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Accusée de piraterie d'Etat, la Biélorussie frappée de sanctions
information fournie par Reuters 24/05/2021 à 23:58

* Le sommet de l'UE décide de restrictions sur le trafic aérien

* Un avion de chasse biélorusse a intercepté un vol de Ryanair

* L'Onu demande une enquête internationale

* Le journaliste arrêté apparaît dans une vidéo

par Sabine Siebold et Matthias Williams

BRUXELLES/KIEV, 24 mai (Reuters) - Les puissance occidentales s'apprêtaient lundi soir à frapper la Biélorussie de nouvelles sanctions et à l'isoler du trafic aérien, révoltées par la décision de Minsk de faire atterrir de force un avion de Ryanair RYA.I afin d'arrêter un opposant politique.

Dans une vidéo mise en ligne lundi, le blogueur Roman Protassevitch, 26 ans, dit être en bonne santé et se trouver dans un centre de détention de Minsk. Il reconnaît avoir joué un rôle dans l'organisation de manifestations à Minsk l'an dernier.

Ses alliés ont immédiatement dénoncé une mise en scène, estimant que ses déclarations avaient été faites sous la contrainte.

Le ministre délégué aux Affaires étrangères polonais Pawel Jablonski a déclaré sur la chaîne de télévision TVN24 que la mère de Roman Protassevitch avait dit à son gouvernement qu'il souffrait de problèmes de santé mais il n'a pas donné davantage de précision.

Le ministère de l'Intérieur biélorusse a déclaré de son côté que l'opposant ne s'était pas plaint de problèmes médicaux.

Réunis lundi soir à Bruxelles, les dirigeants de l'Union européenne ont appelé à une interdiction de l'espace aérien européen pour les compagnies biélorusses et appelé les transporteurs européens à éviter le survol de l'ancienne république soviétique, selon un communiqué commun.

Les dirigeants des 27 Etats membres se sont également entendus pour élargir la liste des personnalités biélorusses sous le coup de sanctions et ont appelé l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) à mener en urgence une enquête sur cet incident survenu dimanche.

"La réaction devrait être rapide et être sévère", a déclaré à la presse le Premier ministre belge Alexander de Croo avant le sommet européen qui a débuté à 17h00 GMT.

Le ministre irlandais des Affaires étrangères, utilisant une expression reprise par d'autres pays européens, a déclaré de son côté : "C'était bien un acte de piraterie, supervisé par un Etat".

OPTIONS LIMITÉES

L'Union européenne ainsi que d'autres puissances occidentales ont appelé à la libération immédiate de Roman Protassevitch qui a été interpellé à l'atterrissage de l'avion qui effectuait la liaison entre la Grèce et la Lituanie.

Ses comptes sur les réseaux sociaux étaient l'une des dernières expression de l'opposition après la brutale répression des manifestations de l'an dernier. Sophia Sapega, une étudiante de 23 ans qui voyageait avec lui, a également été interpellée.

Certaines compagnies de même que plusieurs pays n'ont pas attendu ces recommandations pour réagir au détournement du vol de Ryanair.

La Grande-Bretagne a annoncé donner pour instruction aux compagnies britanniques de cesser leurs vols au-dessus de la Biélorussie et Londres prévoit de suspendre le permis aérien pour la compagnie nationale biélorusse Belavia avec effet immédiat. La branche néerlandaise d'Air France-KLM AIRF.PA va suspendre ses vols au-dessus de la Biélorussie, selon l'agence de presse ANP.

Les options des Occidentaux en termes de riposte apparaissent cependant limitées.

L'OACI, basée à Montréal, n'a pas de pouvoir en matière de régulation, et l'UE n'a pas autorité sur les vols décollant et atterrissant en Biélorussie ou survolant son espace aérien, hormis sur les vols directs qui partent ou arrivent en Europe.

La Biélorussie se trouve sur des couloirs aériens à l'intérieur de l'Europe et entre l'Europe et l'Asie et mettre à l'écart la Biélorussie aurait pour effet de ralentir les vols et de coûter de l'argent aux compagnies.

ALERTE À LA BOMBE

L'UE et les Etats-Unis ont imposé plusieurs séries de sanctions contre Minsk l'an dernier, mais sans réussir à faire fléchir son président Alexandre Loukachenko, qui a surmonté les manifestations monstres de l'an dernier après une élection contestée.

Le dirigeant a réfuté toute fraude électorale. Depuis le scrutin, les autorités ont arrêté des milliers de dissidents et les principales figures de l'opposition sont soit en exil soit en prison.

Nexta, un média pour lequel Roman Protassevitch a travaillé avant de créer son propre blog à succès, a diffusé une interview avec sa mère, expliquant que dès qu'elle avait été informée de cette alerte à la bombe sur un vol, elle avait su qu'il s'agissait d'un coup monté pour l'arrêter.

"Je veux juste dire que mon fils est juste un héros, juste un héros", a dit Natalia Protassevitch en pleurant. "J'espère vraiment que la communauté internationale va se réveiller pour lui".

La Biélorussie a affirmé avoir agi en réponse à une fausse alerte à la bombe écrite au nom du mouvement palestinien Hamas. Fawzi Barhoum, porte-parole du Hamas, a nié toute implication de son organisation.

La Biélorussie a par ailleurs indiqué que ses contrôleurs aériens avaient donné des recommandations à l'appareil mais ne l'avaient pas forcé à atterrir. Des médias d'Etat rapportent que l'intervention a été ordonnée par Alexandre Loukachenko en personne.

Le directeur général de Ryanair, Michael O'Leary, a expliqué qu'il pensait que des membres des services de sécurité se trouvaient à bord.

Selon le gouvernement lituanien, cinq passagers qui étaient à bord de l'avion Ryanair n'ont pas atteint leur destination finale, ce qui pourrait laisser penser que trois passagers en plus de Roman Protassevitch et Sophia Sapega, ont quitté l'appareil à Minsk.

La Russie, qui a apporté des soutiens financier, diplomatique et sécuritaire au président biélorusse, a accusé les Occidentaux d'hypocrisie.

(Andrius Sytas à Vilnius; Gabriela Baczynska, Sabine Siebold, Jan Strupczewski, Philip Blenkinsop et John Chalmers à Bruxelles; Matthias Williams à Kiev; Andrew Osborn à Moscou; Michel Rose, Tim Hepher et Laurence Frost à Paris, version française Gwénaëlle Barzic)

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