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Le repreneur de sites industriels Europlasma, dont l'offre de reprise de Novasco a été rejetée lundi en raison d'"incertitudes", présente des résultats financiers dégradés et les interrogations vont croissantes quant à sa capacité à atteindre ses ambitieux objectifs.
Où va Europlasma? Ce repreneur de sites industriels en difficulté, dont l'offre de reprise de Novasco a été rejetée lundi en raison d'"incertitudes", présente des résultats financiers dégradés et les interrogations vont croissantes quant à sa capacité à atteindre ses ambitieux objectifs.
Le tribunal de commerce de Strasbourg a préféré assumer un lourd bilan social (500 emplois en moins et plusieurs sites industriels) dans la reprise du groupe Novasco (ex-Ascométal), plutôt que de le confier à Europlasma, mieux disant sur le plan social.
Qui est Europlasma?
Europlasma, basé dans les Landes, a repris plusieurs grands noms de l'industrie française: Valdunes, spécialiste des roues et essieux pour le transport ferroviaire; les forges de Tarbes, fournisseur de la Défense nationale et la Fonderie de Bretagne, héritière des forges d'Hennebont et longtemps prestataire de Renault.
Mais le groupe a communiqué fin octobre sur son site des résultats financiers très négatifs pour le premier semestre 2025: plus de 27 millions d'euros de pertes nettes pour un peu moins de 33 millions d'euros de chiffre d'affaires, et un excédent brut d'exploitation (Ebitda), indicateur de rentabilité, négatif à près de 11 millions d'euros.
Bruno Jacquemin, délégué général de l’A3M Alliance Minerais - 12/08
Bruno Jacquemin,
délégué général de l’A3M Alliance Minerais - 12/08
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Europlasma y fait preuve d'optimisme, assurant que ses activités industrielles "peuvent s'appuyer sur des carnets de commandes fournis et des débouchés commerciaux dynamiques, en particulier dans les secteurs de la défense et du ferroviaire, véritables moteurs de croissance du groupe".
Il entend réorienter en partie son outil industriel à destination de la défense, par exemple en fabriquant en Bretagne des corps creux pour la fabrication d'obus de mortier. Mais les préparatifs ont été plus longs qu'envisagé et il est désormais prévu d'y débuter cette production "courant 2026".
Qu'est-ce qui bloque?
Les salariés de l'entité bretonne ont déclenché un droit d'alerte économique, manifestant leur "manque de confiance" envers Europlasma après le licenciement inopiné du directeur général du site,
Jérôme Dupont.
Un point d'étape, organisé lundi par le ministre délégué chargé de l'Industrie Sébastien Martin, n'a pas permis de lever les doutes, selon Maël Le Goff, secrétaire général CGT de Fonderie de Bretagne, interrogé par l'AFP.
"Europlasma a affirmé qu'ils mettaient 2 millions d'euros sur la table cette semaine", et que les prototypes réalisés par le site breton devaient être "mis à l'épreuve" avant que les commandes n'arrivent, a-t-il observé.
À la barre du tribunal de commerce, l'industriel avait promis d'investir 15 millions en trois ans sur le site, dont 7,5 millions d'euros en 2025.
"Il en a mis 2,5 pour l'instant, il en a 5 à mettre d'ici la fin de l'année", a observé Maël Le Goff, qui attend maintenant "du concret".
Le cabinet du ministre n'a pas souhaité faire de commentaire. Quant aux commandes, Europlasma se prévalait à la barre du tribunal de "lettres d'intention" émanant de "potentiels partenaires notamment Thales", géant de l'armement, selon le jugement du Tribunal de commerce de Rennes prononcé le 25 avril 2025. Interrogé par l'AFP, Thales n'a pas souhaité faire de commentaire.
Quels moyens?
L'entreprise, cotée sur le segment Euronext Growth, a-t-elle les moyens de ses ambitions? Plusieurs spécialistes des marchés financiers pointent du doigt le recours régulier à un financement via des "OCABSA", obligations convertibles en actions.
Les entreprises qui recourent à ce type de financement auprès de fonds, n'ont le plus souvent "plus accès à d'autres possibilités de financement", en raison d'une "situation financière dégradée ou de perspectives insuffisantes", explique l'Autorité des marchés financiers (AMF).
En l'occurrence, le bailleur d'Europlasma depuis avril 2024 est une société nommée Environmental Performance Financing, du groupe Alpha Blue Ocean.
Elle "n'a pas vocation à rester actionnaire", avertit l'entreprise elle-même dans sa documentation financière de fin octobre.
Si la société n'honore pas ses dettes, le prêteur obtient une part de son capital, et le met en général en vente, "ce qui peut créer une forte pression baissière sur le cours de l'action", précise Europlasma.
Alpha Blue Ocean a procédé de la sorte dans de multiples dossiers d'entreprises, s'attirant les foudres de petits actionnaires qui ont ainsi perdu une large partie de leur mise, le capital détenu étant ainsi largement dilué.
C'est notamment en raison de ce modèle de financement, ainsi que pour "l'absence de visibilité sur les contrats à date" qui suscitait des doutes sur la viabilité du projet d'Europlasma, que le procureur de la République s'était dit au printemps défavorable à la reprise de Fonderie de Bretagne.
CR avec AFP