La volatilité s'installe mardi sur les marchés mondiaux alors que les Bourses européennes ont ouvert prudemment et que le dollar a rebondi après l'investiture de Donald Trump comme 47e président des Etats-Unis.
Le président Donald Trump n'a pas immédiatement imposé de droits de douane lundi, comme il l'avait promis, mais il a déclaré qu'il envisageait d'imposer des droits de douane de 25% sur les importations en provenance du Canada et du Mexique le 1er février et il a affirmé vouloir redresser le déficit commercial des Etats-Unis avec l'Union européenne.
Voici quelques commentaires d'investisseurs et d'analystes :
AMELIE DERAMBURE, GERANTE MULTI-ACTIFS, AMUNDI :
"Les marchés vont clairement essayer d'anticiper et de disséquer les secteurs et les domaines qui seront ciblés par les droits de douane, nourrissant la volatilité sur les marchés."
"Les actifs européens, en particulier les actions, seront volatils car les nouvelles concernant les tarifs douaniers seront particulièrement importantes pour l'Europe."
MARK HAEFELE, DIRECTEUR DES INVESTISSEMENTS, UBS GLOBAL WEALTH MANAGEMENT :
"Notre scénario de base pour l'économie américaine est celui d'une 'croissance malgré les droits de douane'. Nous surveillerons de près les risques, mais nous ne pensons pas que les mesures tarifaires décrites dans notre scénario de base soient suffisantes pour faire dérailler la croissance américaine. Nous ne pensons pas non plus que ces droits de douane empêcheraient l'inflation de continuer à baisser par rapport aux niveaux actuels, ce qui permettrait à la Fed de réduire ses taux de 50 points de base dans le courant de l'année."
JIM REID, RESPONSABLE MONDIAL DE LA STRATÉGIE MACROÉCONOMIQUE, DEUTSCHE BANK, LONDRES :
"L'absence de mesures immédiates sur les tarifs douaniers a soutenu l'humeur du marché hier, mais cette tendance s'est partiellement inversée au cours de la nuit, car en fin de journée, Trump a renouvelé une menace immédiate de tarifs douaniers de 25% sur le Canada et le Mexique, qui pourraient être annoncés dès le 1er février."
KYLE RODDA, ANALYSTE CHEZ CAPITAL.COM, MELBOURNE
"Les marchés vont devoir s'habituer au nouveau monde de Trump dans lequel nous vivons. Je pense que l'évolution des devises raconte une histoire plus claire sur les risques de guerre commerciale, et les signaux sont assez évidents : les droits de douane signifient un dollar américain plus fort en raison de la hausse des prix à l'importation et d'une croissance mondiale plus faible, pas de droits de douane signifie un commerce mondial plus fort et une toile de fond de croissance mondiale plus robuste."
CHARLES WANG, PRÉSIDENT DE SHENZHEN DRAGON PACIFIC CAPITAL MANAGEMENT CO, SHENZHEN :
"Il ne faut pas s'attendre à ce que l'investiture de Trump déclenche un grand rallye, car il n'est pas réaliste que les liens sino-américains s'inversent soudainement (...) et il ne faut pas trop lire dans les paroles de Trump, qui est très inconstant."
"Je pense que Trump est désormais plus pragmatique à l'égard de la Chine."
KIYONG SEONG, STRATEGISTE, SOCIETE GENERALE, HONG KONG :
"Si aucun droit de douane n'a été imposé immédiatement à la Chine, ce qui a soulagé le marché, le président Trump a lancé des droits de douane sur le Canada et le Mexique. Il est peu probable qu'il modifie son plan concernant les droits de douane sur la Chine."
"Un retard potentiel dans l'imposition de tarifs douaniers à la Chine pourrait également conduire les autorités chinoises à s'abstenir de mettre en œuvre un stimulus définitif. Dans un tel scénario, le scepticisme renouvelé des marchés à l'égard de la reprise de la croissance chinoise pourrait éclipser le discours sur les droits de douane, car un stimulus inadéquat pour soutenir la consommation intérieure soulignerait la disparité de croissance entre la Chine et les États-Unis."
SHOKI OMORI, STRATEGISTE, MIZUHO SECURITIES, TOKYO :
"Vingt-cinq pour cent semble élevé pour commencer, et les marchés ont réagi rapidement, en particulier sur le marché des changes. Je pense que les participants au marché pensaient que Trump commencerait par la Chine, avec des droits de douane de 10% à 20% sur les marchandises, puis une augmentation progressive."
