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PORTRAIT--Johnny Hallyday, rockeur au long cours à la française
information fournie par Reuters 06/12/2017 à 04:57

    * Johnny Hallyday est mort dans la nuit de mardi à mercredi 
    * Icône nationale en France, méconnu en dehors 
    * Plus de 50 ans de carrière, de tubes et de concerts 
    * De "l'idole des jeunes" aux "vieilles canailles" 
 
    PARIS, 6 décembre (Reuters) - "Idole des jeunes" et des 
moins jeunes d'une certaine France, Johnny Hallyday, qui a 
succombé à un cancer du poumon dans la nuit de mardi à mercredi 
à l'âge de 74 ans, a bâti pendant plus d'un demi-siècle sa 
carrière de chanteur et d'inusable homme de scène sur la passion 
du rock américain et de son aura première de rébellion. 
    Celui qu'on appelait "Johnny" tout court était à peu près 
ignoré du monde anglo-saxon dont la culture populaire l'avait 
inspiré, mais le showman comptait dans son pays des fans de tous 
milieux et professions, qui affluaient dans des salles et des 
stades pleins à craquer où il se "donnait" à fond. 
    Sa voix musclée qui s'adoucit pour une ballade, son physique 
d'athlète et son regard bleu-gris étaient des atouts pour le 
cinéma, où cet admirateur de James Dean a joué sous la direction 
de Jean-Luc Godard ou de Costa-Gavras. Ils ont surtout favorisé 
le succès du rockeur, de l'époque "yéyé" à celle d'internet. 
    Marathonien des tournées qui font le lien avec les publics, 
Hallyday a vendu plus de 110 millions de disques, enregistré 
plus de 40 albums et un millier de chansons dont un quart 
d'adaptations, surtout de titres américains ou britanniques. 
    Après avoir pris pour modèles Elvis Presley, Eddie Cochran 
et d'autres "pionniers" du rock, Johnny Hallyday s'est adapté à 
une série de tendances, passant de la soul et du blues à la pop. 
     
    PARCOURS MÉDIATIQUE 
    Parmi ses titres les plus connus figurent "L'idole des 
jeunes", "Retiens la nuit", "Le Pénitencier", ou "Que je t'aime" 
pour les années 1960 ; "Le bon temps du rock'n'roll", "J'ai 
oublié de vivre", "Gabrielle", "Toute la musique que j'aime", 
"Ma gueule", "Fils de personne" pour les années 1970. 
    On citera pour la suite "Quelque chose de Tennessee", 
"Rock'n'roll attitude", "Sang pour sang", "Allumer le feu". 
    Sa vie privée a été aussi "médiatisée" que sa carrière, à 
commencer par ses mariages avec la chanteuse Sylvie Vartan (sa 
partenaire de duo jusqu'en 2009), le mannequin Elisabeth 
Etienne, l'actrice Nathalie Baye, Adeline Blondieau - qu'il 
épousera deux fois - et le mannequin Laëticia Boudou. 
    "Johnny et Sylvie" ont eu un fils, David Hallyday, né en 
1966 et devenu chanteur comme ses parents, qui devaient divorcer 
en 1980. Nathalie Baye a donné au chanteur une fille, Laura 
Smet, en novembre 1983. Avec Laëticia Boudou, qu'il a épousée en 
1996, Hallyday a adopté deux filles originaires du Vietnam: Jade 
Odette Désirée, née en 2004, et Joy, née en 2008. 
    Sa passion du sport automobile et de la moto, ses rixes 
occasionnelles ont défrayé la chronique dans la première partie 
de sa carrière. Dans les années 2000, il est accusé du viol 
d'une employée sur son yacht mais obtient un non-lieu. 
    En 1975, le fisc lui réclame des arriérés dont il 
s'acquittera durant des années. Plus tard, on le soupçonnera de 
vouloir contourner ce même fisc en briguant la nationalité 
belge, qu'il n'obtiendra pas. 
    Il sera critiqué en 2006 pour avoir choisi de devenir 
résident en Suisse. Sur Europe 1, il dira en avoir "marre de 
payer ce qu'on nous impose comme impôts" en France bien qu'il 
reste citoyen français. 
    Après avoir soutenu Jacques Chirac, il donnera son appui à 
Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2007. A ce propos, il 
dira s'être "engagé pour un homme, pas pour un parti". 
    En retour, plus d'un politique témoignait sa sympathie au 
chanteur. Pour l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, il 
était "le symbole de l'énergie, une forme de puissance vitale". 
     
