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Bourse : cinq questions liées au contexte géopolitique
information fournie par TRIBUNE LIBRE 15/07/2022 à 11:45

Chris Iggo, CIO d'AXA IM Core et Directeur de l'Investment Institute d'AXA IM. (crédit : DR)

Chris Iggo, CIO d'AXA IM Core et Directeur de l'Investment Institute d'AXA IM. (crédit : DR)

Par Chris Iggo, CIO d'AXA IM Core et Directeur de l'Investment Institute d'AXA IM


La guerre en Ukraine a mis en lumière les problématiques liées à la sécurité énergétique et alimentaire ainsi que les perturbations que peut engendrer un contexte géopolitique instable sur le commerce mondial, donnant lieu à une profonde incertitude quant à l'inflation et à la croissance économique à court et moyen terme.

Les tensions géopolitiques, mais également environnementales, poussent donc les entreprises à raccourcir leurs chaînes d'approvisionnement et à réduire leur empreinte carbone, tandis que les gouvernements doivent désormais intégrer la durabilité dans leurs budgets et investissements.

Face à ce constat, les investisseurs doivent adapter leurs attentes, souvent fondées sur un monde antérieur à 2018 caractérisé par une faible inflation, des taux d'intérêt bas et des primes de risque réduites sur les marchés financiers. Pour y parvenir, plusieurs questions se posent.

Economie mondiale : un scénario revu à la baisse ?

En Europe de l'Est, la paix et la sécurité sont remises en cause par la guerre en Ukraine, tandis que les progrès nécessaires en matière de réduction des émissions de CO2 sont décalés du fait de la nécessité politique et économique de remplacer rapidement les sources d'énergie russes. Conséquence directe, nous devrions constater au cours des prochains mois une utilisation accrue des combustibles fossiles et, de fait, une réduction de la probabilité de limiter l'augmentation de la température atmosphérique mondiale à moins de 1,50 °C d'ici 2050. Un risque de marche-arrière politique sur l'agenda vers l'objectif net-zero est à craindre, une partie importante de l'opinion se concentrant sur la crise du coût de la vie.

La hausse des prix de l'énergie réduit les revenus réels des ménages, en particulier pour les plus modestes, tandis que la hausse des taux d'intérêt mondiaux aura un impact sur la croissance économique ainsi que sur l'emploi.,
À court terme, l'accent est mis sur l'impact de la hausse des prix de l'énergie et sur l'augmentation permanente des prévisions d'inflation. Il s'agit d'un danger clair compte tenu de la trajectoire de l'inflation depuis 2020 et du fait que les pressions inflationnistes ne se sont pas limitées à l'énergie.

Une inflation persistante malgré la hausse des taux d'intérêt ?

L'inflation de base est plus élevée et la croissance des salaires a réagi à la fois à la hausse des coûts et à l'étroitesse des marchés du travail. Pour les investisseurs obligataires, il s'agit du plus grand défi depuis de nombreuses années. Une inflation plus élevée signifie en effet des rendements réels négatifs pour les obligations, tant en termes de revenus (les rendements étant inférieurs à l'inflation) qu'en termes d'ajustement du capital, les taux d'intérêt augmentant.

Un consensus semble se dessiner quant à l'atténuation des pressions inflationnistes au cours de l'année prochaine, l'essentiel du resserrement monétaire devant en effet avoir lieu dans les douze à dix-huit prochains mois, avant de voir baisser progressivement l'inflation et les taux d'intérêt.

Toutefois, d'autres scénarios restent possibles, l'un « d'entre-eux » avec  une inflation actuellement mal évaluée et qui reste finalement plus élevée que prévu au cours des prochains mois.

Si le monde doit s'adapter aux nouvelles chaînes d'approvisionnement, à la délocalisation et à l'augmentation des coûts de transport, l'inflation pourrait encore augmenter. Cela entraînerait une hausse des taux d'équilibre, pouvant pousser les rendements obligataires au-delà de ce qui est actuellement prévu sur les marchés. L'incertitude quant à l'inflation devrait entraîner une hausse des primes sur les taux d'intérêt. Compte tenu des niveaux d'endettement actuels des ménages, des entreprises et des gouvernements, la hausse des coûts de financement pourrait entraîner des problèmes de crédit et une dispersion accrue des actifs basés sur le crédit.

Les actions davantage menacées ?

