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Logo Inserm HeaderEnglishOuvrir la rechercheFermer la rechercheMenuDéveloppement du médicamentDe l’éprouvette à la pharmacieModifié le : 05/07/2017 Publié le : 17/07/2013 Temps de lecture : 12 minPhase préclinique, clinique, obtention de l’autorisation de mise sur le marché… Près de 15 ans sont nécessaires pour qu’une molécule d’intérêt thérapeutique devienne un « vrai médicament » (hors dispositifs médicaux).Un parcours long et très réglementé qui aura raison de nombreuses molécules candidates se révélant finalement mal tolérées ou insuffisamment efficaces.Dossier réalisé en collaboration avec Bernard Bégaud, directeur de l’unité 657 Inserm/Université Bordeaux Segalen, Céline Cortot, directrice de la communication d’Inserm Transfert, Jean-Christophe Hébert, directeur du département des affaires juridiques de l’Inserm, François Hirsch, adjoint au directeur de l’Institut thématique multi-organismes Technologie pour la santé (Aviesan) et François Lachapelle, chef du Bureau de l’expérimentation animale de l’Inserm et président du Gircor. Comprendre les grandes étapes du développement d’un médicamentParmi les étapes clés du développement d’un médicament, la phase préclinique permet d’évaluer une molécule sur des cellules en culture (in vitro) et chez l’animal (in vivo). La phase clinique permet ensuite de passer chez l’homme, pour tester la molécule chez des personnes saines puis évaluer sa sécurité et son intérêt chez des malades. Si le médicament s’avère sûr et efficace, l’entreprise qui souhaite le commercialiser doit encore patienter un à trois ans pour obtenir une autorisation de mise sur le marché par les autorités sanitaires ainsi qu’un prix et un taux de remboursement si le médicament y est éligible. Alors seulement, le médicament gagnera les rayons des pharmacies. La pharmaco-épidémiologie qui inclut la pharmacovigilance prend alors le relais pour évaluer la sécurité du médicament et son bénéfice thérapeutique en situation « réelle ». Inserm Transfert, révélateur d’innovations thérapeutiques Inserm Transfert permet à de nouveaux médicaments de voir le jour à partir des découvertes des chercheurs de l’Inserm. Cette filiale de l’Inserm détecte les projets à fort potentiel médical et industriel, dépose et gère les brevets destinés à les protéger et conseille les chercheurs dans leur valorisation. Certains se lancent dans la création d’entreprise pour valoriser leur découverte, d’autres développeront leur projet à travers un partenariat avec un laboratoire pharmaceutique. Inserm Transfert accompagne alors les futurs entrepreneurs dans leurs démarches ou négocie et gère les contrats avec les industriels. L’objectif est toujours de valoriser les découvertes des chercheurs en préservant leurs intérêts et ceux de l’Inserm. En 2012, Inserm Transfert accompagnait une trentaine de projets entreprenariaux, 140 nouvelles demandes de brevets et générait plus de 30 millions d’euros de revenus issus de contrats de licence et de partenariats de recherche. Des sociétés comme Innate Pharma, Transgène, Genfit ou encore Hybrigenics, aujourd’hui cotées en bourse, ont par exemple été créées à partir de technologies de l’Inserm. Plusieurs médicaments ont vu le jour dont le célèbre Tiorfan® indiqué en cas de diarrhée aigüe mais également Ablatherm HIFU® contre le cancer localisé de la prostate ou encore Catena® contre l’ataxie de Friedreich. Les enjeux, étape par étapeÉvaluation préclinique : les premiers pas du développementLes études précliniques marquent les premiers pas du développement d’un médicament. Elles apportent les données préliminaires sur le comportement d’une molécule dans des cellules mises en culture et au sein d’organismes animaux vivants.Lors de son évaluation préclinique, la molécule d’intérêt est testée sur trois espèces différentes, dont un rongeur. Les données étudiées sont d’ordre pharmacologique, pharmacocinétique et toxicologique : mécanisme d’action, vitesse de diffusion dans l’organisme, distribution de la molécule dans les tissus, dose active, mode de transformation et d’élimination par l’organisme, devenir du composé et impact environnemental, toxicité... Toutes ces données sont obligatoires pour constituer le dossier de demande de commercialisation. En outre, cette étape permet d’estimer la dose à administrer chez l’homme, à partir de la dose sans effet toxique chez l’animal convertie en équivalent-homme. De gros efforts ont été entrepris depuis les années 80 pour limiter le recours aux animaux et améliorer leurs conditions de traitement. Entre 1984 et 1999, le nombre d’animaux utilisés pour le développement de médicaments a diminué de moitié et reste stable depuis. De nouveaux modèles de cellules en culture, ou encore des programmes informatiques de simulations d’effets thérapeutiques sur des cibles données, permettront de réduire encore le recours aux animaux dans les années à venir ou de renoncer à certaines pratiques invasives. Néanmoins, l’expérimentation animale sur des organismes vivants et entiers reste incontournable avant de passer chez l’homme.Pour en savoir plus sur les recherches conduites sur des modèles animauxÉvaluation clinique chez l’homme : sécurité et efficacitéL’évaluation clinique d’un candidat médicament marque le début de son expérimentation chez l’homme. L’objectif est d’évaluer la sécurité du médicament et son efficacité chez des volontaires sains ou malades. Le médicament pourra arriver sur le marché si sa balance bénéfice/risque est positive, c’est-à-dire si son bénéfice pour la santé est supérieur à ses inconvénients potentiels. L’évaluation clinique repose sur trois phases : La phase I est menée sur une vingtaine de volontaires, sains ou malades en fonction de la molécule évaluée. Il s’agit de la tester pour la première fois chez l’homme afin d’observer son évolution dans l’organisme en fonction du temps (cinétique) et d’évaluer sa toxicité. Pour cela les volontaires sont en général hébergés pendant quelques jours dans un centre spécialisé afin de subir une batterie d’examens permettant de vérifier de très nombreux paramètres cardiaques, respiratoires, sanguins…La phase II se déroule chez des volontaires malades. L’objectif est de déterminer la dose minimale efficace du médicament et ses éventuels effets indésirables. Une première étape permet de déterminer la dose minimale efficace pour laquelle les effets indésirables sont inobservables ou minimes. Une seconde phase consiste à administrer cette dose à 100 à 300 malades, si possible pour rechercher un bénéfice thérapeutique.La phase III est la phase finale avant la mise sur le marché. Elle permet d’évaluer l’efficacité du médicament sur une cohorte de patients plus importante : de quelques centaines en cas de cancer, à des milliers pour des maladies très fréquentes comme l’hypertension. Les volontaires sont le plus souvent répartis en deux groupes afin de comparer l’efficacité du candidat médicament à un traitement de référence (s’il en existe un) ou à un placébo. Cette phase dure souvent plusieurs années, le temps de recruter les patients et de suivre l’évolution de leur état de santé.