(Actualisé tout du long avec citations, détail, contexte)
L'Afrique du Sud a tenté mercredi de préserver les pourparlers internationaux sur la lutte contre la pauvreté, alors que plusieurs ministres des Finances du G20 n'ont pas participé à la réunion de l'organisation, au Cap, organisée sur fond de coupes budgétaires dans l'aide étrangère.
Il est toujours difficile pour le groupe, qui compte la Chine, la Russie, l'Union européenne et les États-Unis parmi ses membres, de se mettre d'accord sur une déclaration commune mais les divergences sont plus marquées que jamais.
La réunion de mercredi, qui doit durer deux jours, intervient après l'annonce par l'administration de Donald Trump de la suppression de l’agence USAID et la décision de la Grande-Bretagne de réduire de 40% son budget d’aide pour privilégier les dépenses de défense.
Les ministres des Finances de nombreuses grandes économies du G20, dont ceux des États-Unis, de la Chine, du Japon, de l'Inde et du Canada, ont annulé leur participation à l'événement, qui visait à aborder les défis économiques mondiaux, en présence également de banquiers centraux. Le haut responsable économique de l'Union européenne n'a pas non plus participé à l'événement.
"En cette période d'incertitude mondiale et d'escalade des tensions, il est plus important que jamais que les membres du G20 travaillent ensemble", a-t-il déclaré dans son discours d'ouverture.
"L'érosion du multilatéralisme constitue une menace pour la croissance et la stabilité mondiales."
Cyril Ramaphosa, hôte de la réunion, espérait obtenir des avancées sur les questions liées au climat, à la dette et à l'inégalité.
"L'absence de responsables clés lors des réunions financières du G20 souligne encore le déclin de l’engagement en faveur de la réduction de la pauvreté mondiale à un moment où cela est le plus nécessaire", a déclaré Dirk Willem te Velde, directeur du groupe de développement économique international chez ODI Global, qualifiant les coupes dans l’aide de "nouvelle dévastatrice".
Le ministre sud-africain des Finances, Enoch Godongwana, a déclaré que son pays comprenait les "contraintes d’agenda" de certaines délégations, tout en ajoutant que d'autres occasions de s'engager se présenteraient, le G20 étant "un processus qui s'étale sur l'année".
Salvatore Nocerino, responsable des politiques d’aide chez Oxfam, a jugé ces absences particulièrement regrettables, alors que le sommet était organisé par un pays africain.
Les exigences du président américain Donald Trump pour que l'Europe renforce la protection d'un accord de paix en Ukraine et prenne plus de responsabilité pour sa propre sécurité obligent les pays à augmenter leurs dépenses de défense malgré des budgets limités.
"Il est clair que nous sommes confrontés à un monde plus dangereux, et je ne me cacherai pas de cette réalité", a déclaré la ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, ajoutant que l'investissement, le libre-échange et les réformes restaient les meilleurs moyens de parvenir à une croissance durable.
Alex van den Heever, politologue à l'université de Witwatersrand à Johannesburg, a souligné que l'absence des États-Unis aux discussions "rend très difficile de voir comment les participants vont aller de l'avant".
Les États-Unis avaient également refusé d'envoyer leur plus haut diplomate à une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 la semaine dernière.
LES DÉFIS CLIMATIQUES
L'Afrique du Sud espérait faire du G20 une plateforme permettant de faire pression sur les pays riches afin qu'ils intensifient leurs efforts contre le changement climatique en contribuant davantage à la transition énergétique des pays pauvres.
Le ministre de l'Énergie, Kgosientsho Ramokgopa, a déclaré à Reuters mardi que "ce que la présidence américaine fait, effectivement, c'est reconfigurer la conversation (sur l'énergie verte) en (...) réintroduisant des éléments que nous pensions résolus". Il a ajouté que certains pays pourraient ainsi reconsidérer l'ampleur et le rythme de leur transition des combustibles fossiles vers les énergies vertes.
Certains analystes estiment que la mise en retrait de la plus grande économie du G20 soulève des questions sur la pertinence de la réunion. D'autres y voient une opportunité d'avancer sans les États-Unis.
"Il pourrait très bien y avoir des synergies entre de grandes parties de ce qui reste en excluant les États-Unis sur des questions particulières", a déclaré Daniel Silke, directeur de Political Futures Consultancy.
"C'est une occasion pour l'Afrique du Sud de jouer son rôle de leader."
(Avec Wendell Roelf, Duncan Miriri, Olivia Kumwenda-Mtambo et Tim Cocks ; version française Elena Smirnova, édité par Kate Entringer et Augustin Turpin)
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