
En Bourse, les réactions sont fortes (Crédits: Adobe Stock)
Le 13 juin 2025
L'attaque des sites nucléaires iraniens par les forces israéliennes vient rebattre les cartes sur la scène internationale. Alors que les marchés étaient concentrés sur l'évolution des discussions commerciales entre les Etats-Unis et le Chine, ainsi que sur les menaces proférées par Donald Trump contre les autres pays qui trainent les pieds pour conclure un accord définitif sur les taxes douanières, la réplique de l'Etat hébreu aux menaces de l'Iran occupe ce matin tout l'espace médiatique. Ces frappes ont conduit à une correction générale sur toutes les places boursières mondiales et porté les placements refuges vers de nouveaux sommets historiques. A 3.412 dollars, l'once d'or a presque renoué avec ses records historiques touchés début mai. Le métal jaune affiche une hausse de 30% depuis le 1er janvier, il a exactement doublé en 5 ans. Le franc suisse, autre refuge des détenteurs de capitaux contre les coups durs, pointait ce vendredi matin à 1,234 face au dollar. Un plus haut absolu a été atteint sur la devise helvétique en dépit des efforts de la banque centrale suisse pour contenir cet engouement. A 104.520 dollars, le bitcoin tutoie lui aussi les sommets, mais il n'est pas sûr qu'en cas de véritable « coup de torchon » sur les marchés, il parvienne à confirmer son statut de refuge providentiel. Ce 13 juin, il ressortait même en baisse de 1,5% dans les premiers échanges. Cet épisode constituera un test important de la capacité de résistance des cryptomonnaies qui ont effectué une percée fulgurante sur les marchés financiers mondiaux.
En Bourse, les réactions sont fortes, mais les bombardements israéliens sur les installations nucléaires de leur adversaire absolu n'ont pas conduit à des ventes paniques comme on aurait pu le craindre dans la nuit. Deux heures après l'ouverture des marchés, le CAC 40 reculait de l'ordre de 1% et l'Eurostoxx50 de 1,3%. Les futurs à Wall Street étaient dans le rouge, sans toutefois montrer de signes d'effondrement. Il faut dire que ce n'est pas la première fois que l'Etat hébreu frappe le régime des mollahs. Fin octobre 2024, des attaques similaires avaient eu lieu. Le marché avait alors fortement chuté, mais face à la puissance d'intervention de Tsahal et à sa capacité de défense face aux répliques de l'ennemi, les marchés s'étaient ravisés. Au final, cet épisode avait tout de même fait reculer le CAC 40 de près de 6% en l'espace d'un mois. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur l'impact qu'aura ce nouvel événement sur l'évolution des cours.
Ce qui est certain, c'est que l'ouverture de ce nouveau front intervient à un moment charnière pour les marchés. Jusqu'à présent en effet, en dépit des énormes nuages qui planent sur la Bourse, avec une absence totale de visibilité sur l'issue des discussions en cours sur les tarifs douaniers, les signes de ralentissement de la croissance mondiale et un inquiétant amoncellement de dettes à la fois publiques et privées un peu partout dans le monde, les grands indices ont encore fière allure. L'indice large S&P 500 représentatif des plus grosses capitalisations américaines est proche de ses records absolus atteints fin 2024. Même chose pour le Nasdaq Composite regroupant le fleuron des valeurs technologiques de Wall Street. Les valeurs allemandes du Dax 40, présentées comme les grands perdants des tarifs douaniers de Donald Trump, tutoient elles aussi les sommets. Au Japon - autre grand pays exportateur - le Nikkei 225 patine depuis quelques mois, mais il est lui aussi plutôt bien loti.
Cette situation peut surprendre et paraître totalement paradoxale. Comment peut-on à la fois chercher à protéger son capital par tous les moyens et continuer à miser sur les actions situées en première ligne pour subir les conséquences du ralentissement du commerce mondial ? En réalité, le paradoxe est moins violent qu'il n'y paraît. Dans un monde de plus en plus incertain, la volonté de se tourner vers des placements refuges est bien compréhensible, mais elle s'adresse à des marchés extrêmement étroits. Celui de l'or physique qui repose sur des capacités d'extraction très limitées, ou celui de la devise d'un aussi petit pays que la Suisse, n'ont en effet pas besoin de gros afflux d'argent pour réagir à la hausse en cas d'augmentation de la demande. Pareil pour le bitcoin qui a fait de la rareté son principal argument marketing.
Dans le même temps, dans un monde gavé de liquidités après plusieurs années de taux d'intérêt longtemps restés à un niveau proche de zéro, les actions continuent d'attirer des capitaux considérables. Le risque de baisse des cours est omniprésent, mais les investisseurs préfèrent voir le verre à moitié plein. La hausse des droits de douane décrétée par Donald Trump va bien évidemment conduire à un ralentissement du commerce mondial, ce qui constitue une très mauvaise nouvelle. De l'autre côté, une croissance moins forte permet d'espérer moins d'inflation et une détente progressive des taux d'intérêt. La visibilité sur les perspectives de progression des profits des entreprises est moins bonne qu'auparavant, mais nos entreprises montrent, trimestre après trimestre, qu'elles savent faire preuve d'une formidable capacité d'adaptation en préservant leurs marges bénéficiaires. Ajoutez à ceci, l'énorme réserve de croissance que représente l'IA, avec des implications positives dans à peu près tous les secteurs d'activité, et vous trouvez toutes les bonnes raisons de continuer à croire à votre belle étoile en Bourse.
Quelle stratégie adopter sur nos portefeuilles PEA ? Nous sommes un excellent exemple du comportement schizophrénique d'investisseurs qui passent leur temps à trembler face au comportement imprévisible de Donald Trump et à la montée des risques, mais qui étaient jusqu'à ce jour largement investis sur tous leurs portefeuilles. Dans le doute, nous avons malgré tout procédé à d'importants allégements de positions, y compris sur nos achats les plus récents. La semaine dernière, nous écrivions déjà « que la visibilité a peu de chance de s'améliorer en Bourse pendant l'été ». Avec le regain de tensions auquel nous assistons au Moyen-Orient, les choses ne sont pas près de s'améliorer.
Dans ce contexte, nous avons décidé de sécuriser nos portefeuilles qui surperforment très largement le CAC 40 depuis un an. L'Offensif orienté vers des valeurs plus sensibles à l'évolution des marchés souffre plus que les autres, mais il parvient malgré tout à faire, lui aussi, mieux que l'indice de référence de la Bourse de Paris (cf nos graphiques ci-joints). La part des liquidités a été portée entre un tiers et 50% de l'actif sur nos différentes sélections de valeurs.
Bonne lecture et bon week-end à tous,
Roland Laskine
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