Nanobiotix a trouvé un partenaire de poids pour son candidat-médicament. Et signe un accord d’une ampleur rare dans le paysage des biotechs françaises. La biotech, basée à Paris, vient d’annoncer la signature d’un accord de licence globale avec le géant américain Johnson & Johnson (J&J). Le contrat concerne plus particulièrement le NBTXR3, son candidat-médicament évalué en phase III contre les cancers (carcinomes épidermoïdes) de la tête et du cou localement avancés. Ce produit est injecté directement dans la tumeur, il est destiné à améliorer l’efficacité de la radiothérapie dans le traitement du cancer.
Avec cet accord, J&J, via sa filiale Janssen, récupère une licence exclusive pour le développement et la commercialisation du composé, à l’exception des territoires précédemment couverts par le partenariat avec LianBio. En 2021, Nanobiotix s’était en effet entendu avec LianBio pour un accord de commercialisation dans la région Asie-Pacifique.
« Nous savions que l’impact de NBTXR3 résiderait dans son potentiel à aider des millions de patients à travers le monde. Pour cela, nous devions trouver le bon partenaire, au bon moment, avec des capacités de développement et de commercialisation à l’échelle mondiale », s’est félicité Laurent Levy, président du directoire de Nanobiotix.
Dans ce cadre, difficile de faire mieux qu’en signant un contrat avec le numéro deux mondial de l’industrie pharma. Et le dirigeant peut d’autant plus se réjouir que le contrat avec J&J est valorisé à plusieurs milliards de dollars potentiels.
Des montants rares pour une biotech française
L’accord se décompose en plusieurs volets, comme souvent dans ce type de contrat, avec des paiements conditionnés à la réussite du médicament. À court terme, Nanobiotix recevra un paiement initial d’une valeur de 30 M$, assortis d’un complément possible de 30 M$, une somme qualifiée de support opérationnel « que Janssen pourra fournir à sa seule discrétion », précise la biotech dans un communiqué.
Nanobiotix poursuivra le développement clinique en phase III et continuera d’assurer la fabrication de son produit phare. Le laboratoire américain sera, lui, en charge de démarrer une étude de phase II évaluant le candidat-médicament contre le cancer du poumon.
Au total, la biotech pourrait recevoir jusqu’à 1,8 milliard de dollars (1,6 Mrd €) de paiements d’étapes, selon la réussite du médicament. Si le NBTXR3 arrivait sur le marché, Nanobiotix recevrait également des redevances à deux chiffres sur les ventes nettes du produit.
D'autres indications espérées
Au-delà, l’accord prévoit également de possibles succès sur d’autres indications. Nanobiotix pourrait ainsi recevoir jusqu’à 650 M$ en fonction du succès du candidat-médicament sur cinq indications additionnelles que Janssen se laisse le droit d’initier. La biotech a déjà avancé des études de faisabilité, en cours ou terminées, notamment sur le cancer colorectal et ceux du foie, du pancréas ou de l'œsophage.
En accord avec le laboratoire américain, Nanobiotix pourrait recevoir des paiements complémentaires pour toute nouvelle indication que la biotech développerait en propre et pour un montant allant jusqu’à 220 M$. De quoi envisager l’avenir avec sérénité pour la biotech.
« Nous nous attendons à ce que cet accord de collaboration permette de stimuler encore davantage l’expansion du développement de NBTXR3 et accélère la réalisation de ses promesses pour les patients », a projeté Bart van Rhijn, directeur financier de Nanobiotix. Et au-delà de ce contrat record, J&J pourrait afficher un gage de confiance supplémentaire en investissant jusqu’à 30 M$ dans le capital de la biotech.
Avec autant de bonnes nouvelles, le cours de Nanobiotix a bondi à l’ouverture, de plus de 50 %, sur le marché de l’Euronext. Alors que la trésorerie de la biotech suscitait des inquiétudes, en ayant fondu de moitié entre 2021 et 2022, Nanobiotix voit désormais son horizon dégagé. La biotech pourra attendre patiemment les premiers résultats d'efficacité de sa phase III, attendus pour 2024.