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France-Le Pen et Philippot au bord de la rupture
information fournie par Reuters 19/09/2017 à 14:23

    * La présidente du FN prête à prendre ses "responsabilités" 
    * Le numéro deux dit avoir un "pistolet sur la tempe" 
    * Malaise profond dans le parti 
 
 (Actualisé avec éléments supplémentaires) 
    par Simon Carraud 
    PARIS, 19 septembre (Reuters) - Marine Le Pen et Florian 
Philippot ont fait un pas de plus mardi vers une possible 
rupture qui scellerait la fin de huit années de collaboration 
entre la présidente du Front national et son ex-homme de 
confiance, accusé de manifester des velléités d'émancipation 
avec son association personnelle. 
    La députée du Pas-de-Calais l'a plusieurs fois sommé de 
renoncer à la présidence de ce "laboratoire d'idées", Les 
Patriotes, ce à quoi Florian Philippot répond pour l'instant par 
une fin de non-recevoir.   
    "Si c'est le cas, je prendrai comme présidente du Front 
national mes responsabilités", l'a menacé Marine Le Pen sur RTL, 
sans dire quelle pourrait être la nature de la sanction. 
    "Il sait, je crois, que la création des Patriotes au moment 
des législatives a créé une forme d'émoi au sein du Front 
national (...) et même certaines inquiétudes", a-t-elle ajouté, 
tout en disant lui faire confiance pour "lever ces ambiguïtés". 
    Marine Le Pen l'avait déjà appelé à "clarifier" sa situation 
dans une interview au Parisien de vendredi et, lundi, elle l'a à 
nouveau pressé de rentrer dans le rang lors d'une réunion de 
dirigeants frontistes à Nanterre (Hauts-de-Seine). 
    "Je lui ai répondu, ainsi qu'au bureau politique, que je ne 
comprenais pas du tout cette demande et que je ne pouvais donc 
pas y répondre", a rétorqué mardi le vice-président frontiste 
sur BFM TV. 
    "Je ne comprends pas du tout cette demande et je pense qu'on 
ne fera pas la refondation avec un pistolet sur la tempe", a 
ajouté l'eurodéputé. 
    Lors de ce bureau politique à huis clos, Florian Philippot 
se trouvait en bout de table, lui qui a longtemps joué le rôle 
de plus proche conseiller et de stratège en chef. 
     
    "UN CÔTÉ PASSIONNEL, IRRATIONNEL" 
    L'énarque est entré en 2009 au service de l'héritière de la 
dynastie Le Pen à la suite d'un premier rendez-vous qui a, selon 
elle, viré au "coup de foudre intellectuel".  
    Par la suite, il a connu une rapide ascension dans 
l'appareil frontiste, jusqu'à occuper la vice-présidence à 
partir 2012, au risque de se créer de solides inimitiés. 
    Longtemps, Florian Philippot a été contesté par certains 
cadres mais protégé par la présidente, qui partage ses 
principales orientations, comme l'opposition farouche à l'Union 
européenne, la volonté de "dédiaboliser" le parti lepéniste et 
l'ambition de dépasser le clivage droite-gauche.  
    Cette stratégie s'est heurtée à la présidentielle 
d'avril-mai, conclue par une défaite au second tour avec un 
score en deçà des attentes du parti (33,9%). 
    Marine Le Pen a alors promis une "refondation", qui se 
traduit depuis quatre mois par un débat acerbe entre Florian 
Philippot et ses opposants, pour qui la conquête du pouvoir 
passe par un aggiornamento sur l'euro et une "union des 
droites".    
    "Tout le monde a compris que nos différences sont 
complémentaires mais il y a un côté passionnel, irrationnel dans 
les réactions des uns et des autres, un côté ridicule", déplore 
Jean Messiha, présent au bureau de lundi et joint par Reuters. 
    "Si c'est personnel, il faut le dire", a déclaré Florian 
Philippot sur BFM TV. 
    Il a pris en exemple la situation de Louis Aliot, député des 
Pyrénées-Orientales et compagnon de Marine Le Pen, à qui 
personne n'a jamais reproché de diriger son propre club de 
réflexion, Idées-Nation. 
    Mais, selon le chercheur Gilles Ivaldi, "les tensions autour 
de Florian Philippot s'intègrent dans un cadre plus large, qui 
est celui de la stratégie et du programme avec lesquels le FN 
peut un jour arriver au pouvoir". 
     
    "MACHINE INTELLECTUELLE" 
    "Ils ont aujourd'hui un problème qu'on peut résumer en une 
phrase, c'est qu'ils ne peuvent pas continuer comme avant mais, 
s'ils changent, il y a un risque de perdre leur attrait auprès 
de beaucoup de gens", poursuit-il. 
    Au-delà de la crise actuelle, le parti vit depuis la 
présidentielle un profond malaise, aggravé par le départ de 
Marion Maréchal-Le Pen vers d'autres horizons professionnels et 
l'embarras né de la prestation jugée ratée de Marine Le Pen 
durant le débat de l'entre-deux-tours.     
    "En ce moment, on ne progresse pas, c'est évident. Parce 
qu'on n'est pas suffisamment audibles", a encore dit le 
vice-président du FN sur BFM TV. "Je trouve que la refondation 
se passe mal." 
    Ce processus, qui pourrait aboutir à un changement de nom et 
de siège, est censé s'achever avec un congrès au mois de mars. 
    Se pose désormais la question des conséquences qu'aurait un 
départ du vice-président. 
    "La question est plus l'apport qualitatif que quantitatif de 
Florian Philippot", analyse Jérôme Fourquet, de l'Ifop. "C'est 
une machine intellectuelle qui a amené des jeunes cadres qui 
alimentent le parti en argumentaires."  
    "Or on a vu entre les deux tours (de la présidentielle) que 
le FN et Marine Le Pen elle-même sont cruellement en manque de 
ce type de ressources", toujours selon Jérôme Fourquet. 
    L'histoire du parti d'extrême droite est rythmée par les 
portes qui claquent, comme en 1998-1999, lorsque Bruno Mégret a 
organisé une scission en emmenant avec lui la plupart des cadres 
sans réussir, par la suite, à rivaliser avec Jean-Marie Le Pen. 
 
 (Avec Ingrid Melander, édité par Yves Clarisse) 
 

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