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Turquie-Forte hausse des taux, la livre dopée
information fournie par Reuters 13/09/2018 à 17:40

 (Actualisé avec des précisions, commentaires, contexte)
    par Daren Butler et Ece Toksabay
    ISTANBUL, 13 septembre (Reuters) - La banque centrale turque
a relevé jeudi son principal taux directeur de 6,25 points, la
hausse la plus importante intervenue sous les 15 ans de
présidence de Recep Tayyip Erdogan, dopant la livre turque et
apaisant peut-être les investisseurs qui redoutent l'influence
de ce dernier sur l'institut d'émission. 
    Le taux des prises en pension à une semaine  TRINT=ECI  est
passé à 24%, au plus haut depuis 2004, et depuis avril ce taux
d'intervention a été augmenté de 11,25 points pour tenter
d'enrayer la chute de la monnaie locale, en dépit d'un fort
ralentissement économique.
    Moins de deux heures avant l'annonce de la décision de la
banque centrale Recep Tayyip Erdogan réaffirmait vigoureusement
son opposition à toute hausse des taux d'intérêt.  
    Les 11 économistes interrogés par Reuters prévoyaient une
hausse comprise entre 225 de 725 points de base.
    La livre turque pâtit des ingérences présidentielles dans la
politique monétaire et, plus récemment, de l'escalade des
tensions entre Washington et Ankara.
    Erdogan, qui se dépeint lui-même comme un "ennemi des taux
d'intérêt", a désigné en juillet comme ministre des Finances son
gendre Berat Albayrak, une décision qui n'a pas été sans
indisposer les investisseurs.
    "C'est bien de voir le bon sens s'imposer", a réagi Brett
Diment, spécialiste de la dette émergente chez Aberdeen Standard
Investments. "Avoir relevé aujourd'hui permet à la Turquie de
récupérer un peu de crédibilité monétaire et c'est d'une
importance primordiale".
    L'inflation a atteint 17,9% en août, la plus élevée depuis
la fin 2003, poussant la banque centrale à annoncer qu'elle
adapterait le mois suivant sa politique monétaire face aux
"risques significatifs" pour la stabilité des prix.
    La livre turque, qui évoluait en baisse avant les annonces
de la banque centrale, a gagné près de 3% à 6,18 pour un dollar 
 TRYTOM=D3 . Elle a perdu plus de 38% de sa valeur face au
billet vert cette année et atteint un plus bas historique à 7,24
à la mi-août. 
    L'indice boursier de référence  .XU100  a pris 2,4% et
l'indice bancaire  .XBANK  4,8%. Les emprunts turcs en dollar
ont tous monté.
    Pour Guillaume Tresca, stratège marchés émergents du Crédit
Agricole, il fallait ralentir une économie turque qui était en
état de surchauffe et une hausse des taux s'imposait pour
enrayer la dépréciation de la livre.
    "Bien sûr ça aura des conséquences négatives sur l'économie
mais je dirais que c'est moins important d'avoir un atterrissage
brutal que des défauts de grandes entreprises en raison du
cercle vicieux entre la dépréciation (de la livre) et
l'inflation", a-t-il expliqué.
    Phoenix Kalen, directeur de la stratégie EM (marchés
émergents) de Société Générale, trouve que le marché est à la
fois content et perplexe.
    "On dirait presque un jeu de 'good cop, bad cop' (le bon et
le méchant policiers) entre les autorités turques, le président
Erdogan d'une part n'arrêtant pas de dire à quel point il
déteste les hausses des taux (...) et une réaction de taille de
la banque centrale en réponse aux récentes évolutions
géopolitiques et inflationnistes", a-t-il dit.
    Pour Piotr Matys, stratège EM de Rabobank, la banque
centrale a pris la bonne décision pour rétablir la confiance
envers la monnaie nationale.
    Il fallait aussi, a-t-il observé, que la Turquie résolve son
différend avec les Etats-Unis et rééquilibre une économie par
trop portée sur les grands travaux et les dépenses des ménages.
    Erdogan voit dans la chute de la livre une "guerre
économique" visant la Turquie et ne cesse d'appeler la
population à vendre ses dollars pour l'étayer. Il a décrété ce
jeudi que les ventes immobilières et les locations devaient être
libellées en livre turque, mettant un terme à la réalisation
d'affaires en devises.      
    

 (Juliette Rouillon et Wilfrid Exbrayat pour le service
français, édité par Marc Joanny)
 

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