comment la pénurie de composants booste l'activité de toute une filière en Auvergne Rhône-Alpes
REPORTAGE. Les composants électroniques, désormais considérés comme un nouvel enjeu de souveraineté nationale, manquent à l'appel au sein de plusieurs industries clientes qui ont entamé leur mue vers la digitalisation : automobile, objets connectés, 5G, produits électroniques, etc... En région grenobloise, l'écosystème local, bâti autour de plusieurs grands noms de la microélectronique (Soitec, STMicroelectronics, Lynred, CEA Leti...) se trouve en pleine effervescence, jusque dans les rangs de ses fournisseurs, TPE et PME, qui s'attèlent à accompagner la montée en charge des capacités de production.
Marie Lyan
26 Nov 2021, 11:30
14 mn
Face à une demande grandissante, l'industrie de la microélectronique régionale a mis les bouchées doubles pour produire davantage et répondre à de nouveaux débouchés. Mais elle fait face, outre à des délais d'approvisionnement rallongés sur certains produits, à une guerre des talents grandissante, compte-tenu de l'essor de nombreux projets de montée en production, y compris en local.
Face à une demande grandissante, l'industrie de la microélectronique régionale a mis les bouchées doubles pour produire davantage et répondre à de nouveaux débouchés. Mais elle fait face, outre à des délais d'approvisionnement rallongés sur certains produits, à une guerre des talents grandissante, compte-tenu de l'essor de nombreux projets de montée en production, y compris en local. (Crédits : DR)
En Isère, les carnets de commandes des industriels de la microélectronique ne semblent pas prêts de se tarir. A l'échelle du bassin grenoblois, où se concentrent de grands noms du secteur (Soitec, STMicroelectronics, Lynred, CEA Leti...) ainsi que des pépites en plein essor, c'est tout un écosystème local qui bénéficie de l'accroissement de la demande en composants électroniques, allant des industriels qui produisent les puces et capteurs, à leurs sous-traitants qui installent des équipements pour les aider à produire.
Ici, la pénurie n'est pas vraiment à l'ordre du jour -même si certaines tensions et allongements de délais peuvent subsister sur certains points de la chaîne d'approvisionnement mais également sur le volet des compétences, pour une filière qui fait face à des enjeux de montée en production forts au coeur des derniers mois.
"La pénurie dont on parle aujourd'hui n'est pas une pénurie en tant que telle, mais plutôt la non adéquation de l'offre par rapport à la demande. Car on n'a, au contraire, jamais produit autant de composants à travers la monde, nous ne sommes donc pas sur une rareté, mais sur le fait que les entreprises ne parviennent pas à fabriquer tous les composants dont on a besoin aujourd'hui", rappelle Jean-Eric Michallet, délégué général du pôle de compétitivité des technologies du numérique.
Et pour cause : les besoins des industriels d'hier croisent les grands plans de recrutement des acteurs qui émergent, à l'image du fabricant de MicroLEDS pour écrans nouvelle génération Aledia, issu lui aussi de la microélectronique et notamment du CEA Leti, et qui vient de poser la première brique d'un bâtiment de production prévu pour sortir de terre fin 2022. Avec à la clé, près de 500 recrutements d'ici 2025.
Des grands noms aux nouveaux entrants
Du côté des leaders établis, on sait déjà que Soitec, qui fabrique la base même des composants électroniques avec ses substrats FDSOI, prévoit de recruter massivement (de 800 salariés il y a cinq ans à 1.800 aujourd'hui, il compte encore de doubler ses effectifs sur les cinq prochaines années, ndlrr) pour soutenir sa croissance à venir, avec l'objectif d'atteindre désormais les 975 millions de dollars de chiffre d'affaires d'ici 2025/2026.
Non loin de lui, le fabricant franco-italien STMicroelectroniques, qui produit notamment des microcontrôleurs nécessaires à différentes industries dont celle de l'automobile dans son usine de Crolles, prévoit lui aussi une importante montée en charge d'ici 2025 sur ses usines françaises et italiennes. Objectif : parvenir à doubler ses capacités de production, pour avancer là aussi sa cible de croissance à 12 milliards d'euros chiffre d'affaires d'ici désormais fin 2022.
Mais c'est plus largement l'ensemble du secteur de la microélectronique et de ses sous-traitants qui connaît, depuis plusieurs mois, une phase de montée en puissance qui se poursuit et touche différents maillons de la chaîne.
"Sur le bassin grenoblois, on a deux locomotives qui sont STMicroelectronics et Soitec, qui investissent tous deux dans de nouvelles capacités et qui vont engager plusieurs centaines de personnes chacun, mais également d'autres acteurs comme Tronics, Lynred, E2V, dont les salles blanches tournent aussi à plein régime, ainsi que tout un réseau de sous-traitants (intégrateurs, entreprises spécialisées dans l'équipement de salles blanches ou de machines de production, d'instrumentation, etc)", reprend Jean-Eric Michallet.