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L'accélération des salaires et de l'inflation devrait provoquer une hausse des matières premières
Schroders, le géant britannique de la gestion d'actifs, s'attend à une accélération de la hausse des salaires américains et une hausse de l'inflation. Persuadé d'un retour des matières premières, il engage des analystes de ce secteur. Rencontre avec Matthew Michael, minoritaire et iconoclaste
Les matières premières ont énormément souffert, notamment de la hausse du dollar et du ralentissement de l'économie chinoise. Depuis leurs sommets, la chute a atteint 70 % pour le caoutchouc, le sucre, l'argent et plus de 90 % pour le gaz naturel. La tendance devrait s'inverser. Tôt ou tard. «Nous pensons que la hausse du dollar commence à se fatiguer et que l'inflation va s'accélérer», a déclaré Matthew Michael, gérant de fonds pour Schroders, lors d'une présentation à la presse, jeudi à Londres. Le groupe compte 420 gérants pour 446 milliards de dollars d'actifs sous gestion.
La performance des matières premières est fortement dépendante de l'inflation. Le rendement est de 20 % en cas d'inflation et négatif de 10 % à l'inverse, explique-t-il. Or l'inflation devrait repartir avec l'augmentation de la masse monétaire et de la hausse des salaires, selon Schroders.
Accélération de la hausse des salaires
«Je serais surpris de ne pas assister à une accélération de la hausse des salaires aux Etats-Unis, a déclaré Keith Wade, chef économiste. Ce dernier ajoute qu'en Allemagne la tendance est identique : «Les salaires augmentent plus vite que la productivité», lance-t-il.
Les critères d'évaluation indiqués par Matthew Michael tendent à démontrer que les matières première sont effectivement bon marché. Elles sont complètement sous-pondérées dans les portefeuilles. Les flux de capitaux des investisseurs ont pris la direction des actions et des obligations alors que les matières premières font face à une baisse de 40 %. «Notre comportement est inverse à celui du marché puisque nous engageons de nouveaux analystes en matières premières», indique le gérant. Les médias constituent d'ailleurs un bon indicateur avancé, à son avis, montrant la photo de différentes couvertures de The Economist. En 2003, le magazine annonçait en couverture «la fin du pétrole». Aujourd'hui, il vient de publier «Seize the Day». Un pré-indicateur de hausse ?
Hausse de l'or mais baisse des métaux
Mais toutes les matières premières ne devraient pas rebondir dans l'immédiat. Schroders se révèle haussier sur le pétrole et le gaz naturel, ainsi que sur le café, le cacao et le sucre, mais négatif sur le soja, le blé. Il est plus optimiste pour l'or et l'argent que les métaux industriels. Plus la Chine détient une part de marché élevée et plus la prudence est de mise, selon le gérant. Le pourcentage est de 50 % pour le porc et très élevé pour le cuivre, le nickel, le zinc, mais de 14 % le pétrole, 10 % le sucre et 7 % le gaz.
Le pétrole inquiète beaucoup de marchés émergents. Mais Matthew Michael estime que l'industrie réagit vivement. Il prévoit une baisse de 20 % des investissements dans cette branche en 2016.
«Nous mettons en pratique ce que nous disons puisque notre fonds de matières premières ne comporte aucun cash. Ce qui n'a de loin pas toujours été le cas», explique-t-il. Le fonds se répartit à 49 % en énergie, 26 % agriculture, 25 % métaux.