PARIS, 12 septembre (Reuters) - La Banque centrale européenne a dépassé les attentes des marchés en annonçant qu'elle allait reprendre ses rachats d'actifs mais il lui reste des munitions si les mesures annoncées jeudi se révélaient insuffisantes, avec la possibilité pour elle d'augmenter le montant de ses achats mais aussi de ne plus les limiter aux obligations, estime Valentin Bissat, économiste senior pour Mirabaud. 1/ Les annonces de la BCE sont-elles conformes aux attentes des marchés ? Valentin Bissat - "Elles sont même supérieures aux attentes des marchés, notamment sur le programme de rachat d'actifs. La semaine dernière, on avait eu plusieurs indications de membres importants de la BCE, notamment le gouverneur de la Banque de France, qui pensaient qu'il était peut-être un peu tôt pour reprendre le programme de rachat d'actifs. Je crois que l'on a vraiment une surprise positive, d'autant plus qu'il n'y a pas de limite de temps, et donc qu'il ne s'agit pas d'un programme d'achats sur six ou neuf mois mais sur une longue période. Et cela est renforcé par les anticipations d'inflation, puisque la BCE l'attend à 1% en 2020. Selon nous, cela renforce le message très accommodant de la Banque centrale européenne, non seulement sur les taux d'intérêt mais aussi sur son programme de rachat d'actifs, qui devrait s'étendre sur de nombreux trimestres." 2/ Ces mesures suffiront-elles à rapprocher l'inflation de l'objectif de la BCE ? Valentin Bissat - "On en doute fortement. On ne pensait d'ailleurs pas qu'elle allait relancer les rachat d'actifs parce qu'il n'y avait pas de signes de déflation, contrairement à la situation en 2015, lorsqu'elle avait lancé le programme précédent. Nous ne pensons pas non plus qu'il y aura un impact très important sur les attentes d'inflation des investisseurs. "Dans ces conditions, et c'est pour cela que Mario Draghi a mis l'accent sur la relance fiscale, cette politique très accommodante de la banque centrale européenne va permettre de maintenir des primes de terme très basses, des taux d'intérêt très bas, et aideront, on l'espère, les pays à aller de l'avant avec des programmes de relance. On attend d'ailleurs beaucoup de Christine Lagarde, en tant que politicienne, pour intégrer cette partie relance fiscale en mettant tous les dirigeants européens autour d'une table pour en discuter. "La BCE a en outre encore pas mal de latitude parce que le montant des rachats d'actifs est un peu faible et qu'elle peut encore l'augmenter, sans parler d'achats d'autres actifs comme des actions, à l'image de ce que fait la Banque du Japon. Ils ne sont donc pas à court de munitions si jamais il fallait en faire plus à l'avenir." 3/ La Réserve fédérale et la Banque du Japon suivront-elles le mouvement la semaine prochaine en se montrant elles aussi accommodantes ? Valentin Bissat - "Il est possible que la BoJ baisse ses taux à court terme, c'est notre scénario. En ce qui concerne la banque centrale américaine, nous pensons qu'elle va baisser les taux en septembre. Après, ce sera très intéressant d'écouter le message de Jerome Powell parce que, selon nous, la Fed ne devrait pas s'engager dans un cycle de baisse des taux comme cela est anticipé par les marchés. On a vu encore cet après-midi l'inflation CPI sous-jacente ressortir à 2,4% sur un an. Sur les variations trimestrielles, nous sommes à des plus hauts depuis plusieurs années, ce qui ne plaide pas pour une Fed très 'dovish' à l'avenir. Il pourrait y avoir des déceptions." Voir aussi : La BCE promet une stimulation "aussi longtemps que nécessaire" Principaux extraits de la conférence de presse de Mario Draghi (Propos receuillis par Patrick Vignal, édité par Marc Angrand)
3 QUESTIONS À-La BCE a encore des munitions, selon Mirabaud
information fournie par Reuters 12/09/2019 à 18:31
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