par Susanna Twidale
La Grande-Bretagne prévoit d'investir 14,2 milliards de livres (16,8 milliards d'euros) dans le projet de centrale nucléaire de Sizewell C dans le sud-est de l'Angleterre, a annoncé le gouvernement mardi, dans le cadre d'une révision de ses dépenses visant à définir ses priorités au cours des quatre prochaines années.
La Grande-Bretagne cherche à construire de nouvelles centrales nucléaires pour remplacer son parc vieillissant, afin de renforcer sa sécurité énergétique et d'atteindre ses objectifs en matière de climat.
La centrale Sizewell C, dans le Suffolk, devrait entraîner la création d'environ 10.000 emplois au pic de sa phase construction et produire ensuite suffisamment d'électricité pour alimenter environ 6 millions de foyers.
"Nous avons besoin du nouveau nucléaire pour ouvrir un âge d'or d'abondance d'énergie propre, car c'est le seul moyen de protéger les finances des familles, de reprendre le contrôle de notre énergie et de nous attaquer à la crise climatique", a déclaré dans un communiqué Ed Miliband, le ministre britannique de l'Energie.
La Grande-Bretagne a tenté d'attirer de nouveaux investisseurs dans le projet, mais les annonces de mardi ne mentionnent aucun autre participant au financement.
Le gouvernement n'a pas précisé le coût total de Sizewell C, ni la date à laquelle la centrale constituée de deux réacteurs de type EPR devrait être achevée.
Sizewell C devrait recourir à un modèle dit de "base d'actifs régulés" (BAR), permettant aux entreprises bâtissant de nouvelles centrales d'être rémunérées pendant leur phase de construction, ce qui réduit les risques de développement et leur permet d'obtenir un financement moins coûteux.
Les détracteurs de ce modèle estiment qu'il rend les contribuables responsables des retards et surcoûts pendant la construction, tout en alourdissant les factures d'énergie.
Sizewell C ne serait que la deuxième nouvelle centrale nucléaire mise en chantier en Grande-Bretagne en plus de vingt ans après Hinkley Point C, construite par l'électricien public français EDF, qui a connu de nombreux retards et dépassements de budget et dont la mise en service est actuellement prévue pour 2029, pour un coût estimé entre 31 et 34 milliards de livres en valeur 2015.
Simone Rossi, directeur général d'EDF Energy, s'est félicité de la décision du gouvernement britannique : "C'est aussi un vote de confiance envers Hinkley Point C, qui a permis de relancer l'industrie nucléaire britannique et d'acquérir l'expérience et les compétences dont bénéficiera Sizewell C."
Porté à l'origine par EDF, Sizewell C est désormais détenu majoritairement par le gouvernement britannique, le groupe français n'étant qu'un actionnaire minoritaire.
La participation du gouvernement britannique dans le projet était de 83,8% et celle d'EDF de 16,2% à fin 2024. Cette dernière devrait encore baisser à la suite de l'annonce de mardi.
(Rédigé par Susanna Twidale, avec Forrest Crellin à Paris, version française Benjamin Mallet, édité par Blandine Hénault)
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