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Personnes âgées "rationnées" ou laissées sans soin... Les maisons de retraite Orpea accusées de graves dysfonctionnements
information fournie par Boursorama avec Media Services 25/01/2022 à 14:12

Si la direction du groupe a formellement démenti ces accusations, le cours du titre a chuté brutalement à la Bourse de Paris lundi, avant que sa cotation ne soit suspendue.

( AFP / FRED DUFOUR )

( AFP / FRED DUFOUR )

Repas des personnes âgées "rationnés", résidents laissés sans soin pendant des jours... Selon le livre "Les Fossoyeurs", à paraître mercredi 26 janvier chez Fayard et dont Le Monde a publié lundi les "bonnes feuilles", l'obsession de la réduction des coûts au sein des maisons de retraite Orpea se traduit par de graves "dysfonctionnements" dans la prise en charge des personnes âgées.

Dans cet ouvrage, le journaliste indépendant Victor Castanet décrit un système où les soins d'hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont "rationnés" pour améliorer la rentabilité du groupe d'Ehpad privés. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort - près de 6.500 euros par mois pour une chambre d'"entrée de gamme" à la résidence "Les Bords de Seine" de Neuilly, pointe ainsi l'auteur.

Or les maisons de retraite, même privées, bénéficient d'importants financements publics, de la part de l'État et des conseils départementaux, souligne le journaliste, pour qui "au moins de manière indirecte, une partie de cet argent public ne va pas au bénéfice des personnes âgées".

Une politique de réductions des coûts mise en cause

"Quelques semaines après le début de mon enquête, j’ai pu avoir accès à un document interne signalant les réclamations de plusieurs familles pour les années 2016 et 2017. Et les repas rationnés ainsi que la présence d'employés constamment stressés étaient détaillés", explique encore l'auteur. "Au moins six autres familles se plaignent de soins d’hygiène non satisfaisants. Émergent également des difficultés dans l’administration des médicaments, la gestion du linge ou encore la qualité de la nourriture", révèle les bonnes feuilles de l'ouvrage.

"J'ai obtenu des témoignages selon lesquels ces dysfonctionnements trouvaient leur origine dans une politique de réduction des coûts mise en place à un haut niveau" de l'entreprise, a résumé l'auteur auprès de l' AFP .

Une auxiliaire de vie, dont Victor Castanet a recueilli le témoignage, raconte par exemple à quel point elle devait "se battre pour obtenir des protections" pour les résidents. "Nous étions rationnés : c'était trois couches par jour maximum. Et pas une de plus. Peu importe que le résident soit malade, qu'il ait une gastro, qu'il y ait une épidémie. Personne ne voulait rien savoir", raconte cette femme.

Le livre revient également sur les conditions de la mort de l'écrivaine et comédienne Françoise Dorin début 2018, des suites d'une escarre mal soignée, moins de trois mois après son entrée dans un des établissements du groupe Orpea.

Des accusations formellement démenties par le groupe

Après la publication de ces accusations dans Le Monde , le titre Orpea à la Bourse de Paris a dévissé de plus de 16%, avant que sa cotation ne soit suspendue, à la demande du groupe. Et d'autres gestionnaires privés de maisons de retraite ont également fait les frais de cette polémique : au cours de la séance, le titre Korian a perdu plus de 14% et celui de LNA santé plus de 5%, dans un marché globalement en très forte baisse de près de 4%.

"Nous contestons formellement l'ensemble de ces accusations que nous considérons comme mensongères, outrageantes et préjudiciables", a réagi dans un communiqué la direction d'Orpea, fustigeant des "dérives sensationnalistes" et une "volonté manifeste de nuire". Le groupe indique avoir saisi ses avocats pour donner "toutes les suites, y compris sur le plan judiciaire", à la publication du livre, afin "de rétablir la vérité des faits".

"Nous avons toujours placé la qualité avant le financier", s'est défendu lors d'un point presse le directeur général du groupe, Yves Le Masne. Selon lui, les témoignages à charge recensés dans le livre émanent d'une minorité d'anciens collaborateurs de l'entreprise qui ont nourri une "rancoeur" à son encontre après l'avoir quittée.

Le directeur général pour la France, Jean-Christophe Romersi, a formellement démenti les accusations portant sur de supposés rationnements, notamment des protections hygiéniques des résidents. "Nous n'avons jamais demandé le moindre rationnement. Il n'a jamais été question de sacrifier la moindre prise en charge, ça ne correspond ni à nos directives, ni à nos valeurs", a-t-il insisté.

Des irrégularités dans le recrutement ?

La direction a également dû répondre à d'autres accusations publiées lundi, cette fois par Mediapart : selon le média d'investigation en ligne, le groupe a commis de fréquentes irrégularités dans le recrutement de ses salariés en CDD, en mentionnant sur leur contrat, comme motif d'embauche, le remplacement de collaborateurs en CDI, qui, dans les faits, "n'existeraient pas".

"C'est faux, il n'y a jamais eu de faux contrats de travail", a répondu Yves Le Masne, pour qui l'entreprise n'a aucun intérêt à privilégier les embauches en CDD. Dans un contexte récurrent de pénurie de personnel, ce sont souvent les salariés eux-mêmes qui refusent un CDI pour garder leur liberté, selon lui.

Interrogé mardi sur LCI au sujet de la sortie du livre, le ministre de la Santé Olivier Véran a assuré le prendre "très au sérieux". "J'attends d'avoir des éléments factuels, et s'il y a lieu d’ouvrir une enquête, je l'ouvrirai. Je ne tremblerai pas", a-t-il déclaré.

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10 commentaires

  • 25 janvier 16:03

    Une reflexion de la societe sur l acceptation de la mort est necessaire. Les traitements lourds apres 80 ans sont plus le fait d un deni des familles et des patients ou de la rentabilité du systeme de santé que d un veritable gain sur l esperance de vieEn fait où la societe doit elle t elle mettre le curseur sur cette obsession à l immortalité ?


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