Un membre de l'équipe de sécurité de la prison devant le centre de détention de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, le 24 novembre 2025 ( AFP / Sameer AL-DOUMY )
Le détenu du quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) qui avait obtenu une permission de sortir polémique est rentré lundi soir au sein de la prison, a appris l'AFP auprès du ministère de la Justice.
Ce détenu narcotrafiquant "est bien rentré, il a passé le greffe et a été remisé en cellule", a assuré le ministère, qui "n'a pas eu d'informations allant dans le sens" d'incidents quelconques.
"Il a respecté les indications horaires de sa permission de sortir", qui prenait fin à 21H00, a ajouté le ministère.
Il avait quitté l'établissement pénitentiaire vers 07H40 lundi matin, avait constaté l'AFP, qui avait alors vu plusieurs véhicules sortir au même moment, dont une voiture banalisée ainsi qu'un van SNCF.
Une sortie dans ce cadre se fait sans escorte, mais un "dispositif" était prévu toute la journée, avait assuré dimanche l'entourage du ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez à l'AFP.
"Il n'est pas surveillé, il n'est pas escorté. Il y a quelqu'un de son entourage qui est venu le chercher et (...) conformément à la décision judiciaire qui a été rendue par le juge judiciaire, il va d'un point A à un point B pour préparer, muscler, renforcer sa réinsertion", a affirmé lundi matin son avocate Marie Violleau sur BFMTV.
"Le scandale, ce n’est pas qu'il ait obtenu une permission de sortir mais bien qu'il ait été affecté" au QLCO de Vendin-le-Vieil, a-t-elle assuré plus tard sur RTL, soulignant qu'elle avait sans succès contesté cette affectation en justice.
Le détenu, libérable en 2029, avait rendez-vous avec un potentiel employeur dans l'agglomération lyonnaise.
Sa permission de sortir avait été accordée par un juge d'application des peines malgré un avis défavorable du parquet de Béthune, et confirmée par la chambre d'application des peines de la cour d'appel de Douai.
Selon une source syndicale, il s'agit de Ouaihid Ben Faïza, 52 ans, membre important d'un vaste réseau de trafic de drogue de Seine-Saint-Denis.
En 2014, alors qu'il était incarcéré à la prison de Villepinte depuis trois ans, Ouaihid Ben Faïza s'était évadé avec l'aide d'un commando armé à sa sortie d'une consultation à l'hôpital. Sa cavale avait duré deux semaines.
La permission de sortir d'un détenu avec un tel profil a été abondamment commentée depuis ce week-end, suscitant notamment l'indignation de syndicats d'agents pénitentiaires.
Des membres de l'équipe de sécurité de la prison devant le centre de détention de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, le 24 novembre 2025 ( AFP / Sameer AL-DOUMY )
Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a exprimé dimanche son intention de modifier les règles d'application des peines en matière de criminalité organisée, en créant, comme en matière de terrorisme, "un droit spécifique et un juge d'application spécialisé qui connaît parfaitement les profils dangereux".
"Il faut du bon sens, tout simplement", selon Thomas Vaugrand, secrétaire général du syndicat UFAP UNSa Justice dans les Hauts-de-France.
Une telle permission de sortie de droit commun, "ça ne va pas avec les conditions d'isolement" prévues pour les détenus narcotrafiquants dans les QLCO créés depuis cette année. "On a dit qu'il fallait les couper du monde (...) et aujourd'hui on le laisse sortir dans la nature, tout seul", a ajouté M. Vaugrand.
Les extractions de ces quartiers spéciaux sont censées être très limitées, pour éviter au maximum les transports et donc les risques d'évasion, comme celle du narcotrafiquant Mohamed Amra qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires en 2024 dans l'Eure. M. Amra est à présent détenu au sein du QLCO de Vendin-le-Vieil.

4 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer