( AFP / FABRICE COFFRINI )
UBS promet de gâter ses actionnaires, mis à rude épreuve par le rachat forcé de Credit Suisse, après des résultats meilleurs que prévu en 2023, une année hors normes pour la banque.
Pour le quatrième trimestre seul, le géant bancaire a fait état d'une perte nette de 279 millions de dollars, soit environ 259 millions d'euros, en raison des frais d'intégration de sa rivale rachetée en mars de l'année dernière.
Cette perte est moins lourde que prévu. Par comparaison, les analystes interrogés par l'agence suisse AWP l'attendaient en moyenne à 498 millions de dollars.
Pour l'ensemble de l'exercice, son bénéfice net s'est monté à 29 milliards, gonflé par un gain comptable exceptionnel résultant de l'écart entre les 3 milliards de francs suisses déboursés pour reprendre son ex-rivale au bord de la faillite et la valeur de l'actif net comptabilisé.
UBS va relever son dividende à 0,70 dollar par action, contre 0,55 dollar un an plus tôt et a promis une hausse "de l'ordre de 15%" de son dividende cette année.
En 2023, le groupe a déjà réalisé 4 milliards de dollars d'économies sur les 10 milliards initialement visés d'ici 2026 et il estime désormais qu'il peut faire 13 milliards de dollars d’économies à cet échéance grâce à l'intégration de Credit Suisse et à la liquidation d'actifs que la banque ne souhaite pas conserver.
Le groupe compte également reprendre les rachats d'actions en 2024, à partir du moment où la fusion entre UBS SA et Credit Suisse SA sera devenue effective".
Cette fusion très complexe se fait en plusieurs étapes, l'achèvement de la fusion entre ces deux entités étant prévu pour la fin du deuxième trimestre 2024.
Le groupe qui avait suspendu ses rachats d'actions avec la fusion sous la contrainte de Credit Suisse, compte racheter jusqu'à 1 milliard de dollars d'actions en 2024.
- Avancées dans l'intégration -
"2023 restera gravée dans les anales d'UBS comme celle de l'acquisition de Credit Suisse", a déclaré son directeur général, Sergio Ermotti, cité dans le communiqué.
"Nous avons réussi à stabiliser les activités et nous avons fait d'incroyables avancées dans le processus d'intégration", a-t-il ajouté lors de la publication des résultats annuels.
Depuis les premières étapes de la fusion, le groupe a enregistré un afflux de 77 milliards de nouveaux actifs rien que dans la gestion de fortune. Une confiance des investisseurs qui contraste fortement avec la fuite de capitaux massive essuyée par Credit Suisse, qui avait précipité le rachat.
"Au cours des trois prochaines années, les progrès ne seront pas linéaires, mais notre stratégie est claire", a poursuivi M. Ermotti, qui compte sur le "changement d'échelle" pour renforcer le groupe notamment dans la gestion de fortune.
UBS compte faire entrer 100 milliards de dollars par an de nouveaux actifs investis jusqu'en 2025, puis 200 milliards par an d'ici 2028 dans la gestion de fortune.
- Grand chantier -
Le rachat de Credit Suisse est un grand chantier pour UBS. Fin août, le groupe avait déjà annoncé que la branche helvétique de Credit Suisse, qui englobe les agences locales, prêts hypothécaires et crédits aux entreprises en Suisse, va être absorbée et non introduite séparément en Bourse comme l'espéraient une partie des investisseurs et élus en Suisse.
Cette décision doit entraîner la suppression de 1.000 postes d'ici fin 2024 auxquels s'ajouteront 2.000 postes en Suisse au cours de prochaines années avec la restructuration profonde qui va devoir être menée.
Le plus grand chantier de cette intégration reste néanmoins la banque d'investissement, à l'origine d'une grande partie des déboires de Credit Suisse.
Depuis l'accord avec les autorités suisses le 19 mars pour racheter Credit Suisse, l'action UBS a regagné plus de 48%. D'abord hésitant dans les semaines suivant cet accord, le titre avait décollé au fur et à mesure des annonces qui avaient rassuré les marchés, comme la décision en août de renoncer à l'aide de l'Etat.
En décembre, le fonds activiste suédois Cevian a pris une participation d'environ 1,3% dans UBS. Pourtant connu pour ses virulentes critiques, ce fonds redouté des entreprises a dit voir un potentiel dans UBS au regard de "l'excellent travail" réalisé "dans l'intégration de Credit Suisse".
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