( AFP / SAMEER AL-DOUMY )
Le rachat de la branche nucléaire de General Electric (GE) par EDF, qui tarde à se concrétiser, ne bute plus sur des questions financières, mais sur des considérations géopolitiques, a déclaré mercredi un cadre de l'énergéticien français lors d'une conférence de presse à Dijon.
"Ce n'est plus une question de négociation financière entre GE et EDF, mais plutôt géopolitiques entre les États-Unis, la France et la Russie", a déclaré Robert Poggi, directeur à l'Action régionale du groupe EDF en Bourgogne-Franche-Comté, interrogé sur le dossier dans le cadre d'une conférence de presse sur les enjeux et perspectives du groupe EDF en Bourgogne-Franche-Comté en 2024.
Les turbines Arabelle, fabriquées par GE, sont un équipement essentiel des centrales nucléaires. Mais la présence parmi les clients de GE du groupe russe Rosatom semble être un obstacle à la finalisation de la transaction, du fait de l'invasion russe en Ukraine et des sanctions qui en ont découlé pour Moscou.
"C'est une question d'État à État", a repris Robert Poggi. "On reste confiant. On ne maîtrise pas le calendrier", a ajouté le dirigeant, évoquant également les élections américaines, dont le résultat et la campagne peuvent avoir des conséquences sur le rachat. "On n'abandonne pas", a-t-il dit.
Les salariés de GE à Belfort font part de leurs inquiétudes depuis plusieurs mois face à cette situation qui s'enlise.
Plusieurs élus LR locaux ont également regretté dans un communiqué commun publié la semaine passée que le dossier "ne semble pas avancer".
"Aucun élément n'est communiqué, ce qui génère un climat de tension et de méfiance sur le site de Belfort", avaient ainsi constaté le maire de Belfort Damien Meslot, le député Ian Boucard, le sénateur Cédric Perrin et le président du conseil départemental Florian Bouquet.
Selon des sources syndicales, le rachat prévu concerne environ 3.400 salariés dans le monde, dont quelque 2.500 en France, parmi lesquels plus de 1.300 se trouvent à Belfort.
EDF et GE avaient annoncé en février 2022 "un accord d'exclusivité" pour discuter du rachat par l'énergéticien français de GE Steam Power, branche nucléaire du conglomérat américain. Le président Emmanuel Macron annonçait alors, depuis Belfort, la relance d'un vaste programme nucléaire français.
En 2015, la branche énergie d'Alstom avait été acquise par GE, au terme d'une longue polémique politico-économique engagée au printemps 2014. Emmanuel Macron était ministre de l'Economie lors de la finalisation de l'opération.
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