(AOF) - Plus forte baisse du SBF 120, Atos décroche de 22,43% à 11,31 euros : le spécialiste de la transformation numérique des entreprises a consommé plus de trésorerie que prévu au premier semestre. Il affiche un flux de trésorerie disponible négatif à hauteur de 969 millions d’euros alors que le marché anticipait - 680 millions d’euros après – 555 millions d’euros au premier semestre 2022.
Si le flux de trésorerie opérationnel ajusté d'Atos a enregistré une amélioration de 144 millions d'euros, à -200 millions d'euros, Atos a été confronté à l'impact des actions de transformation et des coûts associés (-274 millions d'euros), ainsi qu'un impact " exceptionnel " de normalisation du fonds de roulement dans le cadre de la transformation du groupe pour environ -250 millions d'euros.
Sur l'année, flux de trésorerie disponible " est attendu à un niveau similaire à celui du premier semestre ", (- 969 millions d'euros) sachant que le consensus s'élève à – 465 millions d'euros. Morgan Stanley souligne que la différence est significative et que cette prévision se compare avec la capitalisation du groupe de 1,6 milliard d'euros.
" Cela signifie également que la dette nette de l'exercice 2023 sera plus élevée, ce qui pourrait accroître le risque d'exécution de la scission envisagée ", prévient l'analyste.
La dette nette s'est élevée à -2,321 milliards d'euros à fin juin 2023, comparé à -1,792 milliard d'euros à fin juin 2022.
Cette déception sur le flux de trésorerie disponible s'accompagne du relèvement de l'objectif de croissance organique du chiffre d'affaires pour 2023. Elle est attendue entre 0% et 2% alors qu'il ciblait entre -1% et 1% auparavant. La marge opérationnelle du groupe a été confirmée entre 4% et 5%. Le flux de trésorerie disponible, à -969 millions d'euros, " reflétant le rythme soutenu d'exécution des actions de transformation majeures menées au cours de l'année ainsi que la normalisation du besoin en fonds de roulement".
Eviden déçoit et Tech Foundations surprend favorablement
Au premier semestre, Atos a enregistré une perte nette, part du groupe, de 600 millions d'euros contre -503 millions d'euros, un an auparavant. Les coûts de réorganisation se sont élevés à 430 millions d'euros au premier semestre 2023.
La marge opérationnelle s'est élevée à 212 millions d'euros, soit 3,8% du chiffre d'affaires, en forte amélioration par rapport au premier semestre 2022 (59 millions d'euros, soit 1,1% du chiffre d'affaires). La marge opérationnelle d'Eviden s'est élevée à 138 millions d'euros, soit 5,3% du chiffre d'affaires, en augmentation substantielle par rapport aux 3,5% enregistrés au premier semestre 2022. Invest Securities souligne qu'elle a affiché " une performance légèrement plus faible qu'attendu ", le marché anticipant une marge de 5,7%.
La marge opérationnelle de Tech Foundations s'est élevée à 73 millions d'euros, soit 2,5% du chiffre d'affaires, comparé à -1% au premier semestre 2022. Elle est supérieure au consensus s'élevant à 0,8%.
Le chiffre d'affaires s'est élevé à 5,548 milliards d'euros au premier semestre 2023, en hausse de 2,3% en base organique, " avec des tendances d'activité robustes qui se sont poursuivies au deuxième trimestre ". Eviden a enregistré une croissance organique de 7% au premier semestre là où les analystes anticipaient en moyenne 8,5%.
Tech Foundations a connu une décroissance de 0,1%, à comparer avec un consensus de -3,1%.
