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Marchés : « Nous revenons vers les émergents » (Pictet AM)
information fournie par Boursorama 22/03/2016 à 14:42

Offensive dans sa stratégie, la société de gestion Pictet AM s'affiche désormais positive sur les perspectives des marchés émergents.

Offensive dans sa stratégie, la société de gestion Pictet AM s'affiche désormais positive sur les perspectives des marchés émergents.

Les indicateurs économiques chinois et américains, qui avaient inquiété en début d'année, commencent  à se stabiliser. Dans ce contexte, c'est l'heure de revenir sur les marchés émergents, à l'exception peut-être du Brésil explique Frédéric Rollin, stratégiste chez Pictet AM.

Rares sont les sociétés de gestion qui font à l'heure actuelle le pari de revenir sur les marchés émergents. Et pour cause : depuis l'année dernière, ceux-ci sont la bête noire des investisseurs qui n'osaient plus s'y risquer à cause de la dégradation des perspectives économiques de ces pays.

Depuis l'été dernier, la chute du prix des matières premières (notamment du pétrole), les inquiétudes sur l'économie chinoise et la récession brésilienne se sont ajoutées à la perte du moteur russe en fin d'année 2014, constituant ce que l'on a appelé la « crise des émergents ».

Pour Frédéric Rollin, stratégiste chez Pictet AM, cette crise des émergents aurait pourtant toutes les chances d'être derrière nous. Les marchés émergents ont d'ailleurs déjà entamé un rebond significatif au cours des dernières semaines, plus important que celui observé sur les marchés développés.

Les matières premières rebondissent

Plusieurs éléments soutiennent l'idée que les perspectives économiques s'améliorent du côté de certains pays émergents.

En premier lieu, le récent rebond des matières premières. « Les commodities se reprennent », mentionne Frédéric Rollin en langage boursier. Très visible sur les cours du pétrole, qui ont repris plus de 40% de leur valeur en seulement six semaines, ce rebond est naturellement de bon augure pour les pays exportateurs de matières premières, dont on s'inquiétait récemment du risque de déstabilisation économique.

La Chine semble se stabiliser

Ensuite, la Chine inquiète moins. Véritable épouvantail des marchés en août dernier, puis en janvier 2016, l'économie chinoise a arrêté d'envoyer des signaux inquiétants depuis plusieurs semaines. Certes, le sujet pourrait revenir sur le tapis à la moindre statistique décevante. Néanmoins, la tendance est à la « stabilisation », explique Frédéric Rollin.

« Il est vrai qu'en Chine, il y a un problème de crédit. L'addition des dettes publiques et privées représentent au total 260% du PIB chinois. C'est plus que dans la plupart des économies développées, et ce ratio augmente encore. Pour autant, plusieurs inquiétudes sont excessives sur l'économie chinoise ».

Le stratégiste détaille : « Tout d'abord, il n'y a pas de bulle immobilière en Chine. Les prix ont beaucoup augmenté ces dernières années, mais cela correspond à une hausse des revenus disponibles des ménages chinois. Ensuite, les Chinois épargnent massivement leurs revenus et cela crée une sécurité pour les perspectives de consommation des ménages, qui se sont d'ailleurs récemment améliorées ».

Le stratégiste souligne la forte reprise des ventes de voitures enregistrée ces derniers mois en Chine après une dégradation significative observée au cours de l'été dernier. Ce pic de consommation serait un effet indirect de la baisse des taux directeurs de la banque centrale chinoise, qui est intervenue à plusieurs reprises depuis un an en abaissant ses taux directeurs pour rassurer les investisseurs, tout en se montrant « modérément accommodante », explique Frédéric Rollin.

Les récentes inquiétudes sur l'économie chinoise étaient cependant concentrées sur l'industrie du pays. Dans ce domaine, « Les Chinois coupent progressivement leurs surcapacités industrielles, notamment dans l'acier, mais cela n'est pas fait sans concertations », affirme le stratégiste. Comprendre : il y a effectivement des faillites dans l'industrie chinoise, mais ce flux de destruction de valeur reste maîtrisé. Les déboires de l'industrie chinoise auraient même du bon à long terme, avec la conservation des entreprises les plus rentables dans un environnement moins concurrentiel.

« Une simple stabilisation de la Chine pourrait provoquer un rallye sur les marchés émergents », résume Frédéric Rollin.

Le dollar s'affaiblit

Enfin, d'autres raisons plus indirectes, liées à l'économie américaine et au dollar, poussent Pictet AM à croire de nouveau aux marchés émergents.

En premier lieu, la Fed a signifié la semaine dernière qu'elle se montrerait extrêmement prudente dans la remontée de ses taux directeurs cette année. Il est désormais certain que les taux américains ne remonteront pas de plus de 50 points de base (0,50%) en 2016, la Fed conservant ainsi une ligne globalement « accommodante ». Conséquence : le dollar s'est récemment affaibli face aux autres monnaies, ce que l'on a pu voir en Europe à travers la remontée de la parité euro-dollar.

Il s'agit d'une bonne nouvelle pour les entreprises des économies émergentes, parfois endettées en dollars. Dans ces pays, le dollar faible est synonyme de faibles risques de défauts de paiements. Il y a quelques mois, les craintes étaient de voir la Fed remonter ses taux de manière régulière en renforçant le dollar face aux autres monnaies. Cette crainte est désormais moins d'actualité.

La consommation des ménages américains reste en forte croissance

Enfin, plus généralement, les indicateurs économiques américains semblent retrouver quelques couleurs après avoir inquiété en début d'année, et la bonne santé américaine n'est pas neutre pour les pays émergents.

Le dernier indice « Empire State » de la Fed de New York a montré que l'industrie américaine semble se stabiliser. Surtout, souligne Frédéric Rollin, la consommation des ménages américains reste sur une dynamique rassurante, avec une croissance de 3% attendue en 2016. Consommation élevée rime avec importations élevées, au bénéfice encore une fois des pays émergents exportateurs.

Malgré cet optimisme, le stratégiste reste prudent en ce qui concerne certains pays émergents où les problèmes actuels ne sont pas seulement de nature économique, comme le Brésil. « Pourtant, même au Brésil, on peut commencer à voir une certaine décélération de la dégradation économique, si une telle formule est correcte » avance Frédéric Rollin, mais les risques restent élevés dans ce pays en proie à une crise politique régulièrement commentée, pesant sur le climat des affaires. Le choix des émergents de la part de Pictet AM reste donc un choix sélectif.

Xavier Bargue (redaction@boursorama.fr)

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