CARMAT : Mon dernier message

xavmax

04 août 2025 •09:22

Je viens de me séparer des 8 000 titres qu’il me restait.
Ce sera mon dernier message ici.

Ma décision repose sur les faits suivants :

Une seule offre de reprise a été déposée et doit être examinée par le tribunal le 19 août. Tout indique que, selon la pratique habituelle dans ces situations, la reprise se fera sans les dettes existantes, ce qui signifie concrètement une perte totale ou quasi-totale pour les actionnaires actuels.

Carmat fait face à des besoins de trésorerie énormes (35M€ sur un an) sans solution crédible à court terme. La situation est, à mes yeux, devenue intenable pour l’actionnaire individuel, surtout à la lumière de l’expérience récente d’autres sociétés françaises.

Quelques exemples concrets où les actionnaires ont tout perdu lors de procédures similaires :

Cœur Défense (2008) : lors du défaut de paiement et de la restructuration du plus grand immeuble de bureaux d’Europe, les actionnaires historiques ont tout perdu, les actifs ayant été récupérés par les créanciers.

FagorBrandt (2013) : après le redressement judiciaire, la liquidation a laissé les petits porteurs sans aucune indemnisation, seule une partie des actifs ayant été cédée aux repreneurs pour apurer les dettes.

Eurotunnel (exemple critique des années 2000) : les petits actionnaires ont subi deux grandes restructurations, et la majorité s’est retrouvée avec des titres sans valeur, la nouvelle entité étant détenue majoritairement par les créanciers obligataires transformés en actionnaires au détriment des autres.

Dans la majorité des cas de redressement en France, l’expérience montre que les porteurs d’actions sont les derniers servis et finissent souvent avec une perte totale. Le scénario Carmat actuel semble hélas suivre cette voie.

Mais je veux finir par un contre-exemple français notable : Alstom.
Au début des années 2000, Alstom a frôlé la faillite et est passé par une lourde restructuration, impliquant l’État à sa rescousse. Malgré une dilution sévère et beaucoup d’incertitudes, la société a pu rebondir, les actionnaires survivants ont retrouvé de la valeur sur le long terme, et Alstom est restée un fleuron industriel français.

Je souhaite aussi adresser un message aux salariés et aux patients : votre engagement, votre travail et votre confiance dans ce projet sont admirables. Quelle que soit l’issue pour les actionnaires, votre rôle est crucial pour donner vie à cette technologie qui peut changer des vies.

Alors, même si je pars aujourd’hui par prudence, je souhaite à Carmat une deuxième vie industrielle. Si une vraie relance se profile, je ne serai pas le dernier à la soutenir, sous une forme ou une autre.

Bonne chance à ceux qui restent, et courage à tous ceux qui continuent d’y croire, pour les patients, les salariés, et la France !