En cette période de vives interrogations, il semble opportun de prendre un peu de recul, alors même que l’innovation de rupture que constituait le cœur Carmat nous semblait il y a peu appelée à meilleure fortune…
Je me suis fait, ici et à plusieurs reprises, ici l’écho du « Rapport 23-06 » de l’Académie nationale de médecine consacré à l’insuffisance cardiaque ; et plus précisément aux « dispositifs d’assistance et de remplacement cardiaque mécaniques ».
L’intégralité de ce Rapport a été disponible sur Internet le 17 avril 2023 ; et a été publié par Elsevier Masson SAS où il conviendra de s’y reporter.
Ci-après, quelques extraits de ce Rapport « en connivence » avec le « dispositif médical » Carmat que nous aimons tant...
… « Les progrès de la technologie ont, dans le même temps, permis la mise au point de dispositifs d’assistance circulatoire ou de cœurs artificiels, facilitant l’accès à la greffe cardiaque représentant une dernière alternative quand la transplantation est impossible ».
Outre les considérations habituelles sur la prise en charge de l’insuffisance cardiaque, l’équipe de l’Académie nationale de médecine a abordé « la soutenabilité économique de ces innovations »… Retenons-donc ce mot de « soutenabilité », en espérant la voir au plus vite dévoiler ses mystères…
Il est indiqué : « stricto sensu, le terme de cœur artificiel total doit être réservé aux dispositifs implantés en position orthotopique, à la place du cœur natif. Habituellement, le but est d’obtenir une stabilisation clinique en vue d’une transplantation cardiaque (pont à la transplantation). Si la transplantation est contre-indiquée, le remplacement cardiaque est définitif (« Destination Therapy ») ».
« Au total, 19 programmes de cœur artificiel ont été menés dans le monde et 8 d’entre eux ont abouti à des implantations humaines. »
« Les deux seuls systèmes actuellement disponibles utilisent une pompe à déplacement : l’éjection sanguine est assurée dans chaque chambre ventriculaire par le déplacement d’une membrane sous l’effet de l’augmentation de la pression d’un fluide (air ou liquide) ».
« Le cœur Syncardia a été implanté chez plus de 1700 malades… »
« Le cœur Aeson de la société Carmat, qui a reçu le marquage CE récemment, est, après une longue période de suspension, de nouveau autorisé dans l’indication d’une implantation temporaire ».
« L’activité d’assistance mécanique est plus faible en France que dans les pays comparables. Elle est de 4 implantations/millions d’habitants contre 9 en Allemagne et 16 aux États-Unis. De plus, elle est en légère baisse (10 %) dans la période 2015-2019, évoluant dans une fourchette de 208 à 245 malades par an. Cette tendance à la baisse est observée alors que les progrès de la technologie sont réels, le risque de complications hémorragiques, cérébrales et infectieuses en recul. Cette activité plus faible corresponde à des différences dans le mode de tarification, mais aussi aux différences dans les règles de répartition des greffons cardiaques. En France, la priorité est donnée aux malades les plus à risque de décès rapide. »
« Une originalité de l’expérience française est le recours plus fréquent au cœur artificiel total ».
« 12 % des malades implantés ont reçu un cœur artificiel total, contre 1,3 % dans le registre de l’ISHLT… et 3 % dans l’expérience européenne. Cette fréquence élevée de recours au cœur total Syncardia tient au choix du service le plus actif en assistance circulatoire. Aucune donnée précise concernant le cœur Aeson-Carmat n’est disponible en septembre 2022 ».
En France, sur 70123 décès en 2015 « l’insuffisance cardiaque a été responsable de 4,7 % des décès avant 65 ans, mais de 65 % de ceux survenant après 65 ans. En outre, l’insuffisance cardiaque conduit à plus de 210. 000 hospitalisations par année(+2,5 % par année), souvent urgentes, répétées et prolongées »
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Alors, en pensant à tous les candidats à une implantation pour « Assistance et remplacement cardiaque mécaniques » , bonne chance au cœur artificiel total Carmat !