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Ben Bernanke s’interroge sur les risques d’inégalités dus aux relances monétaires
information fournie par Boursorama 03/06/2015 à 18:32

Ben Bernanke s'interroge sur les éventuelles inégalités engendrées par la banque centrale américaine.

Ben Bernanke s'interroge sur les éventuelles inégalités engendrées par la banque centrale américaine.

Alimentant son blog personnel avec des réflexions très pointues sur la politique monétaire américaine, Ben Bernanke, ancien président de la Fed (banque centrale américaine) de 2006 à 2014, revient dans son dernier article sur la question des accroissements d'inégalités dus aux relances monétaires.

« Depuis la crise financière, la Réserve Fédérale a mis en œuvre une politique monétaire agressive, utilisant notamment le quantitative easing [rachat d'actifs sur les marchés] dans le but de renouer avec la croissance de l'emploi et de garder une inflation proche de l'objectif des 2% », rappelle dans un premier temps Ben Bernanke.

Ces objectifs poursuivis ont globalement été atteints, explique l'ancien président de la Fed, qui rappelle que le chômage est passé de 10% de la population active en 2009 à 5,4% actuellement, avec une inflation bien maîtrisée autour du niveau souhaité, ni trop haute, ni trop basse.

Politique monétaire et hausse des inégalités

« Au départ, des critiques étaient apparues sur la politique accommodante de la Fed, avertissant sur le fait qu'elle serait inefficace, ou génèrerait une inflation élevée et l'effondrement du dollar. Lorsque ces estimations se sont révélées fausses, d'autres critiques sont apparues. Je vais ici revenir sur la critique selon laquelle la politique de la Fed aurait exacerbé les inégalités », explique Ben Bernanke.

« L'affirmation selon laquelle la politique de la Fed accroitrait les inégalités part généralement de l'observation (correcte) que l'assouplissement monétaire provoque une hausse du prix des actifs, notamment des actions. Comme les plus riches détiennent davantage d'actifs que la classe moyenne ou les plus pauvres, le raisonnement aboutit à l'idée que la politique de la Fed augmenterait les inégalités de richesses, par ailleurs déjà élevées ».

Malgré ce constat qu'il ne dément pas, l'ancien président de la Fed tempère ce point de vue, exprimant ses « doutes » sur l'aspect potentiellement inégalitaire de la politique monétaire accommodante menée depuis plusieurs années.

Effets inverses réduisant les inégalités

Exposant ses arguments, Ben Bernanke développe tout d'abord l'idée selon laquelle l'augmentation des inégalités est avant tout un phénomène de long-terme, provenant de « profonds changements structurels dans l'économie, incluant la mondialisation, le progrès technologique, les tendances démographiques et l'évolution du marché du travail ». Par rapport à ces raisons fondamentales, l'impact de la politique monétaire serait plutôt réduit.

« Deuxièmement, la politique monétaire, lorsqu'elle est bien menée, permet une plus grande stabilité et prospérité économique dans son ensemble, réduisant les effets négatifs des périodes de récession sur le marché du travail », poursuit-il. « Même s'il est vrai que les gains économiques des politiques monétaires sont distribués inégalement, ce ne serait donc pas une raison pour s'en passer », alors que la préservation des emplois profite notamment aux classes les plus précaires.

L'ancien président de la Fed rappelle au passage que la redistribution des richesses est par ailleurs plutôt une prérogative de l'Etat, et ne relève pas du ressort de la Fed.

La politique accommodante de la Fed, en créant davantage d'inflation, bénéficierait par ailleurs de ce point de vue davantage aux ménages précaires (n'ayant pas d'épargne qui se dévalue), alors que les plus aisés, au contraire, verraient plutôt leur richesse s'effriter avec cette même inflation. Dans la même idée, le fait de ramener les taux à des niveaux bas bénéficierait surtout aux ménages les plus endettés, qui verraient leurs mensualités diminuer (dans un contexte de prêts à taux variables comme cela est souvent le cas aux Etats-Unis).

Dernier argument avancé par Ben Bernanke : l'effet haussier constaté sur les prix des actifs financiers ne serait pas une manière de gonfler excessivement les profits des investisseurs, mais une manière de retourner à un meilleur « équilibre » après une forte baisse du prix de ces mêmes actifs.

En somme, « la politique monétaire est un outil à double tranchant qui affecte certainement la distribution des richesses, mais dont l'effet global sur les inégalités n'est pas clair », affirme Ben Bernanke, qui appelle les chercheurs en économie à réaliser des études sur le sujet pour en quantifier les effets réels. Quoi qu'il en soit, « l'impact incertain de la politique monétaire ne doit pas empêcher la Fed de poursuivre ses objectifs d'emploi maximal et de stabilité des prix, qui profitent à toute l'économie », termine l'ancien président de la Fed.

Xavier Bargue

1 commentaire

  • 03 juin 16:03

    Quoi la politique monétaire menée par Bernanke serait cause d'inégalités ! j'ai souvenir que c'était exactement ce qu'on lui disait en 2009 et qu'il ne voulait absolument pas entendre ni reconnaître. La mauvaise foi de ces gens est sans limite, ils ne reconnaissent jamais leurs erreurs, ni leurs fautes. C'est bien simple selon eux ils ont toujours raison.


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