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Engie évince sa directrice générale Isabelle Kocher
information fournie par Reuters 06/02/2020 à 21:31

 (Actualisé avec Le Maire)
    par Benjamin Mallet
    PARIS, 6 février (Reuters) - Le conseil d'administration
d'Engie  ENGIE.PA  a décidé jeudi de ne pas renouveler le mandat
de sa directrice générale Isabelle Kocher, qui prend fin en mai,
afin "d'engager une nouvelle étape de sa transformation et
d’approfondir sa stratégie".
    Un triumvirat constitué autour de Claire Waysand, nommée
directrice générale par intérim, prendra la direction
opérationnelle du groupe pendant la période de transition, a
annoncé le fournisseur d'énergie et de services.
    Claire Waysand sera épaulée par le directeur général des
opérations Paulo Almirante et la directrice financière Judith
Hartmann, a ajouté le groupe dans un communiqué publié à l’issue
d’un conseil d’administration extraordinaire.
    Engie devait à l'origine se prononcer fin février sur la
reconduction ou non d’Isabelle Kocher, en poste depuis 2016 mais
les relations entre la dirigeante et Jean-Pierre Clamadieu,    
selon plusieurs sources au fait du dossier, s’étaient tellement
dégradées au cours des dernières semaines que le groupe a
finalement décidé d'accélérer sa prise de décision.
    "Engie ouvre (...) une nouvelle période de son histoire où
nous devons accélérer la stratégie de transformation, la rendre
plus claire et plus lisible", a déclaré Jean-Pierre Clamadieu
dans un entretien aux Echos. "Isabelle a conduit des
réalisations très positives mais elle n'a pas réussi à démontrer
qu'elle était la bonne personne pour approfondir la mise en
oeuvre de cette transformation."
    Des sources internes à Engie et des observateurs du groupe
indiquaient ces derniers jours que l'Etat, qui détient 24% du
capital et peut en céder tout ou partie depuis le vote de la loi
Pacte, reprochait à Isabelle Kocher de s'être entourée d'une
équipe dirigeante manquant d'envergure et d'avoir informé trop
tardivement le conseil de certaines décisions stratégiques.
    
    "AUCUN PROJET DE DÉMANTÈLEMENT"
    Jeudi soir, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno
Le Maire a dit souhaiter "que le conseil d’administration trouve
rapidement la future directrice générale ou le futur directeur
général, qui aura pour mission de définir une stratégie
industrielle claire et d’accélérer la transformation des
activités du groupe".
    Il avait redit plus tôt que l'Etat, dont les représentants
au conseil d'administration ont voté contre la reconduction,
agirait en fonction des résultats économiques de l'entreprise et
ajouté qu'il n'existait aucun projet de démantèlement du groupe.
 
    "Le débat sur le démantèlement du groupe n'a pas lieu
d'être. Personne au conseil d'administration n'a jamais évoqué
un tel scénario. La période des grandes cessions d'actifs est
derrière nous", a souligné pour sa part Jean-Pierre Clamadieu.
    La progression du cours de Bourse de l'entreprise sous le
mandat d'Isabelle Kocher (+13% environ), jugée trop modeste, a
elle aussi été invoquée pour motiver son éviction.    
    Dans son communiqué, Engie a déclaré que son comité des
nominations allait "engager immédiatement une recherche large
d’un nouveau directeur général".
    "Le groupe doit simplifier son organisation, clarifier ses
options stratégiques, et conforter son modèle de croissance dans
le domaine des énergies renouvelables et des solutions clients",
a ajouté Engie, fixant la feuille de route du prochain DG. "Il
doit également répondre à deux enjeux essentiels que sont la
place du nucléaire dans le mix énergétique de la Belgique et
celle du gaz dans le mix énergétique français."
    La gouvernance d'Engie est devenue ces derniers mois un
sujet politiquement sensible pour le gouvernement, en
particulier parce qu'Isabelle Kocher était la seule femme à la
tête d'une entreprise du CAC 40.
    "S'il y avait 10 ou 15 femmes à la tête de grands groupes
français, on verrait les choses différemment !" a répondu
Jean-Pierre Clamadieu dans son interview aux Echos. 
    Selon des sources internes à Engie ou proches du groupe,
plusieurs noms de candidates potentielles à la direction
générale d'Engie, en interne ou venant de l'externe, circulent
déjà.
    
    TRIBUNE
    Isabelle Kocher, après avoir déjà entretenu des relations
tendues avec l'ancien président d'Engie Gérard Mestrallet, a
régulièrement estimé ces dernières années qu'elle était la cible
de critiques en raison du virage stratégique radical qu'elle a
fait prendre au groupe.
    Sous sa direction, Engie a procédé à quelque 15 milliards
d'euros d'actifs sur la période 2016-2018, principalement dans
la production d'électricité à partir de charbon et dans l'amont
pétrolier et gazier, et a donné la priorité aux énergies
renouvelables, aux infrastructures gazières et aux services.
    Alors que des rumeurs sur sa possible éviction commençaient
à circuler fin 2019, des salariés du groupe ont publiquement
pris position en faveur de son maintien et, plus récemment, des
personnalités de tous bords - dont Anne Hidalgo, Xavier Bertrand
ou encore Cédric Villani et Aurore Bergé - lui ont apporté leur
soutien dans une tribune publiée dans Les Echos, ce que la
présidence d'Engie et l'Etat auraient très mal perçu.
    Dans un communiqué, la CFDT s'inquiète "de la stratégie et
du projet industriel qui sera mis en oeuvre par la prochaine
gouvernance" et souligne son attachement "à la pérennité d'un
groupe fort des secteurs de l'énergie et des services".
    L'administrateur de la CGT a voté contre le renouvellement,
considérant que l'action d'Isabelle Kocher "a conduit à un
affaiblissement progressif du groupe" et "à une perte de métiers
et de compétences", selon un communiqué diffusé par la centrale.

 (Avec Gwénaëlle Barzic, édité par Jean-Stéphane Brosse et
Nicolas Delame)
 

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