
logo meta (Crédit: / Pixabay / Chetraruc)
Fort de sa famille d'applications (Facebook, WhatsApp, Instagram...), le groupe américain compte parmi les leaders de la publicité numérique et s'est lancé dans la course à l'IA à coups d'investissements massifs.
Si l'on en croit les chiffres, 5,2milliards de personnes sont présentes sur les réseaux sociaux, selon DataReportal. En retraitant de l'utilisation simultanée de 6,8 réseaux en moyenne, des faux comptes,etc., ce sont, en fait, 87% des adultes dans le monde qui passent environ deuxheures et vingt et une minutes chaque jour à liker, à chatter, à instagrammer, à twitter... Et si YouTube (Alphabet) est le leader de ce monde social numérique, en nombre d'utilisateurs, selon data.ai, Meta Platforms et sa «famille» d'applications complètent le palmarès: WhatsApp en numéro deux, Facebook en trois, Instagram en quatre et Messenger, en six, juste derrière TikTok. La famille Meta revendique 3,35milliards d'utilisateurs actifs quotidiennement, chacun lui ayant rapporté 14,25 dollars en moyenne au dernier trimestre grâce à la publicité.
Force de frappe
Car la famille d'applications du groupe est la destination préférée des publicitaires sur les réseaux sociaux. L'an dernier, la publicité réalisée grâce à ses réseaux a représenté 98% des 164,5milliards de dollars de chiffre d'affaires du groupe américain, en hausse de 22%. Et la machine de guerre publicitaire Meta se porte très bien. Pour J.P. Morgan, «Meta est dans une situation privilégiée en termes d'échelle, de croissance et de rentabilité, étant donné que le nombre massif d'utilisateurs et l'engagement[auprès de la société]continuent de produire des effets de réseau et que ses capacités de ciblage offrent une valeur significative aux annonceurs». Et si le bannissement de son concurrent direct TikTok l'aurait sans doute aidé - l'application chinoise dispose encore de soixante jours pour trouver un repreneur validé par la Maison- Blanche pour ses activités américaines -, la concurrence ne semble pas inquiéter les investisseurs.
La société de Menlo Park (Californie) a dégagé l'an dernier un résultat d'exploitation de 69,4milliards de dollars (+48%), soit un taux de marge de 42% (et même de 48% au dernier trimestre). De quoi faire avancer son résultat net de plus de 20% en moyenne par an depuis2020 et, grâce aux importants programmes de rachat d'actions, multiplier par 2,4 son bénéfice par action (de 10,09 à 23,86 dollars) sur la période. Certes, tout n'est pas un succès. Après avoir tenté de convaincre le marché de l'intérêt du métavers - un univers virtuel, jumeau du monde réel, dont il a pris le nom en octobre2021 -, le groupe a pris officiellement le virage de l'intelligence artificielle en2022. La réalité virtuelle n'a toutefois pas disparu de ses comptes puisque les casques virtuels et les lunettes connectées développées avec EssilorLuxottica, sous la marque Ray-Ban, se trouvent dans la division Reality Labs dont l'avenir interroge. «Le nerf de la guerre est le temps d'attention de l'utilisateur et ces équipements sont un prolongement du téléphone mobile. Mais il n'existe toujours pas de cas d'usage pour ces produits», rappelle Abdoullah Sardi, le gérant d'Amplegest Digital Leaders. Or cette division de 2milliards de revenus pourrait lui coûter 20milliards de bénéfices d'exploitation cette année (après 18milliards en2024).
Go Meta AI!
Mais sa belle rentabilité lui permet d'engager l'équivalent de 25% de ses revenus dans la recherche et le développement, poste qui devrait être porté à 65milliards de dollars cette année, ce qui pourrait peser. «Meta est aussi présent sur les deux grandes vagues technologiques que sont l'IA et le métavers, investissant dans ces opportunités de progression majeures tout en restant discipliné. Nous reconnaissons que ces ambitions de croissance à long terme entraînent des investissements croissants dans l'infrastructure pour anticiper une augmentation de la capacité sur plusieurs années, mais, malgré ces investissements importants, nous prévoyons une croissance[de plus de 10%]du chiffre d'affaires et du bénéfice par action en2025 eten2026, et Meta a de solides antécédents en matière de retours sur investissements accrus», estiment néanmoins les analystes de J.P. Morgan.
Pour Mark Zuckerberg, le PDG, il n'y a pas de doute: «Cette année sera déterminante pour l'IA. Je m'attends à ce que ce soit l'année au cours de laquelle un assistant IA hautement intelligent et personnalisé soit adopté par plus d'un milliard de personnes, et je m'attends à ce que Meta AI soit cet assistant leader.[Il]est déjà utilisé plus qu'aucun autre assistant[600millions d'utilisateurs]et quand on atteint une telle échelle, cela procure un avantage de long terme», déclarait-il fin janvier, quelques jours seulement après la révélation de DeepSeek. En matière d'IA, Meta a fait un choix opposé à celui d'OpenAI ou d'Alphabet en développant son IA sur un modèle ouvert (open source), rendant accessibles ses codes, comme DeepSeek. Or, «Meta sera celui qui, parmi ses grands concurrents d'Internet, bénéficiera le plus de la stratégie d'IA en source ouverte de DeepSeek (qui, au minimum, semble réduire drastiquement les besoins en calcul et les coûts d'exploitation pour une IA de premier ordre)», estime Pivotal Research et d'expliquer, «nous nous attendons à ce que l'IA open source de Meta imite les meilleures techniques de DeepSeek, ce qui devrait[lui]permettre de devenir leader, compte tenu de coûts probablement nettement inférieurs à ceux des meilleurs produits concurrents, et, soutenue par le fait que installée aux Etats-Unis et en open source, elle attirera les développeurs».
Même sentiment chez Amplegest, pour qui «Meta Platforms dispose des meilleurs architectes IA. Meta n'est pas loin des leaders aujourd'hui et peut devenir premier. Son intelligence artificielle Llama sert aujourd'hui à améliorer l'efficacité du ciblage publicitaire sur leurs réseaux, mais ils s'inscrivent dans la course vers les agents conversationnels. Une fois un majordome créé, on peut imaginer que Meta se rémunère sur des services gratuits pour les utilisateurs mais payés par Booking, AirBnB...». De quoi continuer à soutenir ses comptes.
Reste que, si économiquement le groupe est attirant, ses déboires éthiques passés (Cambridge Analytica ou les tentatives de déstabilisation lors d'élections) et récents, avec la fin du fact-checking et l'allégeance du PDG à Donald Trump, peuvent amener certains investisseurs à exclure le titre de leurs portefeuilles.
A 28 fois les bénéfices attendus pour2025 et à 26 fois ceux de2026, la valorisation du groupe de réseaux sociaux n'est pas particulièrement bon marché, étant située au-dessus de sa moyenne sur cinq ans de 21,4 fois selon FactSet, mais on est loin des niveaux atteints par d'autres Magnifiques. La société affiche par ailleurs des niveaux de croissance et de rentabilité pour les exercices à venir qui peuvent la justifier, tandis que l'assise sur la publicité numérique est solide. Meta Platforms dispose des meilleurs architectes IA, ils ne sont pas loin des leaders aujourd'hui et ils peuvent devenir premiers.
Le titre a été multiplié par 7 depuis son entrée dans la course à l'IA mais si le groupe transforme l'essai cette année dans le domaine, le titre devrait pouvoir croître encore. Nous sommes acheteurs pour viser 840 dollars.
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