LâĂ©tablissement sâaffirme dans la prise en charge de lâinsuffisance cardiaque avancĂ©e. Il est un des rares centres habilitĂ©s en France pour lâimplantation du cĆur Carmat. Deux patients ont dĂ©jĂ bĂ©nĂ©ficiĂ© de cette prothĂšse de derniĂšre gĂ©nĂ©ration.
Si une vingtaine de transplantations cardiaques ont lieu chaque annĂ©e au CHU de Montpellier, seuls deux patients ont bĂ©nĂ©ficiĂ© ces derniers mois de lâimplantation du cĆur artificiel total Aeson de la sociĂ©tĂ© française Carmat, le seul agréé en Europe.
Aeson est le premier cĆur artificiel physiologique Ă ĂȘtre Ă la fois hautement hĂ©mocompatible, afin de ne pas altĂ©rer les cellules sanguines, pulsatile, afin dâimiter les flux sanguins du cĆur, et autorĂ©gulĂ©, grĂące Ă des microprocesseurs et des capteurs dans la prothĂšse.
Seule une cinquantaine dâopĂ©rations de ce type a eu lieu dans le monde depuis la premiĂšre, il y a dix ans. En France, au sud de Lyon, seul lâhĂŽpital de Montpellier est habilitĂ© Ă pratiquer ce genre dâopĂ©ration.
"Elle est destinĂ©e aux patients en attente dâune transplantation cardiaque ou qui ne peuvent pas y avoir recours", explique le Pr Philippe Gaudard, chef du service dâanesthĂ©sie rĂ©animation de lâhĂŽpital Arnaud-de-Villeneuve au CHU de Montpellier.
Les deux interventions de haute technicité menées à Montpellier par les Dr Philippe RouviÚre et Alexandru Nigolean ont duré entre 8 et 9 heures, dont 4 heures de circulation extracorporelle. Entre 10 et 15 personnels, formés au préalable, ont été mobilisés à chaque fois.
"Ce sont des gestes Ă risque quâune dizaine dâĂ©quipes en France, uniquement dans des CHU, sont capables de rĂ©aliser, a soulignĂ© le Pr Patrice Taourel, prĂ©sident de la Commission mĂ©dicale dâĂ©tablissement du CHU.
Pour la premiĂšre fois, les interventions menĂ©es Ă Montpellier ont Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©es par la mise en place dâun capteur miniature dans lâartĂšre pulmonaire des patients par lâĂ©quipe de cardiologie, afin de suivre lâĂ©volution des pressions artĂ©rielles pulmonaires.
La rĂ©animation postopĂ©ratoire est progressive, avant que le patient ne parte en rééducation. Une nouvelle vie commence, dans lâattente dâune future transplantation cardiaque.
Jean-Bernard et Patrick, les premiers Ă Montpellier
Jean-Bernard, le premier patient, opĂ©rĂ© le 13 dĂ©cembre dernier, Ă©tait ĂągĂ© de 70 ans. "Sa situation se dĂ©gradait et il nâavait plus le temps dâattendre une transplantation, explique le Professeur. Il a eu des difficultĂ©s respiratoires aprĂšs lâopĂ©ration mais il sâen est sorti aprĂšs plusieurs mois de rĂ©animation. Il est actuellement en centre de rééducation au CHU de NĂźmes."
"Avant le Carmat, jâĂ©tais fatiguĂ©, jâĂ©tais sous oxygĂšne en permanence, ce nâĂ©tait plus une vie", nous avait-il expliquĂ© le mois dernier. Quand il aura rĂ©cupĂ©rĂ©, il deviendra prioritaire sur les listes dâattente, selon le protocole Ă©tabli dans lâĂ©tude clinique.
Patrick, le second patient, ĂągĂ© de 60 ans et originaire de BĂ©ziers, a Ă©tĂ© transplantĂ© le 23 janvier. "Il est toujours en rĂ©animation. Il Ă©tait arrivĂ© en situation dâinsuffisance cardiaque trĂšs avancĂ©e, avec des rĂ©percussions sur la fonction rĂ©nale. Il est toujours dialysĂ©. Il nâaurait probablement pas survĂ©cu Ă la transplantation dâun greffon cardiaque naturel en raison du risque de surinfection."
"Le Carmat mâa sauvĂ© la vie", avouait-il aprĂšs son opĂ©ration. Il revenait de loin : infarctus en 2011, double pontage, hospitalisation en soins intensifs juste avant la pose du CarmatâŠ
"Ces patients attendaient depuis plusieurs mois lâouverture du programme Ă Montpellier, rappelle le Pr Gaudard. Ils ont vĂ©cu cette opĂ©ration comme une dĂ©livrance. Nous nâavons pas encore de recul sur la longĂ©vitĂ© de la prothĂšse". Pour lâinstant, la durĂ©e maximale de survie est de deux ans.
Mais les perspectives sont intĂ©ressantes. "Il y a un greffon pour deux patients en attente dâune greffe cardiaque. Lâattente peut ĂȘtre longue. DâoĂč lâintĂ©rĂȘt pour le cĆur Carmat".
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