Seul groupe technologique européen d'envergure mondiale, avec le néerlandais ASML, l'allemand SAP a bâti son succès grâce à ses progiciels très complets de gestion intégrés à destination des entreprises. Il a également su prendre, au bon moment, le virage du cloud computing, qui tire aujourd'hui sa croissance, en attendant que l'intelligence artificielle prenne le relais dans les années à venir.
Fondé en1972 par cinq anciens employés d'IBM (Dietmar Hopp, Hans-Werner Hector, Hasso Plattner, Klaus E. Tschira et Claus Wellenreuther) dans le but de développer un logiciel de gestion des données en temps réel à destination des entreprises, SAP (pour Systems, Applications, Products) fait figure, un demi-siècle plus tard, de porte-étendard du secteur technologique européen, avec le néerlandais ASML. Dès1975, les fondateurs avaient développé un logiciel d'entreprise pour la comptabilité, puis la première version de leur logiciel de planification des ressources de l'entreprise (ou ERP, alors baptisé SAP R/2) en temps réel, qui a fait sa réputation, en1979, un an avant le déménagement du siège à Walldorf (Bade-Wurtemberg). Malgré le succès commercial de R/2, notamment auprès des grandes entreprises, SAP dévoilera la version suivante de son système de gestion d'entreprise, R/3, en1992.
Celle-ci fera passer la société allemande de l'ère de l'ordinateur central à l'architecture informatique moderne, fondée sur un protocole client-serveur, des bases de données et des applications. Dès la fin des années1980, SAP occupait une position dominante sur le marché en plein essor de l'ERP, générant 500millions de Deutsche Marks de revenus (environ 250millions d'euros) en1989, contre cinq fois moins en1985. Un statut que R/3 viendra encore renforcer. Au même moment, SAP diversifie ses activités pour se lancer parallèlement dans le conseil, afin d'assister ses clients dans l'implémentation de ses logiciels. Cette période est également marquée par l'introduction en Bourse, à Francfort en1988, puis à Wall Street en1998. Initialement jalonné de brusques soubresauts (le titre se négociait à plus de 60euros en janvier2000, au plus fort de la bulle Internet, avant de revenir autour de 10euros en septembre2022), le parcours fut ensuite plus linéaire, calqué sur la croissance du groupe qui l'était tout autant.
Des taux de croissance robustes
C'est à partir du début des années2010 que la hausse du titre s'accélérera, jusqu'à faire de l'éditeur de logiciels la première capitalisation boursière allemande. Une tendance qui coïncide avec le virage stratégique opéré par SAP, sous la présidence de Jim McDermott, vers le cloud computing, qui consiste à utiliser des serveurs hébergés dans des centres de données pour fournir des services informatiques, de gestion et de stockage de données. L'ère HANA, du nom de la nouvelle génération de logiciels d'entreprise lancée par SAP en2015, devenus depuis le vaisseau amiral du groupe. Ce dernier a également été façonné, entre2008 et2014, par une vaste série d'acquisitions.
Le champion européen des logiciels, qui fournit des solutions à plus de 400.000 sociétés réparties dans 180 pays, affiche encore des taux de croissance robustes (+10%, à 16,3milliards d'euros), porté par le dynamisme du pôle Cloud (+25%, à 8,08milliards), qui bénéficie lui-même de la demande des clients pour des services alimentés par l'intelligence artificielle (IA). Pour profiter de cette tendance technologique de fond, SAP a annoncé un plan de restructuration début janvier, auquel il prévoit d'allouer 2 milliards d'euros. Ces dépenses incluent les coûts liés aux départs volontaires ou à la reconversion interne de 8.000 salariés (sur les près de 110.000 que compte le groupe), ainsi que 1 milliard à investir au sein de start-up technologiques fondées sur l'IA, par le biais de sa société d'investissement (Sapphire Ventures).
Si le géant des logiciels allemand investit historiquement massivement sur la recherche et développement afin de proposer plus d'innovations, il a également, au fil du temps, étoffé son portefeuille d'offres, avec des acquisitions, en particulier entre 2007 et 2014. Sur cette période, SAP a procédé à pas moins de huit acquisitions d'un montant supérieur à 1 milliard de dollars, et ce, alors qu'il jouissait d'une valorisation nettement inférieure à aujourd'hui (environ 50 milliards de dollars en 2007 et 90 milliards en 2014, contre près de 300 milliards actuellement. Parmi ses acquisitions les plus structurantes, on peut citer celle de SuccessFactors, dont les solutions, éditées en mode Saas (pour Software as a service), ont été intégrées à la suite cloud SAP SuccessFactors HCM (gestion des ressources humaines, paie, planification du personnel, etc.), et celle d'Ariba, leader des logiciels de gestion des dépenses, bouclée en 2012, à 4,3 milliards.
Le carnet de commandes dans le cloud est au plus haut, la demande pour les services dopés à l'IA très soutenue et la rentabilité continue de s'améliorer. Seul nuage à l'horizon : SAP ferait l'objet d'une enquête du département américain de la Justice (DOJ) pour entente dans la fixation des prix. Nous sommes acheteurs avec un objectif de cours de 260 euros.
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