Les prévisions de croissance économique ayant été revues à la baisse, une hausse des primes de risque des marchés d'actions pourrait être bientôt constatée. Ceux-ci ont largement dérapé au cours des mois précédents (comme c'est généralement le cas au début d'un cycle de resserrement monétaire), mais le consensus s'attend à ce que leurs bénéfices continuent de croître à moyen terme, mais à un rythme plus lent.

A l'heure actuelle, le principal risque pouvant menacer la performance des actions serait un choc sur les bénéfices des entreprises ou une réduction plus sévère des prévisions de croissance économique. Une récession aux États-Unis au cours des deux prochaines années, pouvant notamment être causée par la réponse de la Réserve Fédérale face à une inflation trop élevée, constitue un risque majeur. Une inflation trop élevée exige une politique ciblant la demande. La hausse des prix de l'énergie crée pour l'inflation des risques d'effets de second tour. La hausse des taux pour tenter de briser le cycle de l'inflation crée des risques pour la croissance. Les perspectives pour les marchés obligations et actions connaîtront donc une décorrélation.

A plus long terme, les thématiques de la sécurité et de la durabilité devraient persister au-delà du cycle actuel de resserrement monétaire. Les arguments en faveur d'une plus grande sécurité énergétique sont évidents, ce qui signifie que nous devons accélérer la transition vers des énergies alternatives pour des raisons à la fois politiques, économiques et environnementales. La réduction des coûts liés aux énergies alternatives par rapport au coût élevé des hydrocarbures montre clairement la logique économique derrière cette démarche. Demeure cependant une problématique : atteindre une capacité de production suffisante nécessite des investissements massifs.

Une transition énergétique plus douloureuse ?

Les promesses de la transition énergétique sont séduisantes : une production d'énergie décentralisée, une dépendance aux hydrocarbures massivement réduite, une énergie moins chère et non soumise au contexte géopolitique. Des régions géographiquement bien placées pourraient devenir des sources majeures d'énergie solaire et éolienne, renouvelables et bon marché, alimentant d'autres sources d'énergie intermédiaires comme l'hydrogène.

Le potentiel de transformation économique est évident.

Les pays capables d'accélérer la sortie de la dépendance aux hydrocarbures connaîtront à l'avenir une inflation plus faible des prix de l'énergie, clairement bénéfique pour les ménages et les entreprises. Malheureusement, ces derniers mois ont mis en évidence ceux qui ont sous-investi dans les infrastructures énergétiques. Et cela nous ramène aux risques d'inflation. Que ce soit en raison de l'augmentation des prix du carbone ou de la capacité limitée du secteur énergétique traditionnel, la transition risque d'entraîner une hausse des prix de l'énergie avant que l'économie mondiale ne ressente les avantages liés à un secteur énergétique plus durable.

Des opportunités d'investissement ?

La sécurité géopolitique devrait être une préoccupation majeure à l'avenir. Le fait de dépendre de matériaux, de matières premières, de biens et de compétences provenant de pays potentiellement hostiles est une source de préoccupation primordiale pour les entreprises. Dans le cadre de l'évaluation des risques ESG, la compréhension des chaînes d'approvisionnement, de leur vulnérabilité et de leur impact sur les individus et sur l'environnement sera encore plus importante pour déterminer les investissements véritablement intéressants.

Garantir un accès aux soins, à une énergie et à une alimentation plus sûres et plus équitables seront probablement les principales priorités de la société au cours de la prochaine décennie.

Pour les investisseurs, la nécessité d'aller encore plus loin dans la compréhension des modèles économiques, des risques auxquels ils sont soumis et de l'impact qu'ils peuvent avoir est encore plus grande dans ce contexte extrêmement perturbé. Les opportunités d'investissement dans des entreprises qui sont en route vers l'objectif de neutralité carbone, qui peuvent adapter leurs chaînes d'approvisionnement de manière à être moins exposées aux chocs et qui peuvent se concentrer sur la création d'emplois équitables, flexibles et bien rémunérés sont le nirvana des investisseurs responsables. Parallèlement, éviter de s'exposer à des actifs dans des pays qui ne respectent pas les normes internationales en matière de droits de l'homme, de diplomatie ou de protection de l'environnement doit être la leçon principale à tirer des récents événements.

1 commentaire

  • 15 juillet 11:56

    Pour les prix de l'énergie, il nous faudrait des modèles estimant l'évolution des réserves prouvées en fonction des prix du brut..J'imagine que la revalorisation à 100 $ a du considérablement les modifier et que les canaux de distribution vont reprendre leurs efficacités.


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