EUROPLASMA : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-eco-avec/l-eco-avec-du-jeudi-1

saumure

15 mai 2025 •10:15

Europlasma, c’est d’abord et avant tout une collection d’entreprises. Fin avril, le tribunal de commerce de Rennes l'a autorisé à racheter la Fonderie de Bretagne qui avait été placée en redressement judiciaire en début d’année. Près de 285 emplois ont été sauvés avec un nouvel objectif pour la fonderie de Bretagne : devenir le leader européen des obus.

L’an passé, Europlasma a aussi racheté à la barre du tribunal, pour une bouchée de pain, Valdunes, le dernier fabricant français d’essieu et de roues de train. Là, 300 emplois étaient en jeu. Et puis en 2021, c’était au tour des Forges de Tarbes, l’unique fabricant des obus du fameux canon Caesar.

Je ne vais pas vous passer en revue toutes les acquisitions d’Europlasma, mais les cibles sont toujours les mêmes : des entreprises industrielles au bord de la faillite, des dizaines voire des centaines d’emplois menacés et surtout pas d’autre repreneur au tribunal. Et toujours la même promesse : les redresser pour les faire grandir.
Un problème alors se pose : d'où vient l'argent ?

Sur les six dernières années, Europlasma n’a jamais fait le moindre euro de bénéfices. Rien que sur l’année 2023 - la dernière où les comptes sont disponibles -, l’équation financière est terrible : 15,4 millions d’euros de chiffre d’affaires ; 14,7 millions de pertes. La société, cotée sur Euronext - dans le segment des petites boîtes en forte croissance - a perdu 99 % de sa valeur depuis 2019. Et le cours de l’action cotait encore hier soir seulement : 0,012 centime.

Derrière toutes les opérations d’Europlasma ces dernières années, il y a toujours la même technique boursière au nom barbare : des OCABSA, des obligations convertibles en actions. Une technique très risquée dans le viseur de l’autorité des marchés financiers, le gendarme de la Bourse. Et il y a surtout toujours le même fonds d’investissement à la manœuvre : Alpha Blue Ocean, un fonds installé à Dubaï et aux Bahamas, un des paradis fiscaux les plus opaques de la planète. Alpha Blue Ocean a été condamné fin 2024 par l’Autorité des marchés financiers dans une autre affaire, cette fois c'étaient des mines d’or en Guyane.

Alors, oui, il faut sauver nos industries et les emplois. Mais est-ce normal que ce soit cette finance casino et les paradis fiscaux qui le fassent ?