Une réunion a eu lieu le 6 février entre des analystes financiers et le PDG d’Arcelormittal, Aditya Mittal. À la question «Prévoyez-vous d’acquérir la totalité du capital de Vallourec ?», Aditya Mittal a répondu : «Vallourec a de beaux actifs. L’équipe de direction fait un excellent travail. Nous sommes très satisfaits de notre investissement. À ce stade, nous n’avons pas l’intention d’augmenter notre participation.»
interview de Philippe guillemot :
Votre entreprise est spécialisée dans la conception, la fabrication et la commercialisation de tubes premium en acier et sans soudure, destinés notamment aux groupes pétroliers, gaziers et pétrochimiques. Vous avez récemment présenté vos résultats pour l’année 2024. Quels sont les faits marquants de cette publication ?
Philippe Guillemot : Tout d’abord, il est important de noter la résilience de notre performance. Malgré une année 2024 marquée par la baisse de notre chiffre d’affaires en Amérique du Nord, principal contributeur à nos résultats, nous avons réussi à maintenir un très bon niveau de marge de résultat brut d’exploitation, à 21%.
Ensuite, avec un an d’avance, nous avons atteint notre objectif de ramener notre dette nette à zéro, tout en affichant une trésorerie nette de 21 millions d’euros.
Enfin, nous avions précisé en 2023 notre intention de récompenser, dès que possible, la fidélité de nos actionnaires. C’est désormais chose faite puisque nous allons proposer de leur verser cette année un dividende de 1,50 euro par action.
Ces résultats reflètent l’énorme travail mené par l’ensemble des équipes depuis mon arrivée à la tête de la société en 2022. Aujourd’hui, Vallourec n’est plus seulement une entreprise redressée, elle est aussi un groupe profondément transformé.
Le quatrième trimestre 2024 marque une nette reprise de votre activité par rapport au troisième trimestre 2024. Ce quatrième trimestre inaugure-t-il une année 2025 dynamique ?
Philippe Guillemot : Pour le premier trimestre 2025, nous anticipons un résultat brut d’exploitation compris entre 180 et 215 millions d’euros – il était de 214 millions d’euros au quatrième trimestre 2024. À la fin de l’année 2024, ainsi qu’au début de l’année 2025, nous avons enregistré une hausse significative des commandes, qui sera pleinement effective sur notre activité au cours du second semestre 2025.
Aussi, nous devrions assister à une montée en puissance de nos performances tout au long de cette année et enregistrer, fin 2025, un niveau de profitabilité élevé, qui nous permettra de débuter l’année 2026 dans les conditions les plus favorables.
Donald Trump a indiqué son intention d’appliquer des droits de douane de 25% sur les produits européens. Quel serait l’impact sur vos résultats ?
Philippe Guillemot : La totalité des produits on shore (installations terrestres) que nous vendons dans ce pays est produit aux États-Unis. Aussi, l’augmentation des droits de douane à l’encontre de l’Europe ne nous impactera pas. Je dirai même qu’il pourrait avoir un effet positif sur notre activité, car de telles mesures protectionnistes favoriseraient les producteurs locaux, dont nous faisons partie.
Le secteur du pétrole, du gaz et de la pétrochimie demeure, de loin, le principal contributeur à votre activité. Il a concentré à lui seul 79% du chiffre d’affaires en 2024. Pourtant, certains analystes prédisaient une baisse des investissements de ces majors. Comment expliquez-vous leur bonne résistance ?
Philippe Guillemot : Pour assurer sa croissance et son développement, l’économie mondiale a besoin de produire et de consommer toujours plus d’énergie. Aussi, faut-il être pragmatique et admettre qu’il faudra du temps avant que les énergies renouvelables soient en capacité de couvrir l’intégralité de nos besoins.
En attendant, le pétrole, et le gaz de manière croissante, vont assurer cette indispensable période de transition. Et nous sommes parfaitement positionnés puisque nous commercialisons des solutions tubulaires premium capables de répondre à de fortes contraintes technologiques et techniques.
En août 2024, vous avez changé d’actionnaire de référence. Le fonds américain Apollo, qui était d’ailleurs à l’origine de votre arrivée chez Vallourec, a cédé sa participation au sidérurgiste Arcelormittal, qui détient désormais 27,5% du capital. Qu’est-ce que cela change pour vous ? Cette situation préfigure- t-elle une possible OPA ?
Philippe Guillemot : Nous avons désormais un actionnaire industriel dont l’objectif est d’être présent sur le long terme, alors qu’Apollo avait par définition une approche à moyen terme. Sur les intentions d’Arcelormittal quant à une éventuelle OPA, je vous renvoie aux déclarations récentes de leur dirigeant (1). Une chose est sûre, ils ont réalisé une bonne opération financière, car lors de l’acquisition le cours de l’action était de 14,64 euros et six mois plus tard il est proche de 19 euros.
Prévoyez-vous pour 2025 de nouvelles cessions et/ou acquisitions ? Recherchez-vous avant tout des acquisitions ciblées d’entreprises dont la compétence va apporter de la valeur ajoutée à vos produits, à l’image du brésilien Thermotite, acheté en 2024 et spécialisé dans les services de revêtement isolant thermique pour les pipelines de l’industrie pétrolière et gazière offshore ?
Philippe Guillemot : Toutes les cessions prévues dans le cadre du plan New Vallourec, qui concernaient notamment nos sites de production en Allemagne, ont été menées avec succès. Le nouveau Vallourec peut désormais se positionner en acteur consolidateur du marché. Que de chemin parcouru depuis 3 ans ! Car en 2022 les investisseurs se demandaient plutôt qui pourrait racheter Vallourec.
La société poursuit sa stratégie de développement, qui vise à renforcer son excellence opérationnelle, à privilégier la valeur sur le volume et la montée en gamme de nos produits. De nouvelles acquisitions pourront être envisagées si elles répondent à ces objectifs tout en respectant notre discipline financière.
