se rapproche
Fitch et Standard & Poor's évoquent à haute voix le risque d'un défaut de paiement. Une équipe de la troïka est aujourd'hui à Athènes pour tenter de déminer le terrain. Une nouvelle grève paralyse le pays.
La Grèce revient sur le devant de la scène, les craintes d'un défaut et d'une sortie de la zone euro supplantant les déclassements de note souveraine intervenus vendredi dans la zone euro. Athènes doit s'entendre avec ses créanciers privés pour éviter le dépôt de bilan lorsqu'elle devra rembourser pour 14,5 milliards d'euros d'emprunts obligataires, fin mars.
Les négociations avec les banques ont été interrompues vendredi en raison de divergences sur le coupon que la Grèce doit proposer aux créanciers privés qui accepteront d'échanger leurs créances contre de nouvelles obligations. Elles doivent reprendre mercredi, mais dans l'intervalle, la Grèce a dépêché lundi des délégués à Washington pour des consultations auprès du Fonds monétaire international (FMI), et ce mardi une équipe d'experts de la troïka (Union européenne, Banque centrale européenne, FMI) est arrivée à Athènes.
Un nombre croissant d'experts évoque ouvertement le risque réel d'un défaut de la Grèce. Lundi, un responsable de Standard & Poor's a dit à Bloomberg Television s'attendre à ce que la Grèce soit en défaut sous peu. "Qu'il y ait une solution à la fin des négociations âpres en cours, je ne saurais le dire", a déclaré Moritz Krämer, responsable des ratings souverains de S&P. "On pousse beaucoup à la roue et un défaut désordonné aurait des répercussions sur d'autres pays mais je pense que les responsables monétaires et financiers ne veulent pas en arriver là... Pour l'instant, ça continue".
Même son de cloche du côté de Fitch. L'agence de notation a en effet déclaré mardi que la Grèce serait en défaut sur ??sa dette, mais qu'un tel défaut devrait avoir lieu de manière ordonnée. "Cela va se arriver. La Grèce est insolvable donc elle va faire défaut", a déclaré Edward Parker, Directeur Général de Fitch pour les groupes souverains et supranationaux en Europe, Moyen-Orient et Afrique. "En ce sens, cela ne doit être une surprise pour personne."
Bill Gross, gérant de PIMCO, premier fonds obligataire mondial, ne dit rien d'autre et explique sur Twitter que les déclassements de S&P ont rendu les investisseurs conscients du fait que des pays pouvaient faire défaut, la Grèce en étant le prochain exemple.
Du coup, l'inquiétude croit du côté des créanciers du pays. "Un accord s'impose de toute urgence pour apporter un élément de stabilité", a déclaré Charles Dallara, le directeur général de l'Institut de la finance internationale (Ifi), qui représente les créanciers privés d'Athènes. Charles Dallara a ajouté que les banques ont été "étonnées" de la position de certains responsables publics représentant à la fois les Etats et les institutions internationales. "Ils (NDLR - certains responsables publics) veulent que le secteur privé accepte des taux d'intérêt qu'ils n'accepteraient pas (eux-mêmes), ce qui est tout à fait déraisonnable", a-t-il dit.
Athènes s'est employé à minimiser ces divergences. Le Premier ministre grec Lucas Papademos a préféré parler d'une "petite pause" dans les discussions avec les banques, ajoutant sur la chaîne de télévision CNBC : "Mais je suis persuadé qu'elles se poursuivront et que nous parviendrons en temps opportun à un accord acceptable pour tous." Il a précisé que les discussions portant à la fois sur un échange de dette et sur le dernier plan de renflouement devaient être bouclées dans les deux ou trois semaines à venir. "C'est le but et je pense que les conditions sont là pour aboutir", a-t-il déclaré.
Athènes doit sceller un accord avec ses banques avant qu'une délégation de la troïka ne se rende en Grèce la semaine prochaine pour mettre la dernière main à un second renflouement, de 130 milliards d'euros. Suivant l'accord de renflouement conclu en octobre, la dette grecque détenue par le privé serait réduite de moitié, de façon à ce que le rapport de la dette au PIB tombe à 120% du PIB en 2020 contre 160% actuellement, pour autant que la Grèce lance aussi des réformes structurelles.
La Grèce, qui en est à sa cinquième année de récession, tutoie la faillite ces derniers mois, seuls les prêts de ses partenaires européens et du FMI, convenus en échange d'impopulaires mesures d'austérité, lui évitant cette issue. Lucas Papademos a rejeté toute éventualité de nouvelle aide en plus de celle agréée lors du sommet européen d'octobre. "Je pense que les fonds promis lors du sommet européen, augmentés du résultat de la participation du secteur privé, suffiront sans doute à soutenir l'économie grecque financièrement", a-t-il dit.
Nouvelle journée de grève
Aucun métro ne circulait et les ferries étaient à quai mardi en Grèce dans le cadre d'un mouvement de grève générale contre l'austérité. Les bus ne doivent circuler qu'une partie de la journée et les employés de banque devaient débrayer pour protester contre la cure d'austérité imposée par le gouvernement de Lucas Papadémos qui s'est notamment traduite par une hausse des impôts et une baisse des salaires.
"Nous réclamons l'abandon des politiques d'austérité et l'abolition de la législation qui broie le code du travail (...) et fait des salariés des esclaves", explique la centrale syndicale ouvrière d'Athènes, Eka, dans un communiqué.