
Jean-Marc Chéry à Versailles, le 11 juillet 2022. ( POOL / LUDOVIC MARIN )
Le fabricant de composants électroniques STMicroelectronics est au cœur d'un désaccord entre ses co-actionnaires, la France et l'Italie, autour de son PDG Jean-Marc Chéry, auquel Rome a retiré mercredi son soutien.
Les tensions sont montées après que le conseil de surveillance du groupe a rejeté la nomination d'un des deux candidats proposés par la partie italienne pour cette instance.
Marcello Sala, directeur général du département économique du ministère des Finances, et Simonetta Acri, ancienne cadre de l'agence italienne de crédit à l'exportation Sace, avaient ainsi été sélectionnés par Rome mais, si cette dernière a été acceptée mardi, la candidature de M. Sala a pour sa part été rejetée.
Marcello Sala aurait dû prendre la place de vice-président du conseil de surveillance, succédant à un autre Italien qui a démissionné, Maurizio Tamagnini.
Réagissant auprès de l'agence Bloomberg, le ministre italien des Finances, Giancarlo Giorgetti, a qualifié mercredi cette décision d'"incompréhensible, très grave et inacceptable", des propos ensuite confirmés à l'AFP par ses services.
Sa déclaration illustre la colère de l'Italie, qui détient cojointement avec la France 27,5% de STMicroelectronics.
"Le ministère des Finances évalue ses options" désormais, a également prévenu mercredi M. Giorgetti, alors que l'Italie a aussi indiqué retirer son soutien au patron de l'entreprise.
Le Français Jean-Mars Chéry, qui avait succédé à l'Italien Carlo Bozotti, avait pris la tête du groupe en 2018, avant d'être reconduit en 2023 pour 3 ans.
L'Italie compte en outre proposer à nouveau M. Sala, un proche de la Première ministre Giorgia Meloni, pour le poste de membre de conseil de surveillance resté vacant.
Contacté par l'AFP, le groupe n'a pas réagi à ces informations.
Interrogé en mars par le journal économique Il Sole 24 Ore après des critiques du gouvernement italien concernant sa gestion de l'entreprise, M. Chéry avait répondu: "je ne pense pas avoir à me défendre".
La prise de position italienne a en tout cas révélé au grand jour un profond désaccord entre Rome et Paris.
- Dialogue maintenu -
Auprès de l'AFP, Nicolas Dufourcq, le directeur général de la banque publique d'investissement BpiFrance, qui détient la participation française dans le groupe, a assuré qu'il ne "change en rien son soutien" à STMicroelectronics et à sa direction.
Dans une déclaration écrite, il a par ailleurs souligné que le rejet de la candidature de M. Sala n'était en rien le fait des représentants de la France mais d'administrateurs indépendants, qui partagent les huit postes du conseil de surveillance avec les représentants français et italiens.
STH, le véhicule qui regroupe les participations française et italienne dans l'entreprise, "est le cœur du mécanisme de gouvernance et il n'y a aucune intention de le modifier", a-t-il insisté.
Le ministère français de l'Economie a lui assuré que le dialogue était maintenu entre les deux pays et que le ministre Eric Lombard avait "parlé à de nombreuses reprises à son homologue italien".
Le groupe a dévoilé en janvier un bénéfice net en chute de 63% à 1,56 milliard de dollars (1,5 milliard d'euros) en 2024, après plusieurs trimestres de baisse accélérée, notamment en lien avec un recul de son activité de microcontrôleurs.
Il a également présenté un plan d'économies annonçant une diminution de ses charges d'exploitation d'environ 300 à 600 millions de dollars (288 à 345 millions d'euros) à l'horizon 2027.
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