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Abrdn compte sur sa modernisation pour retrouver son lustre d’antan
information fournie par Newsmanagers 05/03/2024 à 08:15

Abrdn, qui vient de publier ses résultats pour 2023, est encore en décollecte. La phrase est devenue si banale avec le temps qu’elle ne surprendra pas les lecteurs. Les années passant, le nom du gestionnaire d’actifs britannique et sa place dans le paysage de la gestion d’actifs européenne ont changé mais la tendance de rachats nets, elle, persiste. Ce, même en changeant de point de départ. Si l’on s’arrête simplement à 2017, année de la fusion de Standard Life Investments et d’Aberdeen Asset Management où il devenait numéro deux de la gestion européenne en termes d’encours, alors abrdn vient de boucler sa septième année de décollecte nette en 2023. Les actions du titre ont par ailleurs chuté de plus de 60% depuis la fusion.

Parmi les gérants cotés, abrdn est même le co-recordman du nombre de décollectes nettes annuelles consécutives avec Janus Henderson – autre rapprochement de gestionnaires qui se redresse après avoir été mal en point – talonnés tous deux par Jupiter AM, qui vient d’enchaîner une sixième année consécutive de sorties nettes . Dans ce cercle des collectes disparues, abrdn a néanmoins pour lui l’antériorité de la décollecte dans la mesure où si l’on considère l’entité Aberdeen Asset Management seule, la série noire est bien plus longue. Il faut remonter à 2012 pour trouver trace de flux annuels qui ne soient pas négatifs. Et encore, la collecte était nulle cette année-là.

En 2023, abrdn a décollecté 17,6 milliards de livres sterling toutes activités confondues dont 15,3 milliards sur sa seule activité d’investissement. Ses encours ont reculé de 1% sur un an à 494,9 milliards de livres sterling (-25% depuis la fusion en 2017), son chiffre d’affaires net a décliné de 4% à 1,4 milliard de livres sterling et son résultat opérationnel ajusté a diminué de 5% à 249 millions de livres. Rares bonnes nouvelles, la société de gestion se satisfait d’économies de 102 millions de livres, supérieures à celles attendues de 75 millions pour 2023, et d’une hausse de profitabilité sur les segments du conseil en investissement et de la plateforme d’investissement en ligne pour les particuliers . De plus, sa perte avant impôt s’est réduite significativement, passant de 612 à 6 millions de livres sur un an. abrdn a aussi maintenu son dividende de 14,6 pence par action, identique à celui de 2022.

Les trimestres négatifs s’enchaînent et la sempiternelle question de l’arrêt de la décollecte revient, s’accompagnant plus récemment d’un questionnement de certains analystes sur l’éventuel démantèlement du gestionnaire d’actifs. L’entreprise s’est délestée de plusieurs activités en 2023 dont son activité de gestion discrétionnaire, sa part dans sa joint-venture indienne ou encore ses activités de private equity européen et américain. La question s’est même posée de vendre l’activité de gestion d’actifs. Dans le même temps, abrdn a aussi mis la main sur le gestionnaire d’actifs américain spécialisé sur la santé Tekla et des fonds fermés de First Trust.

Pas de démantèlement

Le directeur général Stephen Bird – qui a touché 2,1 millions de livres sterling (sur les 6,3 millions auxquels il aurait pu prétendre en fonction de la performance) dont un bonus d’environ 800.000 livres en 2023 – a néanmoins réfuté l’option d’un démantèlement ce mardi lors d’un entretien téléphonique avec des analystes. Cela ne semblerait même pas l’option numéro un explorée en cas de scénarios de stress de marchés sévères pouvant conduire à des pertes pour le gestionnaire, qui assure de sa viabilité pour les trois prochaines années au moins. Dans son rapport annuel, abrdn précise que si le groupe venait à expérimenter des scénarios de stress de marchés encore plus extrêmes que ceux envisagés, il agirait sur divers leviers tels que l’utilisation de la facilité de crédit renouvelable (400 millions de livres sterling), la réduction des dépenses discrétionnaires et la gestion des dividendes.

Abrdn rêve davantage d’un renouveau à l’instar de celui que connaît M&G Investments, revenu à meilleure fortune après avoir traversé plusieurs trimestres de décollecte consécutifs entre 2018 et 2022 après sa séparation de Prudential. Stephen Bird, qui veut faire d’abrdn « une société de gestion moderne », entend prouver que son plan drastique d’au moins 150 millions de livres sterling d’économies annualisés à horizon 2025 repositionnera la société de gestion parmi les plus rentables. Le plan, dont le coût total d’application est estimé à 150 millions de livres, inclut la suppression de 500 emplois et la restructuration de l’organisation d’abrdn, en particulier dans les strates de management et les fonctions de back-office.

« Sur les trois dernières années, nous avons agi de façon rapide pour remodeler la société et créer un modèle d’entreprise adapté à l’avenir. Nous avons désormais plus de moyens d’y parvenir, en particulier grâce à notre exposition accrue au marché très attractif de l'épargne et du patrimoine au Royaume-Uni, mais aussi grâce à une activité d’investissement plus ciblée et plus efficace », soutient Stephen Bird, conscient qu’il y a encore du travail pour remettre abrdn à un niveau de profitabilité acceptable.

Par ailleurs, cette recherche de profitabilité ne sera probablement pas portée par les flux et l’environnement macro-économique selon le discours de Stephen Bird. Ce dernier pressent la persistance de vents contraires liés à l’évolution de la demande et des préférences clients et suggère que les conditions de marchés, structurelles et cycliques, vont rester difficiles pour les sociétés de gestion actives. Il s’attend ainsi à ce que la rotation des actifs des stratégies actives actions et obligataires vers des stratégies quantitatives passives se poursuive en 2024. « Cette évolution, ainsi que les changements de tarification qui en découlent, pourraient entraîner une nouvelle contraction de la marge de revenus », prévient-il tandis qu’abrdn s’est lancé dans les ETF actifs l’an dernier. La société de gestion envisage d’ailleurs le lancement de nouveaux ETF thématiques courant 2024, sur sa plateforme d’investissement en ligne.

Lors de la présentation du plan de réduction de coûts en janvier, Stephen Bird ne s’était pas avancé sur les flux de collecte attendus pour 2024, signifiant simplement que l’industrie de la gestion d’actifs tablait sur une collecte nette en hausse de 2% par rapport à 2023.

Pour que 2024 soit un remonte-pente, il faudra aussi que la performance soit au rendez-vous. A fin décembre 2023, sur une période de trois ans, seulement 42% des encours sous gestion d’abrdn surperforment les indices contre lesquels ils sont mesurés alors que ce taux était de 65% l’an dernier. « Cette baisse reflète une période difficile pour les gérants actifs, particulièrement ceux avec un style d’investissement actions de qualité et avec un biais sur l’Asie et les marchés émergents » , commente la société de gestion. abrdn estime qu’il sera bien placé lorsque les investisseurs auront à nouveau de l’appétit pour les marchés asiatiques et émergents et il entend capitaliser sur d’autres segments (obligataire, multi-actifs, immobilier, infrastructures, crédit privé et ETF sur les indices de HFRI sur les hedge funds).

Adrien Paredes-Vanheule

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