MOSCOU, 28 mai (Reuters) - Alexandre Loukachenko s'est rendu vendredi en Russie pour un entretien avec son homologue Vladimir Poutine, sur fond d'indignation occidentale, en particulier de l'Union européenne, après l'atterrissage forcé d'un avion de ligne à Minsk et l'arrestation d'un opposant au président biélorusse qui se trouvait à bord de l'appareil.
Cette rencontre à Sotchi, sur les rives de la mer Noire, était déjà prévue avant l'interception d'un avion de Ryanair dimanche en Biélorussie, qui vaut à cette dernière d'être accusée de "piraterie" aérienne par les Européens.
Présent à bord de l'avion, intercepté au motif d'une alerte à la bombe qui s'est révélée fausse, le blogueur et opposant Roman Protassevitch a été arrêté lors de cette escale forcée à Minsk, ainsi que sa compagne.
Tous deux sont maintenus en détention depuis. Accusé d'avoir organisé des émeutes, Roman Protassevitch risque 15 ans de prison.
En représailles, la plupart des pays européens interdisent désormais leur espace aérien aux avions de ligne biélorusses et déconseillent à leurs compagnies le survol de la Biélorussie. L'UE réfléchit en outre à de nouvelles sanctions contre le pouvoir à Minsk.
La Russie, qui considère son voisin de 9,5 millions d'habitants comme un "tampon" stratégique sur son flanc ouest, a apporté un soutien oral à cette ancienne république soviétique tout en rejetant les soupçons occidentaux sur sa propre complicité éventuelle dans l'interception de l'avion de Ryanair.
Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, a estimé mercredi que l'absence de condamnation par Moscou valait "caution".
TSIKHANOUSKAÏA PRÉDIT UNE GRÈVE NATIONALE EN BIÉLORUSSIE
La Russie assure que la Biélorussie est prête à faire preuve de transparence sur cet incident et elle a jugé "choquante" la réaction des Occidentaux", son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, les accusant de "diaboliser" le pouvoir à Minsk.
Le porte-parole de Vladimir Poutine a déclaré que la rencontre de vendredi à Sotchi fournirait une bonne occasion d'obtenir des informations directes sur l'incident de dimanche.
La Russie et la Biélorussie, qui font déjà officiellement partie d'une "union", discutent depuis plusieurs années d'une intégration plus poussée. Ce projet inquiète les opposants à Alexandre Loukachenko, qui soupçonnent le président biélorusse, au pouvoir depuis 27 ans, d'être prêt à brader une partie de la souveraineté de leur pays en échange du soutien de Moscou.
L'opposition est parvenue à organiser de vastes manifestations l'an dernier après l'annonce en août de la réélection d'Alexandre Loukachenko mais cette contestation s'est essoufflée sur fond de répression.
Partie en exil en Lituanie après l'élection présidentielle, l'opposante Svetlana Tsikhanouskaïa a déclaré vendredi lors d'un déplacement aux Pays-Bas que les manifestations allaient reprendre et qu'une grève nationale était en préparation en Biélorussie pour dénoncer l'arrestation de Roman Protassevitch.
"Nous espérons que (les manifestations) vont se poursuivre et les travailleurs sont prêts pour une grève nationale", a-t-elle dit à des journalistes après un entretien avec le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte. "Les gens vont descendre à nouveau dans la rue."
(Tom Balmforth, avec Stephanie van den Berg à La Haye version française Bertrand Boucey, édité par Marc Angrand)
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