Vallourec entend ménager ses actionnaires. Le fabricant de tubes sans soudure réunira lundi en assemblée générale (AG) les trois banques détentrices de ses bons de souscription d'actions (BSA) émis en 2021 et arrivant à maturité en juin 2026. Le groupe espère qu'elles accepteront aussi de recevoir des actions existantes lors de l'exercice de ces instruments financiers. A ce stade, les conditions actuelles des BSA ne prévoient que la remise d'actions nouvelles lors de leur exercice, ce qui entraînerait la création de 14,2% de titres Vallourec supplémentaires d'ici à juin prochain.
Cette situation délicate trouve son origine dans les difficultés passées du groupe. Lors de la profonde restructuration du groupe engagée en 2021, BNP Paribas, Natixis et la Banque Fédérative du Crédit Mutuel avaient reçu au total 30.342.337 BSA, en compensation de leurs créances au titre de lignes de crédit renouvelables.
L'AG des porteurs de BSA, convoquée afin de permettre la remise, au choix de Vallourec, d'actions nouvelles ou existantes, se tiendra lundi à 10 heures au siège du groupe, à Meudon. Le conseil d'administration de Vallourec est confiant dans l'obtention de l'accord de ses créanciers, estimant que cette évolution s'aligne sur les intérêts des porteurs de BSA, lesquels pourront "recevoir des actions existantes (au lieu d'actions nouvelles)", selon le rapport annexé aux résolutions.
"Il est très probable que les créanciers autorisent lundi Vallourec à leur remettre des actions existantes lors de l'exercice, qui paraît inéluctable, des BSA", anticipe un analyste basé à Paris. En prévision, le groupe devrait intensifier ses rachats d'actions afin de constituer un stock de titres destinés à cet échange, poursuit-il. "Mais, dans une certaine mesure, la dilution des actionnaires demeure inévitable: Vallourec n'a pas la capacité financière de racheter un volume suffisant de ses propres actions pour couvrir l'exercice intégral des BSA", avertit-il, évaluant le coût potentiel de l'opération à environ 500 millions d'euros.
Le coût net de l'opération serait en définitive moins élevé pour Vallourec car en cas d'exercice des BSA, les banques devront lui verser 10,10 euros par titre, soit environ 303 millions d'euros.
Un autre intermédiaire financier souligne qu'"il reste difficile d'estimer précisément la dilution finale qui attend les actionnaires", celle-ci dépendant du montant que Vallourec consacrera aux rachats de titres. Toutefois, selon lui, le cours de Bourse intègre déjà "une large part de cette dilution anticipée". Au cours actuel de 15,40 euros, l'action cède 6,2% depuis le début de l'année. De plus, "le redressement des performances et du bilan de l'entreprise devrait limiter l'impact d'une telle dilution sur son cours de Bourse", ajoute-t-il.
+ Les agences d'évaluation en soutien +
Cette amélioration vient d'être confirmée par les agences d'évaluation S&P Global Ratings et Moody's Ratings, qui ont toutes deux relevé cette semaine leur note de crédit attribuée au groupe, à "BBB-" et "Baa3" respectivement. S&P Global Ratings apprécie notamment le caractère "durable" de l'amélioration des marges de Vallourec, soulignant la résilience de son modèle d'affaires, tandis que Moody's Ratings salue le recentrage du groupe "sur des produits à plus forte valeur ajoutée et la réduction substantielle de ses coûts fixes industriels depuis 2022".
Vallourec pointe à présent dans la catégorie "investment grade" des trois grandes agences d'évaluation que sont S&P Global Ratings, Moody's Ratings et Fitch Ratings. Cette reconnaissance illustre "la solidité de notre situation financière et notre performance durable de génération de trésorerie", a commenté Philippe Guillemot, le PDG de l'entreprise, cité dans un communiqué envoyé jeudi soir. "A l'avenir, nous prévoyons une amélioration continue de la conversion du résultat en génération de trésorerie à mesure que les coûts de restructuration initiaux du plan 'New Vallourec' s'estompent et que nos actions stratégiques continuent de produire une croissance profitable", a complété le dirigeant.
Le groupe sort d'un quinquennat éprouvant, marqué par l'effondrement de ses marchés finaux au plus fort de la crise sanitaire, qui avait profondément fragilisé son bilan. Grâce à un vaste plan d'économies, à des réductions d'effectifs, à la fermeture de ses principaux foyers de pertes en Europe et à une restructuration de son capital, Vallourec s'est entièrement désendetté. Au 31 décembre 2024, le groupe affichait une trésorerie nette de 21 millions d'euros, alors que sa dette nette s'élevait à 570 millions d'euros un an plus tôt et à 1,13 milliard d'euros à fin 2023.
Signe du rétablissement de Vallourec, un gérant considère que Vallourec pourrait consacrer une partie des quelque 300 millions d'euros susceptibles de provenir de l'exercice des BSA par les banques au rachat anticipé d'une fraction de sa dette obligataire. Cela marquerait une étape supplémentaire dans la normalisation financière du groupe et confirmerait la capacité des dirigeants à convertir le redressement opérationnel en leviers concrets d'amélioration du profil de risque