* Des risques pour la sécurité alimentaire, notamment * Des conflits à craindre * A moins que l'humanité ne se réveille rapidement par Pascale Antonie PARIS, 6 mai (Reuters) - Les décideurs politiques, l'opinion publique et les entreprises doivent agir sans délai pour sauver la biodiversité, aujourd'hui menacée par l'activité humaine, selon le président du groupe d'experts à l'origine d'un rapport sans précédent sur le sujet. "C'est maintenant qu'il faut agir, clairement", juge Robert Watson, président de l'IPBES (plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), dans une interview à Reuters. Si rien n'est fait, jusqu'à un million d'espèces animales et végétales pourraient être rayées de la surface du globe, dont beaucoup au cours des prochaines décennies, selon les experts, qui ont dévoilé lundi leurs conclusions. Et les hommes, responsables de ce phénomène, en paieront le prix, eux aussi. "Le rapport explique que la biodiversité est importante pour le bien-être de l'humanité - pour produire de la nourriture, avoir une eau propre, fabriquer des médicaments, réguler le climat et la pollution", résume Robert Watson. Au-delà des enjeux liés à la sécurité alimentaire et à l'environnement, "la disparition de ressources naturelles dans certaines régions du monde peut conduire à des conflits, particulièrement dans des régions pauvres où les gens sont le plus dépendants de ces ressources", ajoute-t-il. Pour le chimiste britannique, élu en 2016 à la tête de l'IPBES, il n'est pas trop tard pour endiguer le phénomène, à condition de prendre les bonnes mesures et de revoir entièrement le rapport de l'homme à son écosystème. "Nous devons reconnaître la nature comme un capital de première importance", et ne pas mesurer le développement d'un pays à l'aune du seul PIB, dit-il. "NOUS AVONS PERDU 25 ANS" "Si l'opinion publique veut d'un monde durable pour notre génération et les prochaines, elle doit se tourner vers les décideurs et leur demander de prendre des décisions qui permettront de parvenir à un avenir durable", poursuit-il. L'opinion publique doit aussi demander des comptes au secteur privé, prié de fabriquer des produits sans effets néfastes sur la biodiversité. "Le problème avec notre système économique actuel est que nous avons des subventions particulièrement perverses dans les secteurs de l'agriculture, des transports et de l'énergie", juge encore Robert Watson. "Il faut des incitations promouvant les technologies et les pratiques propres." Quitte à surmonter d'inévitables inerties. "Il y a beaucoup de groupes à travers le monde qui tiennent au statu quo, ils profitent de ces aides perverses, que ce soit dans l'agriculture, dans l'énergie ou les transports. Ils ne veulent pas perdre ces aides fondamentalement et ils lutteront contre tout changement en la matière", ajoute-t-il. Si l'humanité en est arrivée à un tel niveau d'urgence, c'est parce qu'elle a trop attendu, sans raison valable. "Nous avons perdu 25 ans et même près de trente ans, souligne Robert Watson, puisqu'en 1992, lors du Sommet de la Terre au Brésil, nous avons reconnu que le changement climatique était un problème, que le déclin de la biodiversité était un problème et que la dégradation des terres était un problème." Près de trois décennies plus tard, "la situation est pire". Car, "après avoir reconnu le problème, nous n'avons littéralement pas fait grand-chose". (Avec Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)
"C'est maintenant qu'il faut agir" pour la biodiversité
information fournie par Reuters 06/05/2019 à 11:11
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