    LA VOIX D'ELVIS AU CINÉMA 
    Johnny Hallyday naît Jean-Philippe Smet le 15 juin 1943 à 
Paris, d'une mère française et d'un père belge qui se séparent 
très vite. Elevé par sa tante Hélène Mar, soeur de son père Léon 
Smet, il empruntera son nom d'artiste à Lee Halliday, compagnon 
américain d'une cousine et membre d'un duo de music-hall grâce 
auquel il montera sur scène à onze ans. 
    Il figure en 1955 dans "Les Diaboliques", film 
d'Henri-Georges Clouzot, habite à Paris le quartier de la 
Trinité, suit des cours de chant et d'art dramatique, puis 
découvre à 14 ans la voix d'Elvis Presley dans le film "Loving 
you". C'est une révélation. 
    Il fréquente le Golf Drouot, rendez-vous parisien des 
rockeurs en herbe où il chante et adapte le répertoire 
américain, puis se produit au dancing du Moulin Rouge. On 
l'entend à la radio en décembre 1959 avant de le voir à la 
télévision avec Line Renaud, qui le présente comme un jeune 
chanteur d'origine américaine... 
    Les disques Vogue l'engagent sous le nom de Johnny Hallyday 
et publient en mars 1960 "T'aimer follement", chanson de Dalida, 
puis en juin "Souvenirs, souvenirs", qui lui vaut un succès 
immédiat. Ses passages en public déclenchent de mini-émeutes, 
certains parlent d'hystérie quand il se roule sur scène : Johnny 
sera une idole. "Viens danser le twist" ("Let's twist again") 
lui rapporte un disque d'or dès 1961.  
    L'émission "Salut les copains" (SLC) de Daniel Filipacchi 
sur Europe 1, puis la revue du même nom, achèvent de l'imposer 
comme chef de file des "yé-yé". Il est la vedette d'un concert 
gratuit qui attire 150.000 jeunes place de la Nation à Paris le 
22 juin 1963, affluence que nul n'attendait. 
     
    UNE BÊTE DE SCÈNE 
    Son service militaire en Allemagne (1964-65) marque un 
tournant après lequel il s'expose à de nouvelles influences, des 
Beatles au folk-rock et à la soul. Avec le temps, Hallyday 
ajustera son répertoire et ses spectacles à l'évolution du 
public, avec des mises en scène parfois démesurées, mais sans 
rompre avec l'Amérique : en 1966, il emmène en tournée un 
inconnu nommé Jimi Hendrix et, en 1996, des milliers de fans 
français iront l'entendre à Las Vegas. 
    Il se produit avec une armée de musiciens sur le 
porte-avions Foch (1979), chante quatre mois au Zénith de Paris 
(1984) avant de "se donner à Bercy" (1987). Il fête ses 50 ans 
en fendant la foule du Parc des princes pour atteindre la scène 
(1993). Durant ce qui était censé être sa "dernière" tournée, il 
remplit le Stade de France en mai 2009 et attire pour le 
14-Juillet près de 800.000 personnes aux abords de la Tour 
Eiffel. 
    En décembre 2007, il annonce l'intention de se retirer en 
2009 à l'issue une tournée d'adieux. Mais les événements 
prendront une autre tournure. 
    Opéré d'une hernie discale en novembre 2009 à Paris dans des 
conditions controversées, il est victime de complications en 
décembre à Los Angeles où on le plonge dans un coma artificiel 
pour le soigner. La durée de sa convalescence fait annuler la 
dernière partie de son "Tour 66". Ayant frôlé la mort, il 
poursuivra le chirurgien français qui l'avait opéré. 
    Un différend l'amène ensuite à rompre avec son producteur de 
longue date, Jean-Claude Camus. Mais après le lancement de son 
album "Jamais seul", on le revoit en 2011 à Paris sur une autre 
scène - celle du Théâtre Edouard VII où il joue le rôle de 
Chicken dans "Le Paradis sur Terre" de Tennessee Williams. 
    L'une de ses dernières apparitions sur scène remonte à l'été 
dernier avec les "vieilles canailles", ses compagnons de 
jeunesse Eddy Mitchell et Jacques Dutronc.     
    Johnny Hallyday était chevalier de la Légion d'honneur 
depuis 1997. Mais son image reste liée à une Amérique dont il 
avait traversé les étendues à moto, réalisant un rêve de 
jeunesse. 
 
 (Philippe Bas-Rabérin, édité par Yves Clarisse) 
 

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