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Au Brésil, les cultivateurs de soja disent merci à Trump
information fournie par Reuters 11/10/2018 à 08:52

    par Jake Spring et Tom Polansek
    LUIS EDUARDO, Brésil/BOONE, Iowa, 11 octobre (Reuters) -
F ondée il y a dix-huit ans, la ville-champignon de Luis Eduardo
Magalhaes, dans le Nordeste brésilien, déborde d'activité grâce
à la guerre commerciale déclarée par Donald Trump à la Chine.
    Huit mille kilomètres plus au nord, à Boone dans l'Iowa,
premier Etat producteur de soja aux Etats-Unis, les céréaliers
font grise mine. 
    "Je n'achète plus aucune machine, je ne dépense plus
d'argent", confie Steve Sheppard, producteur de maïs et de soja.
    En cause, les droits de douane instaurés en juillet et
septembre dernier par l'administration américaine sur près de
250 milliards de dollars d'importations chinoises. 
    Pékin a riposté en visant prioritairement les produits
agricoles américains. Le soja, le plus rentable de ces produits
à l'exportation, a été taxé à hauteur de 25%.
    Au cours de la seule année 2017, les céréaliers américains
en ont vendu pour 12 milliards de dollars à la Chine. 
    Mais le premier importateur mondial de soja délaisse
désormais les Etats-Unis et se tourne toujours plus vers le
Brésil, devenu une grande puissance agricole il y a deux
décennies grâce au marché chinois. 
    Entre janvier et septembre de cette année, alors que Donald
Trump multipliait les menaces vis-à-vis de Pékin, les
exportations de soja brésilien vers la Chine ont bondi de 22% en
valeur par rapport à la même période de 2017. 
    Le soja brésilien se vend 2,83 dollars de plus par boisseau
que le soja américain. L'an dernier, la différence n'était que
de 0,60 dollar.
    Aux Etats-Unis, les cours du soja ont plongé à leurs plus
bas niveaux depuis une décennie. Donald Trump a promis de
solliciter le contribuable, jusqu'à 12 milliards de dollars,
pour compenser les pertes du secteur agricole. 
    De nombreux agriculteurs américains sont des conservateurs
dont les voix ont contribué à porter le milliardaire new-yorkais
à la présidence. 
    Ils continuent de soutenir le locataire de la Maison blanche
en estimant qu'il finira par négocier un meilleur accord
commercial avec la Chine, dont l'appétit est si vaste qu'elle ne
pourra pas totalement se passer des céréales américaines.
    
    BOLSONARO "MASSIVEMENT SOUTENU" PAR LES CULTIVATEURS
    Mais pour l'heure, la politique commerciale de Trump
favorise le Brésil, le concurrent le plus redoutable des
agriculteurs américains, qui augmente sa part de marché. 
    "Les mauvaises nouvelles sur les tarifs douaniers aux
Etats-Unis sont une bonne nouvelle pour eux", résume Robert
Crain, directeur pour les Amériques du fournisseur de matériel
agricole AGCO  AGCO.N . 
    Près de 80% des exportations de soja brésilien partent en
Chine. Alors que l'économie brésilienne est en panne, le secteur
agricole du pays a affiché l'an dernier un taux de croissance de
13%.
    A Luis Eduardo Magalhaes, une ville de 85.000 habitants avec
des fermes à perte de vue, le prix des terrains agricoles a
grimpé de 37% depuis 2012, selon le cabinet de conseil Informa
Economics IEG FNP.
    Grâce à la demande chinoise, la superficie totale des champs
de soja au Brésil devrait atteindre cette année le record de
36,28 millions d'hectares, d'après une enquête Reuters auprès
d'analystes. 
    Les cultivateurs se frottent les mains à la perspective de
la probable élection de Jair Bolsonaro à la présidence. Le
candidat d'extrême droite a en effet promis de revenir sur les
amendes infligées aux agriculteurs pour déforestation illégale
et autres atteintes à l'environnement. Il est "massivement
soutenu", souligne la députée Tereza Cristina, à la tête du
puissant lobby agricole au Congrès. 
    Comme Trump, Bolsonaro se méfie de la Chine mais les
producteurs sont convaincus qu'il ne touchera pas au commerce.
    "Il est accessible (...) et je suis sûr qu'il est
intelligent et raisonnable", ajoute Tereza Cristina. 
    A Boone, dans l'Iowa, l'humeur est plus chagrine. Le prix
des terres agricoles a baissé de 12% entre 2012 et 2017. 
    Lors du Farm Progress show, une foire annuelle, le vendeur
d'équipement Lee Randall se désole du prix des tracteurs
d'occasion vendus aux enchères. "Il y a cinq ans, on pouvait
ajouter 30% à chacune de ces pièces."
    La proportion d'agriculteurs ayant des difficultés à
rembourser leur crédit a augmenté au deuxième trimestre,
affichant à ce stade de l'année des niveaux jamais vus depuis
2002.
    Rodney Jensen, un exploitant installé près d'Algona, à deux
heures de route de Boone, entrepose son soja en attendant des
jours meilleurs. Mais il redoute que la Chine n'achète plus
autant aux Etats-Unis que par le passé, même si Pékin et
Washington finissent par s'entendre. 
    "On est plutôt pessimiste par ici", dit-il.

 (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)
 

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