(AOF) - Stellantis (- 2,02 %, à 8,113 euros) signe l’une des plus fortes baisses du CAC 40 après la publication de perspectives décevantes pour la fin de l’exercice. Le constructeur automobile multi-marques a dévoilé des résultats très dégradés au premier semestre, dont il avait livré un version préliminaire il y a une semaine. Sur cette période, le chiffre d’affaires a reculé de 13 %, à 74,3 milliards d’euros, principalement en raison du recul observé en Amérique du Nord et en Europe élargie. Celui-ci n’a été que partiellement compensé par la croissance en Amérique du Sud.
Lourde perte nette
En outre, la perte nette a atteint 2,3 milliards d'euros, dont 3,3 milliards d'euros de charges nettes exclues du résultat opérationnel ajusté, en baisse par rapport au bénéfice net de 5,6 milliards d'euros au premier semestre 2024.
Pour les analystes d'UBS, ces résultats sont globalement conformes aux attentes, mais ils s'inquiètent de la chute, à 9 milliards d'euros, de la position financière nette industrielle, contre 15,2 milliards d'euros à fin 2024. Cette dégradation est due à un flux de trésorerie net industriel négatif de 3 milliards d'euros au premier semestre et à des sorties de capitaux. La dette nette a ainsi atteint 6,5 milliards d'euros, contre une trésorerie nette de 2,4 milliards d'euros à fin 2024. " Nous pensons que cela constituera un point crucial pour les investisseurs, d'autant plus que la société n'exclut pas la possibilité d'une consommation de trésorerie au second semestre 2025. ", prévient la banque suisse.
La nouvelle équipe de direction, " consciente des défis à relever, continuera de prendre les décisions difficiles qui s'imposent pour rétablir une croissance rentable et améliorer significativement les résultats " a annoncé Antonio Filosa, le nouveau directeur général de Stellantis.
Des objectifs sous les attentes
Le groupe a notamment rétabli ses objectifs pour le second semestre, mais ils se trouvent dans la fourchette basse des attentes selon UBS. En séquentiel, Stellantis vise sur la seconde partie de l'année une croissance du chiffre d'affaires, une marge opérationnelle courante à un chiffre dans le bas de la fourchette et une amélioration du free cash-flow industriel. Selon RBC, le marché anticipe 78,357 milliards de revenus, 4,3% de marge opérationnelle courante et 1,445 milliard d'euros de free cash-flow industriel.
Stellantis a mis à jour son estimation de l'impact net des tarifs douaniers pour 2025 à environ 1,5 milliards d'euros.
Les analystes d'UBS ont confirmé leur recommandation à Neutre avec un objectif de cours de 9,70 euros. RBC reste à Performance en ligne avec le secteur et vise 9 euros.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points-clés
- Sixième groupe automobile mondial -3 ème américain avec 7,8 % de parts de marché et 2 ème européen avec 16,4 %, né en janvier 2021 de la fusion Groupe Peugeot-Fiat Chrysler ;
- Chiffre d’affaires de 156,9 Mds€ réalisé sous 14 marques - Alfa Romeo, Chrysler Citroën, DS, Jeep, Opel, Peugeot…-, essentiellement dans les Amérique (50 %) et en Europe (38 %) ;
- Ambition : adaptation du groupe aux nouveaux usages des automobilistes et à l’électrification des véhicules (positions mondiales dans les véhicules électriques) via la transformation digitale et la culture interne de la performance (compétitivité industrielle élevée) ;
- Capital détenu minoritairement par 4 actionnaires forts: le holding de la famille Agnelli Exor pour 15,16 %, la famille Peugeot pour 7,56 %, le chinois Dongfeng pour 1,86 % et BPI France pour 6,50 %, John Elkann étant président-directeur général du conseil de 10 administrateurs.
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires repensé pour retrouver la croissance en 2025 :
-simplification de l’organigramme et délégation accrue des pouvoirs décisionnaires aux dirigeants des régions,
- optimisation des réglementations CO2 et dialogue « plus soutenu » avec les régulateurs et gouvernements,
- réduction des stocks des concessionnaires et collaboration accrue avec des derniers,
- dialogue en amont avec les fournisseurs pour anticiper la résolution des problèmes,
- priorisation des lancements stratégiques au nombre de 10 aux Etats-Unis,
- lancement de plateforme multi-énergies (moteurs thermiques, hybrides ou électriques) donnant plus de choix aux clients,
- identification des activités à forte croissance, telles Pro One visant le 1 er rang mondial des véhicules commerciaux ou les activités de financement,
- sécurisation de l’écosystème des batteries avec 5 giga-entreprises,
- innovation fondée sur 4 piliers – l’électrification, la hausse à 400 GWh de la capacité des batteries hydrogènes, l’offre de véhicules intelligents ;
- Stratégie environnementale de neutralité carbone en 2038 :
- objectif intermédiaire 2030 d’un recul des émissions de 50 %, vs 2021,
- nouvelle division d’économie circulaire visant 2 Mds€ de chiffre d’affaires,
- investissements spécialisés -mine de cuivre « durable » Los Azules en Argentine, géothermie pour les sites allemands… ;
- Retombées du partenariat avec Archer dans la production d’hélicoptères électriques eVTOL) et intégration de Share now -5 millions de clients dans le monde ;
- Situation financière dégradée : autofinancement libre négatif de 6 Mds€, liquidités industrielles disponibles revenues à 49,5 Mds€ et 61,3 Mds€ de capitaux propres, face à une dette de 34 Mds€.
Défis
- Détérioration du marché mondial accrue par l’avancée chinoise dans les véhicules électriques et la « fermeture douanière » des Etats-Unis mais capacité à surperformer le marché mondial ;
- Nomination d’un directeur général d’ici la fin du semestre ;
- Interrogations sur la stratégie européenne, le groupe ayant été contraint par ses salariés américains à investir 5 Mds$ aux Etats-Unis pour limiter l’impact des futurs droits de douane sur le Mexique et le Canada (pays d’assemblage de 40 % des véhicules vendus aux Etats-Unis) ;
- Après un repli de 70 % du résultat net 2024, objectif d’une progression des ventes, d’’une marge opérationnelle « à 1 chiffre » et d’un autofinancement industriel positif ;
- Plan stratégique « Dare forward 2030 » :
- doublement des revenus dont un quadruplement dans le haut de gamme, ¼ réalisé hors Europe et Amérique du nord (20 Mds€ en Chine) et 1/3 dans les ventes en ligne,
- stratégie software de 20 Mds de chiffre d’affaires et environ 40 % de marge brute ;
- Dividende 2024 en baisse à 0,68 €.
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