Il y a 4 ans, les Forges de Tarbes étaient au bord de la liquidation judiciaire. Elles croulent aujourd'hui sous les commandes avec un objectif principal pour 2025 : augmenter la cadence de production des corps d'obus de 155 mm destinés à l'Ukraine et au réarmement des forces européennes.
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La renaissance des Forges de Tarbes. Avec le conflit qui se poursuit en Ukraine et les enjeux de réarmement des forces européennes, le site retrouve un second souffle et veut augmenter ses cadences.
Objectif 15 000 obus par mois
Sur le site de la société française Europlasma qui y emploie 80 salariés, l'objectif est clair : il faut doubler le volume de production. Le site tarbais est le seul en France à produire des corps creux, qui sont ensuite envoyés à la société KNDS, qui dote les obus de leur charge explosive.
Les Forges de Tarbes envisagent de doubler leur production d'obus en 2025.
Les Forges de Tarbes envisagent de doubler leur production d'obus en 2025. • © ED JONES / AFP
"Nous sommes passés d'une production quasi à l'arrêt en 2022 à pas loin de 60.000 corps d'obus en 2024. En ce moment, notre rythme hebdomadaire est de 2.000 obus par semaine et on a l'ambition à la fin de l'année d'en produire 15.000 par mois", précise à l'AFP Jérôme Garnache-Creuillot, PDG d'Europlasma. Les Russes, eux, produisent 50.000 obus par jour, observe-t-il à titre indicatif.
L'Ukraine mais pas que
À Tarbes, Europlasma fabrique des obus de "155 mm standard Otan" et de "152 mm standard Pacte de Varsovie" pour des pays de l'Est. La guerre en Ukraine depuis 2022 et les récents projets de réarmement européen invitent les industriels à redimensionner leur outil de production.
Les obus pour l'Ukraine représentent une part importante de la production, mais l'activité ne dépend pas seulement du conflit entre Moscou et Kiev. Europlasma fait savoir qu'un des derniers contrats signés l'a été avec la République tchèque, pour 50.000 corps d'obus, dont 31.000 à livrer en 2025. La capacité des Forges de Tarbes pourra être poussée au maximum à 20.000 obus par jour, estime le PDG d'Europlasma.
Des problèmes de main-d’œuvre
Ces projectiles sont utilisés par les canons français Caesar, qui se sont imposés sur le champ de bataille ukrainien contre la Russie : "L'idée c'est de produire aux Forges de Tarbes et demain, d'être en mesure de fabriquer des obus de gros calibre à Valdunes", dans le département du Nord, où Europlasma a racheté en 2024 le dernier fabricant français de roues de trains, en faillite.
Mais pour monter en puissance, les Forges de Tarbes se heurtent à des difficultés de recrutement et d'acquisition de machines-outils : "On a du mal à trouver de la main-d’œuvre qualifiée ou très qualifiée, on manque de chaudronniers, de forgerons, de soudeurs", regrette le PDG d'Europlasma. Pour les machines et les moules permettant de fabriquer les ogives, ce sont surtout les délais de livraison qui sont en cause, souvent doublés en ces temps de forte demande.
"Depuis le début du conflit, la France a livré 30.000 obus de ce type à Kiev, et l'objectif pour 2025 est d'en livrer 80.000 unités", indiquait le ministère français des Armées en janvier. "Il nous faut une augmentation très rapide des capacités de défense européennes", avait également lancé à la mi-mars la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen devant le Parlement européen à Strasbourg.
L'Europe produit désormais près de deux millions d'obus par an, contre 300.000 à 400.000 avant la guerre en Ukraine. Une progression qui devrait se poursuivre.