FLORANGE (Moselle) - Occupation des locaux, journée d'action et opérations "coup de poing": les ArcelorMittal de Florange (Moselle) ont annoncé jeudi leur "riposte" à l'arrêt prolongé du site, promettant de devenir "le cauchemar du gouvernement" si celui-ci ne faisait pas plier le n°1 mondial de l'acier.
Convoqués en assemblée générale par une intersyndicale CGT-CFDT-FO-CFE/CGC, quelque 800 salariés, sous-traitants et intérimaires de l'aciérie mosellane ont décidé de "mettre au chômage technique la direction" de l'usine en allant occuper ses bureaux à partir de lundi 08H00, a constaté un journaliste de l'AFP.
N'hésitant pas à dévoiler ses batteries, l'intersyndicale a également invité les sidérurgistes luxembourgeois et belges à participer à une "grande" manifestation qu'elle organisera le 29 février à Metz, dans le cadre d'une journée d'action européenne de la métallurgie.
Des sources syndicales ayant souhaité garder l'anonymat ont affirmé que des opérations "coups de poing" étaient également en préparation pour "riposter" à la décision, annoncée mardi par la direction, de ne pas redémarrer au 2e trimestre la filière liquide à Florange.
Au cours de l'assemblée générale qui s'est déroulée dans une ambiance tendue, Edouard Martin, membre CFDT du comité central d'entreprise, a exigé de Nicolas Sarkozy qu'il "mette à genoux le père Mittal" pour que le travail reprenne à l'aciérie.
"Si (le président) se défile, je vous garantis qu'à partir de la semaine prochaine et d'ici au 6 mai (date du 2e tour de la présidentielle, ndlr) Florange va être le cauchemar du gouvernement", a-t-il lancé sous les applaudissements. Il a ensuite demandé à "ceux qui auraient la nostalgie des luttes de la sidérurgie dans les années 80" à se préparer "à une deuxième jeunesse".
"Nous n'avons plus qu'une solution pour nous faire entendre et nous faire respecter: c'est la lutte!", a poursuivi un responsable de la CGT tandis que le maire (PS) de Florange, Philippe Tarillon, a assuré l'auditoire du soutien "matériel, moral et financier des élus".
Pour les syndicats, la décision de ne pas remettre en route la filière liquide à Florange annonce une "mort programmée du site" où travaillent quelque 5.000 personnes, dont 3.000 en CDI.
ArcelorMittal, qui a décidé récemment la fermeture définitive de hauts-fourneaux à Liège (Belgique) et Madrid, assure qu'en Lorraine il ne s'agit que d'une mise en veille temporaire rendue nécessaire par une demande insuffisante.
Interrogé le 7 février sur le sort des hauts fourneaux P3 et P6 arrêtés au printemps et début octobre à Florange, Aditya Mittal, directeur financier du groupe, avait reconnu que "les niveaux d'expéditions étaient actuellement bien meilleurs qu'au 4e trimestre 2011".
"Mais nous sommes encore loin des volumes de 2006, 2007 ou 2008", avait-il ajouté en rappelant que le groupe s'était fixé comme objectif d'améliorer en 2012 son excédent brut d'exploitation d'un milliard de dollars.
L'aciérie de Florange a été désignée pour recevoir un projet pilote européen (Ulcos) de captage de CO2, un investissement de quelque 600 millions d'euros sur lequel la Commission européenne doit statuer au 2e semestre. Ce projet ferait gagner en compétitivité le site mais nécessite que les hauts fourneaux soient en fonctionnement.