
( AFP / ABDESSLAM MIRDASS )
Le Crédit Agricole a publié jeudi de bons résultats au deuxième trimestre mais se veut prudent pour le reste de l'année avec l'entrée en vigueur des droits de douanes américains, à même d'affecter la santé financière de ses clients entreprises.
L'accord commercial annoncé dimanche entre l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis, prévoyant que les produits européens exportés aux Etats-Unis soient taxés à 15%, "aura un impact négatif sur la croissance européenne", a déclaré Olivier Gavalda, le directeur général de l'entité cotée du groupe, Crédit Agricole SA (Casa) lors d'une visioconférence de presse.
Surtout s'il se conjugue avec un dollar faible face à l'euro.
"C'est une des raisons pour lesquelles nous avons décidé de garder des provisions élevées pour, justement, parer à un effet de croissance inférieure pour l'économie européenne", a souligné M. Gavalda.
Les commentaires des économistes du Crédit Agricole, intégrés au communiqué de résultat, ne sont guère encourageants sur l'environnement économique actuel: "guerres ouvertes et des tensions géopolitiques et commerciales puissantes", "offensive protectionniste d’une violence non anticipée" de la part du président américain Donald Trump, "incertitude permanente" du fait de "l'imprévisibilité de la politique commerciale américaine, composée d’annonces fracassantes suivies de revirements partiels"...
Mais les revirements du locataire de la Maison Blanche n'ont pas que des effets négatifs pour la banque, puisque la volatilité des marchés ouvre des opportunités en matière de conseil et de produits pour les banques de financement et d'investissement (BFI).
"Beaucoup de nos clients ont souhaité réaliser des opérations de couverture du fait de l'évolution du dollar contre l'euro, et donc ceci nous a permis de faire de bonnes opérations", a par exemple illustré le patron de la BFI maison, Jean-François Balaÿ.
- Défense italienne -
Le deuxième trimestre a été aussi l'occasion pour le Crédit Agricole de se développer tous azimuts: acquisition du réseau d'agences d'aide à domicile Petits-fils par sa filiale Santé et Territoires, partenariat avec la banque belge Crelan, acquisition de la banque suisse Thaler, spécialisée dans la gestion de fortune...
Les dirigeants du Crédit Agricole ont par ailleurs exprimé leur soutien à la restructuration en cours du spécialiste du paiement Worldline, dont la banque est actionnaire, à commencer par la cession d'un pan entier d’activité annoncée mardi.
M. Gavalda a aussi redit la volonté du groupe de "défendre" ses intérêts en Italie, qui se traduit notamment par la montée au capital du Crédit Agricole dans la troisième banque italienne Banco BPM, un "partenaire industriel" important du groupe.
Le Crédit Agricole a demandé l'autorisation de dépasser la barre des 20% de détention de capital de Banco BPM à la Banque centrale européenne (BCE), sur fond d'offre de rachat d'Unicredit sur Banco BPM, lancée fin novembre dernier et retirée de façon inattendue la semaine passée.
- Plus-value en gestion d'actifs -
Sur le plan des résultats, le géant bancaire a publié jeudi un bénéfice net en hausse de 30,1% sur un an, à 2,64 milliards d'euros, porté notamment par l'activité de sa BFI.
Logées au sein du Crédit Agricole SA (Casa), ces activités contribuent au bénéfice net record de 2,39 milliards d'euros de l'entité cotée au 2e trimestre, en hausse de 30,7% sur un an.
Casa a également bénéficié d'une moindre charge d'impôt par rapport à l'an dernier et d'une plus-value d'environ 300 millions d'euros liée à la finalisation d'un partenariat entre la filiale de gestion d'actifs maison, Amundi, et la société de gestion américaine Victory Capital, gonflant d'autant les profits.
Le produit net bancaire (PNB), équivalent du chiffre d'affaires dans le secteur, ressort en hausse de 3,2% sur un an entre avril et juin, à 9,81 milliards d'euros.
Les boursicoteurs ne sautaient pas pour autant de joie: l'action Casa perdait 0,15% à 16,38 euros vers 10H25.
Malgré le rebond des crédits immobiliers et un trimestre porteur pour les produits d'assurance, les banques de détail en France - les caisses régionales du Crédit Agricole et le LCL - affichent des profits en retrait sur un an.
Petite consolation, leur coût du risque - les sommes provisionnées pour faire face aux éventuels impayés sur les crédits consentis - est en baisse.
Le Crédit Agricole présentera le 18 novembre son plan stratégique pour la période 2026 à 2028.
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