A l'occasion de cette publication, le groupe a précisé que la séparation opérationnelle interne a été menée à bien. Atos a enfin précisé que le programme de cessions de 700 millions d'euros a été entièrement sécurisé et étendu de 400 millions d'euros supplémentaires.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points-clés
- Leader international de la de la transformation numérique, du calcul haute performance et des infrastructures liées aux technologies de l’information, créé en 1997, n°1 européen du cloud, de la cybersécurité et des supercalculateurs ;
- Activité de 11,3 Mds€, répartie en 2 divisions : Evidian - transformation numérique, mégadonnées et sécurité - pour 47 % des ventes, et Tech Fondations pour 53 % - infrastructures et environnements de travail connectés ;
- Modèle d’affaires de maximisation de valeur via la division, fin 2023, du groupe en 2 entités distinctes - Tech Fondations pour l’infogérance et Evidian pour le digital , cloud et sécurité ;
- Capital ouvert (9,96 % pour le fonds de pension Siemens et 2,2 % pour les salariés), Bertrand Meunier présidant le conseil d'administration de 14 membres, avec Nourdine Bihmane comme directeur général, Philippe Oliva DG délégué et Diane Galbe DG adjointe ;
- Situation financière maîtrisée avec 2,7 Mds€ de facilités de crédit couvrant les besoins estimés à 1,8 Md€ pour les restructurations d’où l’exclusion par la direction de toute augmentation de capital mais dette en hausse à 1,45 Md€, soit un effet de levier de 3,75 %.
Enjeux
- Stratégie visant pour le 2nd semestre 2023 la scission du groupe en 2 sociétés, Tech Fondations :
- Tech Fondations : redressement financé à hauteur de 1,1 Md€ visant une marge opérationnelle de 6 % (1,3 % des revenus en 2022), un retour à la croissance des revenus et un autofinancement libre de 150 M€ en 2026,
- Evidian : repositionnement du portefeuille et renforcement des positions de leader aux marges élevées via un plan de 400 M€ pour accélérer sa croissance à 7 % par an jusqu’en 2026, avec une marge opérationnelle de 12 % et un autofinancement libre de 700 M€,
- fin 2023, distribution aux actionnaires d’Atos de 100 % des actions de Tech Fondations et de 70 % de celles d’Evidian qui seront ensuite cotées sur Euronext Paris ;
- Stratégie d’innovation développée dans 18 centres de R&D avec un portefeuille de 3 000 brevets :
- open innovation via les partenariats avec les centres universitaires (informatique quantique, calculateurs exaflopiques, intelligence artificielle, HPC, leadership multiculturel...), avec des alliances avec d’autres acteurs (AWS, Dell, Google, Huma, Microsoft, OVHCloud, Sparkle…) et avec les clients,
- 2 communautés scientifiques d'experts collaborateurs du groupe,
- programme Scaler de collaboration avec + 50 start-ups, ;
- Stratégie environnementale de neutralité carbone en 2028 et de réduction de moitié des émissions d’ici 2025 vs 2021,
- ventes de solutions de décarbonation, renforcées par l’acquisition d’EcoAct,
- investissements dans les supercalculateurs à hydrogène et les technologies quantiques,
- lancement du 1er emprunt « vert » ;
- Exécution du plan de cessions de `800 M€ et issue des négociations avec Airbus pour la cession de 29,9 % du capital d’Evidian ;
- Accélération de la croissance rentable d’Evidian et retour aux profits de Tech Fondations, avec 3 ans d’avance sur les anticipations.
Défis
- Taux d’attrition des salariés de 21,6 % ;
- Confirmation de la dynamique commerciale de la fin 2022 -prises de commandes sur chiffre d’affaires à 90 % et gain de 1,3 % des revenus ;
- Objectif 2023 de revenus stables et d’une marge opérationnelle de 4 à 5 %.
- Suppression du dividende au titre de 2022.
En savoir plus sur le secteur Informatique / ESN (entreprises de services du numérique)
Blues dans la cybersécurité
Une analyse de Gartner révèle que près de la moitié des responsables de la sécurité devraient changer d'emploi d'ici à 2025 en raison d'un stress trop élevé. Parmi eux, le quart devrait opter pour des fonctions complètement différentes. L'ancienneté moyenne d'un " CISO " (Chief information security officer) serait limitée à 26 mois. Les entreprises françaises, du fait de budgets trop limités, ne peuvent répondre qu'à la moitié des standards internationaux requis. Une pénurie de talents est également à déplorer alors que le marché français du numérique affronte une pénurie d'environ 15.000 personnes. Une rémunération insuffisante pourrait l'expliquer : la rémunération n'excèderait pas 200.000 euros en France, contre 800.000 euros environ dans le monde anglo-saxon pour les meilleurs postes.
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