"La dépréciation de l'USDCNH (dollar/yuan chinois) est temporaire, je doute qu'elle se poursuive. L'USDCNH devrait baisser avec l'administration Trump qui propose des tarifs douaniers."
CHARU CHANANA, STRATEGISTE, SAXO, SINGAPOUR
"Les premières heures de l'administration Trump ont souligné que l'environnement politique sera à nouveau dynamique et que les marchés devraient se préparer à la volatilité. Il est clair que les marchés se sont réjouis trop tôt avec les menaces de tarifs douaniers absentes dès le début du discours d'investiture de Trump."
"Toutefois, le répit a été de courte durée et la dernière annonce sur les tarifs douaniers du Canada et du Mexique, qui entreront probablement en vigueur le 1er février, a réaffirmé que la menace tarifaire n'a été que retardée et non évitée. Néanmoins, l'absence de toute menace sur la Chine a entretenu l'espoir d'une négociation dans ce pays, en particulier après l'appel téléphonique entre Trump et Xi la semaine dernière."
ANDREW SWAN, GERANT, MAN GLG. SYDNEY
"Je dirais qu'une surprise positive que nous pourrions voir cette année est en fait une sorte de résolution entre les États-Unis et la Chine d'un point de vue économique, et non d'un point de vue stratégique. Il faudrait au moins parvenir à un accord économique, de sorte que le risque soit de voir les droits de douane baisser. Ce serait extrêmement positif pour l'Asie."
VIS NAYAR, DIRECTEUR DES INVESTISSEMENTS, EASTSPRING INVESTMENTS, SINGAPOUR :
"Les droits de douane sont nécessairement un obstacle. Je dirais simplement que nous ne savons pas, ce que nous avons eu, c'est une pression sur la monnaie et sur les marchés avant la journée d'hier. Il (Trump) n'a donc rien annoncé (sur la Chine), ce qui est naturellement un peu mieux que ce à quoi nous aurions pu nous attendre. Je pense qu'il faut s'attendre à de la volatilité."
"Mais on peut espérer qu'il y ait un certain pragmatisme. Nous devons supposer qu'il ne fera rien qui ne fasse qu'augmenter l'inflation américaine sans y prêter attention."
CHRISTOPHER DEMBIK, CONSEILLER EN STRATEGIE D'INVESTISSEMENT, PICTET AM, PARIS
"À court terme, la Bourse de Paris devrait profiter de l’engouement lié au retour de Donald Trump à la Maison blanche. Les investisseurs ont gardé en mémoire que sa première présidence fut marquée par une forte volatilité des actifs financiers, mais surtout par une hausse de 68% du S&P 500."
"En revanche, la présidence Trump devrait confirmer le découplage entre l’Europe et les États-Unis. La mise à jour des prévisions de croissance du FMI pour 2025 consacre la mort de l'idée d'une reconvergence des dynamiques de croissance entre les États-Unis et l’Europe cette année, une idée qui prévalait il y a un an."
ALEXANDRE BARADEZ, RESPONSABLE DE L'ANALYSE MARCHES, IG FRANCE, PARIS
"Le ton est donné. Même s’il a relativement épargné l’Europe ces dernières heures, il a tout de même bien fait comprendre que les européens allaient devoir acheter beaucoup plus de pétrole et de gaz américains pour combler le déficit commercial. "
"Ces annonces ont provoqué quelques turbulences sur les Futures sur indices américains cette nuit mais pas vraiment de volatilité sur les marchés européens ce matin. Mais nous n’en sommes qu’aux toutes premières heures du second mandat de Donald Trump et il serait surprenant que les indices actions européens soient insensibles aux premières semaines du mandat où les exigences américaines vis-à-vis de l’Europe vont se préciser."
(Reportage Ankur Banerjee, Kevin Buckland, Rae Wee, Yiming Shen, Winni Zhu, Saeed Azhar, Aida Pelaez-Fernandez, Dhara Ranasinghe, Naomi Rovnick et Gertrude Chavez-Dreyfuss, compilé par Karin Strohecker et Gertrude Chavez-Dreyfuss ; version française Bertrand De Meyer, édité par Kate Entringer)
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