapprochement plus
approfondi, y compris éventuellement via une fusion totale à la
demande du gouvernement français, malgré les fortes réserves
exprimées par le constructeur japonais. 
    Le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le
Maire, a réaffirmé mardi la volonté du gouvernement français de
protéger l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi - premier groupe
automobile mondial en termes de ventes - considérée comme
essentielle pour permettre à ses membres de rester compétitifs
face aux défis du secteur, notamment dans les véhicules
autonomes. 
    "En France, il y une présomption d'innocence qui fait que
rien ne justifie aujourd'hui que nous prenions des décisions sur
la direction de Renault", a déclaré Bruno Le Maire mardi soir
sur France 5. 
    Le groupe au losange est dirigé depuis fin novembre par un
tandem composé du président du conseil d'administration Philippe
Lagayette et du directeur général délégué Thierry Bolloré. 
    "Si la situation devait se prolonger (durant) un délai qui
serait déraisonnable, (...) évidemment que nous devrions prendre
une décision, mais nous n'en sommes pas là", a dit Bruno Le
Maire en précisant ne pas avoir "de délai précis en tête".     
    Cette affaire a également braqué les projecteurs sur le
système pénal japonais, notamment la pratique de longues
périodes d'incarcération pendant l'instruction et l'interdiction
faite aux avocats de la défense d'assister aux interrogatoires,
qui peuvent durer huit heures par jour.    
    Carlos Ghosn a été incarcéré au centre de détention de
Tokyo, une maison d'arrêt composée de petites cellules équipées
de toilettes dans un coin mais sans système de chauffage. 
    Selon le Journal du Dimanche, citant le fils de Carlos
Ghosn, Anthony, l'ancien patron de Nissan a perdu 10 kilos
pendant sa détention.
    Motonari Otsuru a déclaré que son client avait été transféré
dans une chambre plus grande avec un lit de style occidental,
sans préciser la date de ce transfert.
    Greg Kelly, ancien administrateur de Nissan accusé de
complicité avec Carlos Ghosn, a été libéré sous caution le 25
décembre après plus d'un mois passé en détention pour fraude
financière. Le tribunal a décidé de ne pas prolonger sa
détention en attendant son procès. Il dément également les
accusations portées contre lui.  
   
    Voir aussi: 
    * BREAKINGVIEWS-Ghosn puts up his freedom as bond for his
legacy  

 (avec Elaine Lies, Mari Saito, Maki Shiraki et Naomi Tajitsu à
Tokyo, Myriam Rivet à Paris; Claude Chendjou et Jean Terzian
pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten et
Bertrand Boucey)
 

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