L’accord de licence signé par Ose Immunotherapeutics avec la big pharma américaine Abbvie est un événement majeur pour la biotech nantaise qui avance sur plusieurs innovations de rupture, déclinant sa connaissance scientifique du système immunitaire associée à un savoir-faire dans l’ingénierie moléculaire.
Un accord sans précédent. « Nous n'avions jamais touché une telle somme en une seule fois », mentionne Nicolas Poirier, directeur général de la biotech nantaise Ose Immunotherapeutics (60 salariés) au sujet de l'accord récemment annoncé avec la big Pharma américaine Abbvie sur le candidat-médicament Ose-230. Il en effet peu fréquent qu’un industriel paie une telle somme (48 M$ avec la possibilité de recevoir 665 M$ supplémentaires) pour un candidat médicament encore très en amont des développements cliniques.
Des partenariats pour 2,1 Mds€. L’accord avec Abbvie porte à 2,1 Mds€ le montant en paiements d’étape que l’entreprise nantaise pourrait recevoir. Cette somme inclue les accords précédents signés avec Boehringer Ingelheim (1,1 Md€ dont 65 M€ reçus), pour deux produits en oncologie, et avec Veloxis Pharmaceuticals (315 M€ dont 13,9 M€), sur la transplantation rénale. A ce stade, sur ce total, Ose Immunotherapeutics a touché 180 M€.
Le principe des « milestone ». Ces paiements se débloquent à chaque fois que ces partenaires franchissent avec succès des étapes ou « milestones ». Cela peut être une nouvelle phase d’essais cliniques ou l’obtention d’une autorisation sur un territoire donné… Par la suite, si ces candidats médicaments aboutissent, l’entreprise touchera des royalties, ce qui représentera un changement d’échelle financièrement.
Des financements pour deux ans. Selon Nicolas Poirier, ces accords et les versements confèrent à l’entreprise deux ans de sécurité financière dans un domaine ou un an est déjà un laps de temps « confortable ». Sachant que le développement d’un médicament va désormais au-delà d’1 Md€. Ces rentrées d’argent permettront notamment de faire aboutir le vaccin Tedopi. Un premier produit contre le cancer du poumon dont la mise sur le marché est espéré dans 3 ans. Il est porté par Ose Immunotherapeutics seule.
Une innovation de rupture. Plusieurs industriels autres qu’Abbvie avaient manifesté leur intérêt pour l’Ose-230 que Nicolas Poirier décrit comme « une innovation de rupture, une première mondiale ». Ce produit, basé sur les travaux du chercheur d’Harvard Charles Serhan, est donc un anticorps monoclonal pour la résolution de l’inflammation chronique et sévère de type maladie de Crohn, rectocolite, diabète de type 1, sclérose en plaques, polyarthrite, asthme sévère, bronchopneumopathie chronique obstructive…
Alternative aux anti-inflammatoires. « Ces maladies sont aujourd'hui gérées par des anti-inflammatoires avec lesquels on essaie de bloquer des molécules responsables de l’inflammation, ce qui correspond à un retour en arrière, à faire en sorte que l’inflammation n’ait pas eu lieu », simplifie Nicolas Poirier. Or, cette solution n’est bénéfique que pour 30 % des patients. L’approche de l’Ose-230, qui peut être combinée avec d’autres solutions, est « pro-résolutive », décrypte le scientifique qui parle d'un processus actif « à la manière d’un interrupteur capable d’éteindre l’inflammation. »
L’alliance de la science et de l’ingénierie. Ce candidat-médicament est l’une des déclinaisons des savoir-faire d’Ose Immunotherapeutics dans la connaissance du système immunitaire, « ou comment ce dernier fonctionne ou dysfonctionne », résume Nicolas Poirier. L’entreprise a su associer cette connaissance scientifique à une expertise d’ingénierie moléculaire « ou comment fabriquer ces molécules sur mesure pour qu'elles allument ou éteignent le récepteur voulu. »
Un large portefeuille. Ce fil conducteur se décline en trois plateformes dont celle des anticorps monoclonaux pro-résolutif d’où vient l’Ose-230, une plateforme de point de contrôle myéloïdes visant les tumeurs solides avancées (des produits sont développés avec Boehringer Ingelheim) et une plateforme cytokines, ces messagers entre les cellules du système immunitaires. De ces plateformes émanent au moins 7 candidats médicaments dont, notamment, l’Ose-127 contre la rectocolite hémorragique qui est dans l’attente de résultats, cet été, ce qui pourrait permettre d’engager une phase 3.