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Valeurs du luxe : correction passagère ou vraie inversion de tendance?
information fournie par Boursorama 12/10/2018 à 18:35

Plombé par les craintes d'un ralentissement économique en Chine, le secteur du luxe a été chahuté à la bourse de Paris. Est-ce que ce repli offre un bon point d’entrée ?(Copyright:Balenciaga/ Flickr)

Plombé par les craintes d'un ralentissement économique en Chine, le secteur du luxe a été chahuté à la bourse de Paris. Est-ce que ce repli offre un bon point d’entrée ?(Copyright:Balenciaga/ Flickr)

Plombé par les craintes d'un ralentissement économique en Chine, le secteur du luxe a été chahuté à la bourse de Paris. Sur un mois, LVMH , Kering et Hermès ont perdu près de 10%. Est-ce que ce repli offre un bon point d'entrée pour miser une tendance porteuse, ou au contraire, la récente correction doit-elle inciter à la prudence ? Eléments de réponse.

Un secteur ultra porteur … grâce à la Chine
Le marché mondial du luxe est en croissance de 4 et 5% par an et pourrait atteindre un montant de 390 milliards d'euros en 2025, selon les anticipations du cabinet Bain & Company. Et parmi les principaux moteurs de croissance, le cabinet de conseil en stratégie identifie la demande chinoise, qui totalisait déjà 32% des dépenses globales consacrées aux produits de luxe dans le monde en 2017. Selon le Boston Consulting, cette tendance devrait s'amplifier avec une clientèle chinoise qui devrait représenter 40% des ventes mondiales d'ici 2024 et contribuer à hauteur de 70% à la croissance du luxe.

Une croissance solide qui s'est répercutée sur les valorisations du secteur en France. En Europe, c'est d'ailleurs le luxe qui a signé de loin la meilleure performance sectorielle depuis deux ans, selon Morgan Stanley. La France n'est pas en reste, l'indice composé des trois grandes valeurs françaises du secteur du luxe ayant quasiment doublé en deux ans à peine. Résultat sur 5 ans, les parcours boursiers des valeurs du luxe français ont de quoi impressionner : +82% pour LVMH, +152% pour Kering, quand Hermès, qui a récemment fait son entrée sur le CAC 40, s'adjuge 91% sur les 5 dernières années.

Le spectre d'une guerre commerciale a changé la donne

Reste à savoir si les fleurons du luxe auront assez de carburant pour maintenir cet impressionnant rythme de croisière. Car depuis quelques semaines, les craintes d'une escalade de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine ont incité à la prudence et nombreux sont les investisseurs qui redoutent désormais les effets d'un ralentissement de la demande chinoise sur la dynamique du secteur du luxe.

La banque UBS a ainsi alerté ses clients sur un probable ralentissement des dépenses de consommation des produits de luxe en Chine, pour la première fois depuis l'été 2016. Un constat partagé par les analystes de la Société générale, qui estiment que "le trimestre devrait marquer le début du ralentissement cyclique de la croissance des ventes pour LVMH et le secteur".

Or selon Anne Le Borgne, gérante actions thématiques spécialiste du Luxe  "les risques sont déjà plus ou moins intégrés dans les prévisions des analystes qui s'attendent à une normalisation de la croissance du secteur. Ils tablent en moyenne sur une croissance organique de 7% pour le secteur après 10% en 2018 » explique la gérante du fonds Amundi Funds CPR Global Lifestyles.
Marie-Caroline Fonta, gérante du fonds DGC– Franck Muller Luxury Fund ajoute que « l'industrie du luxe ne connait pas de changement fondamental, la dynamique haussière de la demande n'est pas remise en cause car le consommateur chinois (qui représente à lui seul 33% du secteur) reste friand du luxe et des marques françaises ou italiennes" explique la gérante.

Le paradoxe LVMH

Preuve en est, les très bons résultats dévoilés cette semaine par LVMH qui a ouvert mardi soir le bal des publications trimestrielles en dévoilant une croissance des ventes de 10% à taux de change et périmètre constants, en ligne avec le consensus.  En dépit de ces bons résultats, le numéro un mondial du luxe n'a pas réussi à apaiser les craintes d'un ralentissement à venir de la cruciale demande chinoise. Mais comment expliquer que malgré cette performance trimestrielle solide LVMH n' a pas réussi à rassurer les investisseurs ?

Selon Marie Caroline Fonta,et Raffi Balyozyan, équipe de gestion du fonds DGC - Franck Muller Luxury Fund " les baisses constatées sur LVMH, Kering et Hermès ne sont pas liées à des soucis structurels mais à des soucis conjoncturels (tensions sur le marché des obligations, volatilité, guerre commerciale avec les Etats-Unis …) ". Selon elle ,  "les déclarations de LVMH sur les contrôles accrus des marchandises du luxe aux douanes chinoises n'ont fait qu'amplifier la chute des titres du secteur dans un environnement de "sell-off" général des marchés financiers. Mais « sur le moyen et long terme, ces mesures de contrôles accrus aux douanes chinoises ne vont en rien impacter la stratégie des marques de luxe à innover et se réinventer pour toujours attirer de nouveaux consommateurs (Millennials, génération Z)."
Pour Anne le Borgne, "c'est surtout le manque de perspective de la part du management qui a inquiété le marché, car ces contrôles aux frontières existent depuis 2015," souligne la gérante du fonds Amundi.
Selon elle, " la croissance des ventes de la clientèle chinoise chez  LVMH a certes ralenti (passant de +20% au premier semestre à +15% au troisième trimestre) mais on est loin d'un effondrement. De plus les ventes du groupe dans la mode et la maroquinerie sont restées de très bonne facture, au troisième trimestre puisqu'elles ont cru de 14% ".

Les niveaux de valorisations ont retrouvé leur niveau historique

Il n'en reste pas moins que ces risques conjoncturels pèsent sur les valorisations du secteur.  Alors, faut-il en profiter pour acheter les valeurs du luxe? Trop tôt pour Morgan Stanley qui estime que malgré la récente correction boursière du secteur, les valorisations restent élevées.

Pour Anne Le Borgne au contraire, "la valorisation du secteur a très fortement baissé dans le sillage de la correction. Alors que le secteur se payait 22 fois les résultats 2019 à fin septembre le ratio cours / bénéfices est revenu à 19 fois, ce qui correspond à la moyenne historique du secteur, et au niveau de novembre 2016 juste après les attentats à Paris qui avait pesé sur le secteur ", conclut la gérante d'Amundi.

" Nous devons garder en tête que les bases de comparaison sont difficiles avec l'année dernière. Certes les valorisations sont élevées et les compagnies n'ont pas le droit à l'erreur car les investisseurs les attendent au tournant. Néanmoins, cela ne change rien à la bonne santé des valeurs du luxe français, qui arrivent à produire des marges très élevées, ne sont pas ou peu endettées et gardent une certaine réactivité ", conclut Marie Caroline Fonta, gérante du fonds DGC – Franck Muller Luxury Fund. Vendredi soir à la clôture du marché parisien, Kering, LVMH et Hermès terminaient en ordre dispersé, signe que les investisseurs hésitent encore à se lancer dans l'aventure.

FL (redaction@boursorama.fr)

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