(AOF) - Ubisoft joue gros avec la sortie demain du nouvel opus de sa franchise vedette, Assassin's Creed Shadows. En Bourse, l’action de l’éditeur de jeux vidéo n’a cessé de creuser ses pertes depuis ce matin, reculant désormais de 7,72% à 12,315 euros, soit le plus fort repli du SBF 120. Le groupe français a accumulé les déboires en 2024 dans un contexte difficile pour le secteur : perte semestrielle, avertissement, performance décevante de Star Wars Outlaws et décalage à 2 reprises de la sortie d’Assassin's Creed Shadows.
" Le prochain Assassin's Creed Shadows sera décisif pour l'exercice ", soulignait récemment AlphaValue.
Dans une note publiée aujourd'hui, TP Icap Midcap souligne que le score Metacritic de 82 sur 100 pour Assassin's Creed Shadows " est très encourageant et augure d'un bon lancement ". L'analyste rappelle qu'il se compare avec celui identique de 82 obtenu par Valhalla (plus d'un milliard d'euros de revenus en 14 mois) ou le 84 d'Odyssey (plus de 10 million d'unités vendues en 18 mois).
" Nous suivrons avec attention les prochains signaux de vente mais l'histoire est peut-être en train de s'inverser. C'est déjà un grand ouf de soulagement pour le management ", ajoute le spécialiste.
Résultats attendus proches de l'équilibre
Sur l'exercice 2024/2025, clos fin mars, Ubisoft anticipe un résultat opérationnel ajusté et un flux de trésorerie libre proches de l'équilibre après avoir enregistré sur le précédent un résultat opérationnel ajusté de 401,4 millions d'euros et un flux de trésorerie libre négatif à hauteur de 509 millions d'euros.
Le groupe français avait indiqué en janvier avoir " mandaté des conseils de premier plan pour étudier et poursuivre diverses options stratégiques et capitalistiques transformantes, afin d'extraire la meilleure valeur possible pour les parties prenantes ". Aucun développement à ce sujet n'a depuis été annoncé.
Quelques jours plus tard, Bloomberg affirmait que le groupe chinois Tencent, qui est actionnaire de l'éditeur de jeux vidéo, et la famille Guillemot, fondatrice de la société, envisageaient de créer une nouvelle entité incluant certains actifs d'Ubisoft, dans le but de mieux valoriser la société française.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
-Troisième éditeur mondial indépendant de jeux vidéo, attirant 138 millions de joueurs uniques, créé en 1986 et détenant les marques phares Assassin’s Creed, Just Dance, Watch Dogs, The Division, Far Cry, For Honor, Tom Clancy, the Crew, Ghost Recon, Rainbow, Brawlhalla… ;
- Chiffre d'affaires de 2,3 Mds€ réalisé en Amérique du nord pour 53 % et en Europe pour 35 % ;
- Activité répartie entre les consoles pour 56 %, les ordinateurs pour 32 % et les téléphones pour 6 % ;
- 5 ambitions : détention de la totalité des marques, intégration des nouveautés technologiques dans la politique R&D, maîtrise de la production interne à 96 %, puis montée en puissance de la récurrence des revenus (64 % apportés par le « back catalogue ») et de la rentabilité via la digitalisation ;
- Capital détenu à 25,42 % % du capital et 29,64 % des droits par 2 actionnaires agissant de concert -les frères fondateurs et la famille Guillemot avec 15,48 % des actions d’une part, le chinois Tencent avec 9,99 % d’autre part- puis par les salariés (3,6 %) ;
- Présidence et direction générale du conseil de 11 membres assurée par Yves Guillemot ;
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires :
- réorganisation industrielle avec une réduction nette de 200 M€ de la base de coûts fixes par fermeture de bureaux et baisse des effectifs, suppressions de jeux & ventes d’actifs non-essentiels, construction de marques et de services Live plus puissants et sélectivité accrue, au prix de dépréciations, dans la R&D ;
- depuis juin, engagement fort dans les jeux d’aventure en monde ouvert, avec objectif de regagner le leadership mondial, et dans les expériences natives ou GaaS,
- « redoublement d’efforts sur l’exécution », intégration des avis des joueurs par le biais de Title Updates et focus sur la génération de trésorerie,
- valorisation des jeux et streaming par les partenariats BtoB sur le back-catalogue ;
- innovation fondée sur des technologies de pointe (Anvil et Snowdrop pour les moteurs, Ubisoft connect et I3D.net pour la distribution), le Voxel et le cloud computing avec Scalar…, accélérée par le soutien aux start-ups -6 à 10 incubées chaque année- et le déploiement de « Lead associate » pour les studios de création et Motion Pictures pour l'animation et le film ;
- Stratégie environnementale :
- recours aux énergies renouvelables pour les centres de données français et canadiens,
- séquestration des émissions de GES et réduction constante des émissions par employé, (10,8 % en 2024 vs 2019) ;
- Visibilité de l’activité avec un net booking quasiment égal au chiffre d’affaires annuel ;
- Bilan un peu tendu : 1,7 Md€ de fonds propres, endettement net de 1,1 Md€ et capacité d’autofinancement négative de 291 M€ à fin septembre.
Défis
- Activité concentrée sur septembre-janvier, d’où la clôture des comptes à fin mars ;
- Spéculations sur les liens capitalistiques de la société holding Guillemot Brothers, fondatrice d’Ubisoft, avec Tencent, titulaire de 49,9 % de son capital et de 5 % de ses droits de vote ;
- Après les succès de Rainbow Six Siege et des franchises The Crew et Ghost Recon, attente de la réaction du public à la sortie fin 2024 de Assassin’s Creed Shadows ;
- Impact sur les ventes des améliorations, via Title Update, du nouveau jeu Star Wars Outlaws ;
- Après un repli de 20 % des revenus, une hausse de 12 % du net booking et une perte nette de 272 M€ au 1er semestre, objectif 2024-25 d’une hausse solide du net booking autour de 1,95 Md€ et d’un résultat opérationnel proche de l’équilibre, comme l’autofinancement libre ;
- Société ne distribuant pas de dividende.
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